Asteroid City

Nous sommes en 1955. La bourgade d’Asteroid City, située dans le désert américain près d’un site d’essais nucléaires, s’apprête à accueillir une compétition de jeunes scientifiques. Célèbre pour son cratère du à l’écrasement d’un astéroide, elle va accueillir un évènement encore plus troublant qui va plonger les jeunes surdoués et leurs familles dans un confinement forcé. Dans ce lieu créé de toutes pièces, Wes Anderson fait ce qu’il sait faire de mieux : rassembler des personnages pittoresques – des adultes « enfants » dans des décors colorés et guetter leurs interactions, mettre en valeur ce qu’une situation exceptionnelle peut créer de liens et d’échanges. Les premières scènes donnent le « la » avec cet ancien photographe de guerre qui accompagne son fils surdoués, flanqué de trois filles dégourdies et qui verra bientôt s’adjoindre un beau père compatissant. Sa femme est décédée il y’a trois semaines et il n’en a toujours pas informé ses enfants. Son histoire n’est qu’une parmi celles des résidents temporaires des lieux. Le fil rouge est la visite troublante d’une entité venue d’ailleurs. Mais comme on le sait, chez Wes, ce n’est pas l’évènement qui compte. La direction d’acteurs, les échanges savoureux, les décors pastels, la réalisation posée faite des habituels travelings latéraux et plans fixes composés au cordeau, tous les à côtés font que l’univers composé est tout de même unique et attachant. Le style est coincé entre la patte habituelle du réalisateur et un gentil cartoon des années 50 du style « l’Amérique se moque d’elle-même ». Dans cette façon de s’emparer de l’imagerie SF de ces années au milieu d’un casting trois étoiles typé à l’extrême, on pourrait penser à un Mars Attacks ! qui aurait oublié d’être méchant.

La balade est plaisante, mais il manque cette étincelle qu’on pouvait trouver dans La famille Tenenbaum, La vie aquatique ou son chef d’oeuvre The Grand Budapest Hotel. Asteroid City comporte bien peu de moments réellement émouvants, et il souffre de la distance qu’on cherche à mettre entre nous et ces personnages. Car Asteroid City, comme le narrateur campé par Bryan Cranston nous l’explique, ce n’est qu’une pièce de théâtre écrite par le dramaturge fictionnel Conrad Earp (Edward Norton). Entre deux scènes, le narrateur nous explique les coulisses de la pièce. Il nous accompagne dans les petites anecdotes qui ont conduit au choix des rôles, et Wes Anderson nous fournit un plan carré en trois actes. Dans ce grand formalisme, la folie des meilleurs films du réalisateur se noie un peu. On aimerait plus sortir du cadre pour voir ce petit monde vivre un peu plus. Seul le casting d’enfants et d’adolescents – particulièrement réussi – parvient à décocher quelques sourires alors que les stars internationales qui se partagent l’affiche se contentent d’un gentil cabotinage par ci par là. On ne peut s’empêcher d’en ressortir nous-mêmes avec le sourire, car Wes Anderson a toujours le truc. Mais avec autant de matière, on pouvait s’attendre à quelque chose de plus puissant.

Réalisation : Wes Anderson

Scénario : Wes Anderson, Roman Coppola

Directeur de la Photographie : Robert D. Yeoman

Montage : Barney Pilling

Musique : Alexandre Desplat

Chef Décorateur : Adam Stockhausen

Direction Artistique : Fernando Contreras Diaz, Stéphane Cressend, Alejandro Cymerman, Carmen Ruiz de Huidobro, Leonardo Grillo, Gabriel Liste

Costumes : Milena Canonero

Casting : Douglas Aibel

Production : Wes Anderson, Jeremy Dawson, Christoph Fisser, Henning Molfenter, John Peet, Octavia Peissel, Steven Rales, Molly Rosenblatt, Charlie Woebcken

Pays : USA

Durée : 1h44

Sortie française le 21 juin 2023

Acteurs Principaux : Jason Schwartzman, Jake Ryan, Ella, Gracy & Willan Faris, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Jeffrey Wright, Tilda Swinton, Bryan Cranston, Edward Norton, Adrien Brody, Liev Schreiber, Maya Hawke, Rupert Friend, Steve Carrell, Matt Dillon, Steve Park, Willem Dafoe, Margot Robbie, Jeff Goldblum (l’alien), Tony Revolori, Fisher Stevens

Genre : Comédie SF

Note : 7/10

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