Ahsoka

Dernière mini-série Star Wars en date, Ahsoka est le point de jonction en live de tout un pan des séries d’animation tirées de l’oeuvre de Georges Lucas, avant (The Clone Wars) et après (Star Wars : Rebels) qu’il ait cédé sa création à Disney. Elle se situe aussi peu après la saison 3 du Mandalorien. Il est donc important d’avoir vu ces séries avant de démarrer Ahsoka pour bien saisir quel a été le parcours de ses personnages, et aussi pour éviter tout spoiler. Ce que s’empressera de faire cet article dès maintenant.

Précédemment, dans l’Univers Star Wars…

Les évènements d’Ahsoka sont la suite directe Star Wars : Rebels, série créée en 2014 dans laquelle on suit durant 4 saisons l’équipage du Ghost, un maillon déterminant de la rebellion contre l’Empire. A la fin de la série, Ahsoka Tano rendait visite à Sabine Wren pour lui proposer de retrouver Ezra Bridger. Peu avant la bataille de Yavin (et toujours dans le dernier épisode de Rebels), Ezra avait disparu dans l’hyperespace avec toute la flotte impériale du grand amiral Thrawn, propulsé dans une galaxie inconnue par un groupe de baleines de l’espace. Ahsoka a besoin de Sabine pour décrypter une carte stellaire qui divulgue l’emplacement de la galaxie où a été envoyé Ezra. Mais un groupe de dissidents pro-empire de la Nouvelle République s’empare de la carte. Leur but est de libérer le grand Amiral Thrawn, qu’ils voient comme un nouvel espoir pour l’Empire. Ces dissidents se sont déjà organisés pour ce retour, preuve en est l’action du Moff Gideon (Giancarlo Esposito) dans The Mandalorian. Mais surtout la libération de la prisonnière Morgan Elsbeth, qui s’est adjointe les services d’un jedi mercenaire, Baylan Skoll et de son apprentie Shin Hati. Devant l’aveuglement des sénateurs de la Nouvelle République sur la menace, Ahsoka, Sabine et la générale Hera Syndulla doivent empêcher les dissidents d’accéder à la position de Thrawn. Mais en faisant cela, ils sacrifient leur dernier espoir de revoir Ezra…

Six ans avant la création de Rebels, son showrunner Dave Filoni s’était fait connaître en réalisant les épisodes de The Clone Wars dans la foulée de la prélogie. Racontant les évènements de la guerre des clones qui se déroulèrent entre L’attaque des clones et La Revanche des Sith, Cette série voit apparaître un nouveau personnage clé, Ahsoka Tano, jeune adolescente promue padawan d’Anakin Skywalker par Maître Yoda. Le but était de donner une responsabilité à Anakin et de tempérer son inquiétante propension à privilégier ses émotions. Ashoka est têtue et téméraire, ce qui ne rend pas leur relation facile, mais un attachement finit par se créer entre le jedi et sa padawan. Mais une fausse accusation finit par radier Ahsoka de l’ordre des Jedi. Bien qu’elle finisse par être innocentée, elle refuse de le réintégrer. Cet épisode – même s’il est hors-champ de la prélogie – est important pour comprendre la défiance d’Anakin envers l’ordre Jedi au début de l’épisode 3. Ahsoka restera néanmoins fidèle à la République, puis après un exil, elle rejoindra les rangs de la rébellion et la série Rebels. Nous la recroiserons beaucoup plus tard dans la saison 2 du Mandalorien.

Convergence et nouvelle direction

A l’instar de ce que Disney a fait avec l’univers Marvel, Ahsoka n’est donc qu’une pierre de plus dans l’édifice univers Star Wars TM, un gigantesque pilote qui plante le décor pour des choses plus sérieuses. Mais c’est un point de convergence pour son showrunner Dave Filoni puisqu’il peut enfin donner vie en live action aux personnages qu’il a créé dans Clone Wars et Rebels.

