Drive my Car – ドライブ・マイ・カー

Réalisation : Ryusuke Hamaguchi

Scénario : Ryusuke Hamaguchi & Takamasa Oe d’après la nouvelle de Haruki Murakami parue dans le recueil « Des hommes sans femmes »

Directeur de la photographie : Hidetoshi Shinomiya

Montage : Azusa Yamazaki

Chef Décorateur : Mami Kagamoto

Directeur Artistique : Kensaki Jo

Cadreur : Taiki Takai

Production : Hyeonsun Seo, Akihisa Yamamoto, Tamon Kondo, Eunkyoung Lee, Kazuo Nakanishi, Yuji Sadai

Pays : Japon

Durée : 2h59

Sortie en salles le 18 août 2021

Acteurs Principaux : Hidetoshi Nishijima, Toko Miura, Masaki Okada, Reika Kirishima, Yoo-Rim Park, Dae-Young Jin, Sonia Yuan, Satoko Abe

Genre : Drame

Note : 7,5/10

Yusuke est un metteur en scène et acteur de théâtre qui a subi une perte douloureuse. Deux ans plus tard, il doit se rendre à Hiroshima pour travailler à la mise en scène de la pièce Oncle Vania d’Anton Tchekhov, dont il était autrefois l’interprète. Il est obligé d’être conduit dans ses déplacements par une jeune fille taciturne. A mesure de la progression de la pièce, les deux personnages apprendront à se connaître, dialoguer et s’aider mutuellement à panser leurs blessures. Drive My Car n’est pas la promesse de cinéma la plus sexy du moment. Si l’on est prêt(e) à se laisser tenter par trois heures de film sur la base de ce pitch, il faudra accepter une longue introduction qui pose de nombreuses bases et qui peut paraître faussement banale. Ryusuke Hamaguchi a refusé de nous mettre aussitôt dans le bain et d’utiliser la facilité du flashback pour évoquer le passé, préférant un récit complètement linéaire. Un choix qui sollicite un investissement supplémentaire de la part du spectateur, qui se trouve au final bien récompensé. Le fait de vivre en direct la vie commune de Yusuke et de sa femme Oto permet de voir les survivances de cette relation dans le quotidien de Yusuke à Hiroshima et de ressentir son bagage émotionnel sans que l’acteur Hidetoshi Nishijima n’ait à l’exprimer. Car le noeud de Drive my Car est bien le dialogue, et particulièrement de fournir les conditions pour que celui-ci se débloque. Le point de départ est donc pour nos deux héros, à l’image des scènes de répétition de la pièce de Tchekhov, un quotidien récité avec un visage fermé et peu d’émotions exprimées.

Le réalisateur-scénariste (lauréat de la palme du meilleur scénario au Festival de Cannes) a réussi une petite prouesse en nous embarquant entièrement dans cette phase de mise en condition, dans laquelle la vieille voiture du héros jouera un grand rôle. A l’instar de la jeune Misaki, Drive my Car passe les vitesses de façon indolore, si bien qu’on a toujours l’impression d’être en première alors que la cinquième est en passe d’être enclenchée. La plupart des éléments qui feront sortir les émotions sont alors présents et chacun des personnages peut se livrer, dans un monologue touchant qui débloquera progressivement un autre personnage. Dans cette ligne de croisière, il y’a peu de ruptures de ton, si ce n’est celles provoquées par l’impulsivité de Takatsuki, finement intégrées au reste jusqu’à la dernière partie. Drive my Car est parfois verbeux, car son sujet même est d’exprimer le tourment intérieur, ce qui entre dans le non-dit et qui empêche le deuil de s’accomplir : la culpabilité, les regrets, les scénarios du passé qu’on se rejoue dans notre tête. Mais ce côté est contrebalancé par une réalisation délicate et ample, aux cadrages étudiés et qui porte très haut les différents climax. Ses personnages ont tous un rôle à jouer, et ils sont à ce point attachants qu’on prend plaisir à les retrouver sur chacune de leurs scènes, jusqu’à la puissante représentation finale. Il se crée même une accoutumance qui renverse la vapeur sur la deuxième partie du film. On espérerait que celui ci dure plus que ses 3 heures. Le réalisateur des Asako et de Wheel of Fortune and Fantasy a livré un film exigeant, délicat et empreint d’une dignité très japonaise qui grandira probablement sur les prochains visionnages.

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