Indiana Jones et le Cadran de la Destinée – Indiana Jones and the Dial of Destiny

La quête d’un retour aux sources de sentiments lointains ressentis devant les premiers Indiana Jones peut paraître vaine, mais ne pas y croire serait oublier que les premiers films de la série ont su galvaniser les vocations d’archéologues et faire de cette quête de passé une aventure excitante. Cette quête, c’est un peu celle de James Mangold a travers ce cinquième volet des aventures du Dr. Jones, qui essaie de récupérer le temps perdu avec de l’or dans les mains. Depuis les début de ce siècle, les grandes figures du ciné des 80’s ont trop souvent été réanimées artificiellement, sans aucune idée qui justifiait leur retour (Indiana Jones et le Royaume du Crane de Cristal en est une preuve). Le pitch du Cadran de la Destinée, raconté dans son intégralité, a de quoi faire fondre tout fan de l’archéologue – et d’archéologie – et on a pas de peine à comprendre pourquoi Harrison Ford a rempilé à l’aube de ses 80 ans. Car il ne s’agit plus de retrouver le passé à travers un artefact, mais d’utiliser cet artefact pour remonter le temps. Une idée fantaisiste, mais qui peut être réalisable dans l’univers sériel d’Indiana Jones pourvu qu’on y soit correctement préparé. Car au cinéma, tout est possible. Mais il est aussi possible d’accoucher d’une souris avec une montagne.

On ne peut pas dire qu’Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est un mauvais film. Il est bien meilleur que son prédécesseur et c’est un honnête blockbuster. Mais il échoue dans les grandes largeurs à transcender son sujet. Il échoue d’abord à faire renaître ce sentiment Spielbergien lointain, peu importe les artefacts dont il dispose pour alimenter le voyage. Comme ses collègues de Star Wars Carrie Fisher (dans Rogue One) et Mark Hamill (dans The Mandalorian), Harrison Ford se paie un lifting par CGI moyennement convaincant qui suffit à instiller une distance avec ce qu’on voit. Un mauvais début qui est un peu réhaussé par la capacité du réalisateur d’emballer de bonnes scènes d’action. Mangold n’a rien à prouver sur ce point. Il sait prendre le spectateur par la main et l’entraîner dans un grand huit qui lui fait oublier le temps qui passe.

Mais cet enchainement de scènes devient vite une routine dans un univers sans relief. L’héroïne incarnée par Phoebe Waller-Bridge et son acolyte juvénile sont trop cyniques et opportunistes (bref, trop normaux) pour qu’on puisse un moment s’attacher à eux. Le nazi incarné par Mads Mikelsen, sorte de Werner Von Braun, est lui tellement oubliable qu’on se souviendra plus de ses lieutenants (en particulier Boyd « Narcos » Holbrook en roue libre). Le score de John Williams est particulièrement timide et pire…on nous amène du drame familial au beau milieu d’un film déjà un peu morose. Harrison Ford assure toujours malgré son âge et il porte au mieux ce que les autres ne peuvent pas porter. Mais le film se déroule sans véritable surprise, ni excitation, ni montée en puissance. Si bien que lorsque la troisième partie pointe son nez sans crier gare, avec la surprise finale qui se dévoile peu à peu, on n’y croit pas vraiment. Alors qu’elle est sous nos yeux, on salue l’audace d’avoir concrétisé l’idée et on saisit la puissance du symbole, mais à peine a t’on l’occasion de s’émouvoir avec Indiana Jones que la réalité revient violemment nous heurter. Indy reviendra fatalement à sa vie déclinante en milieu urbain avec une mince compensation. Les gros traits du serial, le bigger than life, les quelques pas en dehors du cadre et l’enthousiasme Spielbergien ne sont décidément pas reproductible en 2023. Restent quelques moments sympathiques et de bonnes scènes d’action au milieu de toutes ces occasions ratés. C’est déjà ça.

Réalisation : James Mangold

Scénario : Jez Butterworth, John Henry Butterworth, David Koepp

Directeur de la Photographe : Phedon Papamichael

Montage : Andrew Buckland, Michael McCusker, Dirk Westerwelt

Musique : John Williams

Chef Décorateur : Adam Stockhausen

Direction Artistique : Peter Dorme, Tim Dutton, Martin Foley, Oliver Goodier, Kate Grimble, Charlote Malynn, Andrew Palmer, Isona Rigau, Quinn Robinson, Oli van der Vivjer

Production : Zakaria Alaoui, Candice Campos, Anthony Dixon, Simon Emanuel, Kathleen Kennedy, George Lucas, Frank Marshall, Blake Simon, Steven Spielberg, Nathan Woods

Pays : USA

Durée : 2h34

Sortie en salles le 28 juin 2023

Acteurs Principaux : Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Antonio Banderas, Toby Jones, John Rhys-Davies, Boyd Hollbrook, Thomas Kretschmann, Shaunette Renée-Wilson, Ethann Isidore, Karen Allen

Genre : Action, Aventure, S-F

Note : 7/10

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