Ted Lasso

Ted Lasso est un cas d’école. La promo 2000-2005 du Saturday Night Live est un gage de qualité pour une série tévé : Amy Poehler (Parks & Recreations), Will Forte (The last Man on Earth), Andy Samberg (Brooklyn 99), Bill Hader (Barry) et Fred Armisen (Portlandia) ont tous occupé le fauteuil principal d’une série atypique et attachante qui a tenu la route sur plusieurs saisons. A la vue de la première saison de Ted Lasso, Jason Sudeikis a trouvé son alter ego fictionnel parfait : Un coach de football américain qui se voit propulsé entraîneur de l’AFC Richmond, une équipe anglaise de soccer, un sport dont il ne connaît même pas les règles. Mais Ted Lasso a pour lui un optimisme indémontable et communicatif. Il ne va pas rendre la tâche facile à la nouvelle propriétaire, Rebecca Welton, qui l’a embauché pour couler le club, par vengeance envers son ex-mari. La série Ted Lasso a en elle dès ces premiers épisodes un côté feel good qui rappelle beaucoup Parks & Recreation (sans l’aspect docu) avec le zest de folie douce de Scrubs (Bill Lawrence n’est co-créateur de la série pour rien). On se laisse porter par cet esprit, qu’on aime ou non le football. La recette peut paraître évidente, mais elle est en réalité très difficile à produire. Elle tient en grande partie aux personnages qui occupent chacun un terrain propre et irremplaçable et à l’interaction entre les acteurs. Le plus improbable (et mon favori) est le coach Beard, acolyte de Ted Lasso, qui semble lui avoir été adjoint pour incarner tout ce qu’il n’est pas sur le terrain. Il y’a Rebecca Welton, incarnée par la superbe Hannah Waddingham, grande révélation comique de la série. Le footballeur de quarante balais blasé et taciturne Roy Kent à qui Brett Goldstein apporte une touche unique. L’irrésistible Juno Temple qui saura vous faire adorer Keeley, un personnage qui n’a pourtant pas grand chose pour lui sur le papier, ancienne star qui prolonge sa jeunesse en sortant avec le nouveau footballeur montant de l’équipe, Jamie Tarrt. Le très réservé mais passionnée Nate, que Ted Lasso prend sous son aile. Autant de personnages, auxquels s’ajoutent des seconds rôles récurrents savoureux et l’équipe, dont les membres prennent de plus en plus d’importance au fil des épisodes (MacAdoo, Obysanya et Dani Rojas deviendront vite indispensables aux épisodes). La mission de Ted Lasso d’unifier ce grand melting pot de joueurs de nationalités différentes s’avère être une mission au long cours, mais la série prend très vite ses marques et rend les aventures de tout ce petit monde diablement addictive. La série est saluée par la critique et récolte en 2021 13 nominations aux Emmy Awards.

Et vient la saison 2. Les épisodes de 30 minutes muent progressivement vers un format plus long qui se rapproche d’une heure – qui seront atteintes en saison 3 – et la sitcom se mue en drama. Il y’a de bonnes choses dans cette saison 2 tournée vers la psychanalyse du personnage principal. On les trouve principalement dans les épisodes spéciaux (l’épisode Beard After Hours) et dans quelques réminiscences du Bill Lawrence de Scrubs quand le mélange de drama et de sitcom fonctionne à son meilleur (Zéro Mariage et un enterrement), mais la saison cumule les situations de conflits forcées. La dynamique feel good créée dans la saison 1 ne tient plus que grâce aux acteurs, mais ils semblent tenir un édifice gonflé par des intrigues sans grand intérêt. La rançon du succès et d’une trop grande liberté donnée par la chaîne Apple TV ? Un revirement brutal et surréaliste du personnage de Nate – intrigue qui courra jusqu’à la fin de la série – achève de briser le savant équilibre entre drame et humour et se supprimer ce sentiment de feel good. Au terme de sa saison 2, Ted Lasso est devenue une série prise de tête dont les épisodes se regardent en plusieurs fois. Une série qu’il est difficile de lâcher car l’attachement envers les personnages et l’envie de voir les interactions entre ces acteurs est toujours là. La saison 3 tentera de délivrer de nouveau des épisodes de respiration comme savait le faire la saison 1(l’épisode Sunflowers à Amsterdam), et elle parviendra in extremis à produire une fin touchante. L’équilibre comique et la proximité réelle est ce qu’il y’a de plus difficile à tenir dans une série, ce qui fait des grandes sitcoms des séries rares dont on se souvient longtemps. En voulant s’extraire de son carcan de sitcom, Ted Lasso a plongé dans toutes les facilités du drama feuilletonnant. C’est bien dommage.

Showrunners : Bill Lawrence, Jason Sudeikis, Brendan Hunt, Joe Kelly

Scénario : Brendan Hunt, Joe Kelly, Bill Lawrence, Jason Sudeikis, Phoebe Walsh, Brett Goldstein, Sasha Garron, Keeley Hazell, Dylan Marron, Jane Becker, Leann Bowen, Jamie Lee, Bill Wrubel, Ashley Nicole Black, Chuck Hayward

Réalisation : Declan Lowney, MJ Delaney, Matt Lipsey, Erica Dunton, Tom Marshall, Elliot Hegarty, Destiny Ekaraga, Zach Braff, Ezra Edelman, Sam Jones

Directeurs de la Photographie : David Rom, John Sorapure, Vanessa Whyte, Ryan Kernaghan

Montage : Melissa McCoy, A.J Catoline, Francesca Castro, Alex Szabo

Chef Décorateur : Paul Cripps

Casting : Theo Park

Production : Jane Becker, Kip Kroeger, Jamie Lee, Joe Kelly et Simon Moseley, Leann Bowen, Jeff Ingold, Liza Katzer, Bill Lawrence, Jason Sudeikis, Bill Wrubel, Tom Marshall

Pays : USA, Royaume-Uni

Durée : 34 x 29 – 75 mn

Diffusée sur Apple TV+ du 14 août 2020 au 31 mai 2023

Acteurs principaux : Jason Sudeikis, Hannah Waddingham, Brendan Hunt, Juno Temple, Brett Goldstein, Phil Dunster, Nick Mohammed, Jeremy Swift, Toheeb Jimo, Anthony Head, Sarah Niles, Kola Bokinni, Cristo Fernández, Billy Harris, James Lance

Genre : Sitcom, Drama sportif

Note : 8,5/10 (S1), 6/10 (S2), 7/10 (S3)

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