Réalisateur : Egor Abramenko
Scénario : Oleg Malovichko & Andrei Zolotarev
Directeur Photo : Maxim Zhukov
Montage : Aleksandr Puzyryov & Egor Tarasenko
Bande Originale : Oleg Karpachev
Chef Décoratrice : Mariya Slavina
Production : Mikhail Vrubel, Alexander Andryushenko, Fedor Bondarchuk, Ilya Stewart, Murad Osmann, Pavel Burya & Vyacheslav Murugov
Pays : Russie
Durée : 1h53
Sélection Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2021

Acteurs Principaux : Oksana Akinshina, Fedor Bondarchuk, Pyotr Fyodorov, Anton Vasiliev, Pavel Ustinov
Genre : Fantastique historique
Note : 7/10
Sortie en VOD et DVD le 24 février 2021
Sputnik fait partie des bonnes surprises du festival de Gérardmer 2021. On irait d’ordinaire plutôt chercher du côté des espagnols ce genre de films mixant aussi bien le fantastique avec une période noire de l’Histoire d’un pays. Egor Abramenko a pourtant réussi à trouver un bon équilibre pour mettre en relief le dernier pic de la Guerre Froide du point de vue de sa Russie natale tout en racontant une histoire qui pourrait se suivre pour elle-même. En 1984, deux cosmonautes reviennent de l’espace dans un sale état : L’un est mort, l’autre paraît avoir perdu la raison. Véritable héros national, Konstantin Veshniakov a été au contact d’un extra-terrestre qui a investi son corps et qu’une organisation secrète militaire entend bien transformer en arme pour conserver l’équilibre des forces. Mais le colonel Semiradov a commis l’erreur de recruter le docteur Tatiana Klimova pour extirper l’organisme étranger du corps de Konstantin. Opiniâtre et tenace, la camarade est connue pour ses méthodes musclées qui donnent des résultats. Elle ne tarde pas à comprendre que le cosmonaute dissimule un lourd passé et que le colonel et le brillant scientifique ne lui ont pas tout dit de leurs activités.
Ce Sputnik a des allures de thriller historique assaisonné d’une touche de X Files et de film d’alien des années 80. Il est résolument froid, scientifique, à l’image du régime qu’il décrit. Mais cette froideur n’est pas un obstacle au plaisir procuré par la découverte progressive, en même temps que les scientifiques, du lien créé entre le cosmonaute et ce parasite/symbiote. La reproduction réaliste de l’URSS du milieu des années 80 permet de se laisser glisser dans ce laboratoire humain aux ambitions diverses, comme on s’introduisait dans les sphères politiques secrètes de la célèbre série de Chris Carter. Avec cet élément étrange qui remet tout à plat et qui pourrait révolutionner l’équilibre des forces. Pour de nombreux films américains des 80’s, l’extra-terrestre est aussi la rencontre qui change tout, un fantasme collectif qui a traversé deux décennies sous des multitudes de formes. Sputnik n’adopte pas frontalement les codes américains, mais par des moyens détournés. La symbiose entre le cosmonaute perdu et la créature immonde, plus héritière d’Alien que d’E.T, n’est pas annonciatrice d’une relation fusionnelle (ç’aurait été trop d’émotion pour le russe), mais elle est décisive dans la résolution conjointe du conflit de Konstantin et de celui plus larvé de Tatiana Klimova . Une résolution bien plus slave (ou européenne) qu’américaine, mais qui porte pourtant ce charme des films de cette fin de guerre froide, cette touche qui gage que la rencontre avec cet élément extérieur a véritablement changé la protagoniste, à défaut de changer l’équilibre des forces. Plutôt convaincant.
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