Réalisation : Rob Jabbaz
Réalisation : Rob Jabbaz
Directeur de la Photographie : Jie-Li Bai
Montage : Rob Jabbaz
Musique : Tchezhar
Assistant Réalisateur : Schiele Lee
Effets Visuels : Logan Sprengers
Production : David Barker, Eunice Chang, Li-Cheng Yeung
Pays : Taïwan
Durée : 1h39
Sélection Etrange Festival 2021. Compétition Festival de Gérardmer 2022. Sortie en salles le 6 juillet 2022

Genre : Horreur, film d’infectés
Note : 7/10
Alors que pandémie, variants et quarantaines font désormais partie de nos vies, le film d’infectés devait bien surenchérir pour rester dans la course. Présent dans la sélection « nouveaux talents » de l’Etrange Festival et maintenant en compétition du festival du Film Fantastique de Gérardmer, le film du canadien Rob Jabbaz a certes beaucoup de talent pour pousser la barre du mauvais goût et des exactions le plus haut possible, un peu comme un autre canadien, David Cronenberg, avait su le faire avec son Frissons à la toute fin des 70’s. Il convoque aussi l’esprit de surenchère gore organique qui avait cours dans le cinéma d’horreur des années 80 et 90, avant que Peter Jackson calme tout le monde avec son Brain Dead, puis que le sang devienne une image de synthèse comme une autre. Le virus Alvin a fait son nid dans la population et le gouvernement semble pourtant ne penser qu’à la prochaine échéance électorale. C’est dans ce contexte qu’un étrange variant se développe qui désinhibe les habitants de Taipei. Meurtres sauvages et les viols deviennent monnaie courante en tous lieux. Cette frénésie apocalyptique se développe à vitesse grand V. Saura t’elle épargner ce gentil couple qui s’était quitté au matin et dont les chemins ont du se séparer au coeur de cet horreur?
The Sadness peut se voir comme une exportation de la très bonne série de comics Crossed de Jacen Burrows, qui traitaient des conséquences d’une épidémie similaire aux Etats-Unis. C’est surtout un faux-film Made in Taïwan qui sait exploiter la peur de la chute de la civilisation liée à une pandémie. Des peurs qui étaient bien plus prégnantes en Asie qu’en Europe ou Etats-Unis il y’a quelques années, mais qui ont maintenant – COVID 19 oblige – atteint le globe, amenant à voir son prochain plus comme un ennemi mortel que comme un concitoyen. C’est la concrétisation de cette peur de ne plus pouvoir compter que sur soi-même pour survivre qui est la véritable tristesse du titre, comme si tout lien social était devenu un danger mortel potentiel. Lorsqu’une scène de métro suintant la tension et la frustration vire à la boucherie en une fraction de seconde, le déchaînement gore opère d’abord comme l’explosion d’une soupape de sécurité. A ceci près que cette libération est irréversible, et elle ne s’arrêtera plus. Le contexte est très réaliste, l’élément déclencheur (un variant ayant un effet sur le cerveau, l’inaction du gouvernement) n’est même plus improbable. Mais le réalisateur montre très vite qu’il ne souhaite pas faire un pensum et l’accumulation l’éloigne de toute appréhension au premier degré. The Sadness reste avant tout une fête du gore à l’ancienne, qui se passe bien souvent de scénario et rameute en pagaille les figures imposées du genre. Mais il est diablement efficace.