Egalement showrunner du Mandalorien et de The Book of Boba Fett, Filoni semble avoir pavé le chemin pour en arriver aux évènements contés dans Ahsoka, en préparant le contexte et en introduisant dès Rebels le personnage du Grand Amiral Thrawn dans le canon Star Wars. A l’origine, Thrawn était la menace directe de la Trilogie du Jedi Fou écrite par Timothy Zahn au début des années 90. Cette trilogie de romans se voyait comme la suite directe du Retour du Jedi, opposant Luke, Leia et Han Solo à un retour de l’Empire en la personne de Thrawn, un de ses plus grands stratèges. Même s’ils formaient une très bonne suite et introduisaient des personnages qui n’avaient rien à envier à ceux des épisodes 4,5 et 6, les romans de Timothy Zahn ne faisaient pas partie du « canon » Star Wars. Ils furent rejetés à la fois par Lucas lorsqu’il préféra créer la prélogie, et par Disney lorsqu’elle n’en fit aucune référence dans sa postlogie. Ce retour de Thrawn en live action sous les traits de Lars Mikkelsen est un pur plaisir car il parvient à incarner à merveille le sang froid et l’intelligence tactique du personnage. C’est aussi visiblement un plan bien huilé de Dave Filoni, et une très bonne nouvelle. Cette saison d’Ahsoka pourrait préparer à ce que la prochaine trilogie Star Wars , déjà annoncée, soit une adaptation voilée des romans de Timothy Zahn, réunissant les nouveaux personnages créés par Dave Filoni et Jon Favreau (dont Grogu?) et les héros de la trilogie originelle en doublures numériques. Ahsoka est donc un très bon présage – à suivre – pour le futur de Star Wars.

Mais est-ce qu’elle se tient en tant que série ?

Jamais série Star Wars n’a autant ressemblé à un film Star Wars. Ce qui saute aux yeux au visionnage de ces dix épisodes, c’est le côté parfaitement huilé et très simple de la progression dramatique, en dépit de quelques rebondissements. Ahsoka est un bloc feuilletonnant qui va d’un point A à un point B et qui ne ne se perd dans aucun épisode loner. En coupant dans le gras, on aurait pu aboutir aisément à un long métrage qui n’aurait pas eu à rougir face aux derniers films Star Wars.

Son premier atout est sa galerie de personnages servie par un sans faute au niveau du casting. Rosario Dawson avait déjà montré un avant-goût de sa Ahsoka dans The Mandalorian. C’est donc sans surprise qu’elle déploie son charisme serein au service d’un personnage assagi, mais toujours poursuivi par de vieux démons. On est heureux de la voir de nouveau partager l’affiche avec Mary Elizabeth Winstead seize ans après la sortie du Boulevard de la Mort de Quentin Tarantino. A quelques semaines de son retour dans Doctor Who, David Tennant donne vie de façon surprenante au droide Huyang avec son timbre anglais caractéristique. Mais c’est le regretté Ray Stevenson, décédé en mai dernier, qui crève le plus l’écran – sans trop en faire, dans un rôle à sa démesure, comme il n’en avait plus eu depuis la série Rome. Le jedi mercenaire Baylan Skoll s’impose d’emblée comme s’il avait toujours existé dans cet univers et on aurait voulu l’y voir évoluer encore quelques années. Si tel est le cas, la tâche de l’acteur qui le remplacera est grande. Ces personnages évoluent dans une intrigue très balisée qui fonctionne essentiellement sur le folklore existant et qui ne ménage pas de grandes surprises. La seule originalité est l’irruption maladroite du fantastique à travers la présence de sorcières et…de zombies. Si les premières servent bien l’intrigue, les seconds laissent un peu pantois. Il semble aussi que tout un chacun peut désormais devenir jedi, comme de nombreux jedis ont pu survivre à l’Ordre 66. Peu à peu, ces ajouts font perdre de la valeur à la trilogie originelle qui faisait de Luke et Leia de grandes exceptions.

Mais passés ces scories, la série a des airs de retour aux sources. On ne peut pas nier que certains passages d’Ahsoka possèdent un souffle comme on en avait plus vu depuis longtemps dans la saga et que les visées de Dave Filoni, outre nous faire revivre les guerres cloniques de façon un peu gratuite, sont de nous faire de nouveau nous attacher à un groupe comme celui de la Guerre des Etoiles. Le contrat est rempli à ce niveau. Il a su réinventer une formule avec The Mandalorian. On ne doute pas qu’il ait en réserve un lot de nouveautés intéressantes pour nos anciens rebelles.