When Evil Lurks – Cuando acecha la maldad

Dans les couloirs du FEFFS 2023, des bruits très encourageants, au début des autres séances, des invitations à répétition à ne pas louper la nouvelle bombe de l’argentin Demián Rugna déjà responsable de Terrified et la veille de la projection, un segment bien flippant signé par le réalisateur dans l’anthologie Satanic Hispanics. Tous ces indices laissaient espérer une séance qui fermerait en beauté la compétition, et il semble maintenant évident que When Evil Lurks (traduisez « quand le mal se cache ») avait loupé de peu l’Octopus d’Or (grand prix du festival) au profit de Vincent doit Mourir. Depuis, il s’est rattrapé avec le prix de la critique et le prix du public du festival de Gérardmer. Des prix amplement mérités.

L’auteur de ces lignes a depuis longtemps abandonné la cause des films de possession – sous genre du film d’horreur qui semble tourner sur lui-même et se tourner en ridicule depuis le premier successeur de son film fondateur, l’Exorciste. Il n’y a qu’à voir Russell Crowe cabotiner dans lExorciste du Vatican ou le retcon sans grand éclat de l’Exorciste par David Gordon Green pour sentir que le sujet va encore s’auto-exploiter sur 666 ans. Mais il y’a des exceptions. Hérédité a ravivé la flamme de façon flamboyante il y’a trois ans, et on ne s’en est toujours pas remis. When Evil Lurks fait désormais partie de cette shortlist de films de possession qui laissent derrière eux un malaise comparable au chef d’oeuvre du regretté William Friedkin, car il y’a en eux quelque chose d’impalpable, une atmosphère qui transcende leur sujet et une vraisemblance qui peut faire tomber les armes du plus acharné des athées le temps d’un film. Au-delà des références à la possession il y’a aussi un peu du Prince des Ténèbres de John Carpenter dans cette contagion à échelle humaine annonciatrice d’un chaos plus grand. Que d’illustres prédécesseurs, mais ce film venu d’Amérique du Sud n’a pas à rougir de la comparaison.

Aux sources du mal de When Evil Lurks, un possédé dans un village reculé d’Argentine dissimulé par sa famille depuis de nombreuses semaines. Deux frères qui en viennent à découvrir son existence préviennent le maire, qui prend la décision de déplacer le corps gonflé du malheureux pour sauver sa ville. Une action impardonnable, car en voulant se débarrasser de sa manifestation, il a libéré le mal, et celui-ci commence à se propager autant dans les êtres humains que dans les animaux. Dès que les hostilités démarrent, le film est une belle anarchie, on ne sait jamais où l’horreur va se manifester, mais on se doute que sa manifestation sera brutale et foudroyante. Demián Rugna frappe fort dès le début, et il ne revient pas en arrière, détruisant en un temps record la vie entière de ses personnages. Une fois les règles établies (car il y’en a), la tension et le malaise ne faiblissent pas car les moments de répit sont trompeurs. L’antihéros, un homme qui tente de sauver les deux fils qu’il avait abandonné, n’a rien du prêtre exorciste partant en croisade. C’est un homme abîmé qui va tomber dans un abîme encore plus grand, et qui n’a peut-être pas les épaules pour la mission qui lui tombe dessus. Et à vrai dire, qui l’aurait dans les mêmes circonstances ? When Evil Lurks est de ses films qui s’expérimentent et dont un grand nombre de scènes ne sortent plus de l’esprit longtemps après la fin. Il ne faut pas se fier au côté anodin de l’histoire à des lieux de l’elevated horror, car tout est dans la manière, l’installation des situations et la mise en condition. Demián Rugna a capté une essence de la peur moderne et il a su la rendre de façon très primitive et terrifiante. Assurément, un des meilleurs films de cette année.

Sortie en salles le 15 mai 2024

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