Réalisation : Kinuyo Tanaka
Scénario : Sumie Tanaka, d’après le roman Michi aredo de Masako Yana
Directeur de la Photographie : Asakazu Nakai
Montage : Kinuyo Tanaka, Akira Nishio(son)
Musique : Hikaru Hayashi
Cheffe Décoratrice : Motoji Kojima
Production : Ichirō Nagashima, Hideyuki ShiinoWakatsuki
Société de Production : Tōhō
Pays : Japon
Durée : 1h33
Sortie en salles au Japon le 5 septembre 1961. Sortie Française le 16 février 2022

Actrices Principales : Hisako Kara, Akemi Kita, Chieko Seki, Masumi Harukawa
Genre : Mélodrame social
Note : 7/10
Cinq semaines après son lancement, la rétrospective Kinuyo Tanaka se poursuit car les salles ayant misé sur la réalisatrice ne désemplissent pas. Après avoir été immergé dans la bienveillance de la campagne japonaise des années 1950 avec la Lune s’est levée , mettons un coup de projecteur sur le très urbain La nuit des Femmes. Le cinquième et avant-dernier film de Kinuyo Tanaka nous plonge au début des années 1960, après les lois anti-prostitutions qui ont entrainé la fermeture des maisons closes au Japon. C’est un milieu que connaissait bien Tanaka, puisque dans ses années d’actrices, elle fut l’héroïne du très noir Femme de la Nuit de Kenji Mizogushi, qui mettait en évidence les dures conditions de vie des prostituées japonaises. La nuit des Femmes poursuit le travail en montrant le difficile parcours de réintégration de ces femmes dans la société japonaise.
Il nous place aux côtés des pensionnaires de l’Institut, dans leur quotidien. Ce contexte est très important, ne serait-ce que pour faire un état des lieux des dommages que ces femmes ont subi, de leur fragilité. Sans aucun flashback sur les années de prostitution, ces portraits transportent un vécu suffisant qui permet de dévier sur le parcours d’une d’entre elles, Kuniko, que Tanaka ponctue de retours vers l’Institut, jusqu’à ne plus se concentrer que sur son arc. Ce resserrement de point de vue traduit l’isolement progressif de Kuniko, à mesure qu’elle se confronte à l’hostilité violente des femmes ou l’attitude des hommes qui la renvoie à sa condition. Mais la bienveillance demeure au travers de la directrice de l’Institut, d’un jardinier qui représente une porte de sortie de son passé. Cette note d’espoir notable se retrouve dans le travestissement de la fin du roman duquel le film est inspiré, qui offre un horizon à l’héroïne tout en ne sacrifiant pas la réalité des rapports de classe et des préjugés. La nuit des Femmes parvient à prendre suffisamment de recul pour trouver un ton juste, jamais racoleur ou dans le jugement, ce qui était loin d’être gagné avec un sujet pareil.
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