Remarqué pour ses séries – la comique Lazy Company et l’horrifique Marianne – le français Samuel Bodin traverse l’Atlantique et passe au long-métrage avec Cobweb, un film d’horreur qu’on ne pourra pas confondre avec le récent Cobweb de Kim Jee Woon, puisque les exploitants français ont eu la bonne idée de l’affubler du titre le plus passe-partout qu’on puisse trouver pour le genre : La Maison du Mal. Il y’est pourtant moins question d’une maison maléfique que de cadavres dans le placard dans ce premier film scénarisé par Chris Thomas Devlin, le même qui nous avait pondu le sympathiquement anecdotique retcon (suite directe du premier film) de Massacre à la Tronçonneuse. En réalité, ce scénario est antérieur à sa participation à la saga de Leatherface, puisqu’il avait été retenu en 2018 pour figurer dans la fameuse Blacklist hollywoodienne (liste des meilleurs scénarios pas encore produits). Il ne lui manquait plus qu’un réalisateur suffisamment talentueux pour traduire en images un récit principalement centré autour des faux-semblants et du non-dit, vu à travers les yeux d’un enfant.
Samuel Bodin endosse cette casquette avec les honneurs. Ayant déjà montré avec Marianne qu’il avait une certaine compatibilité avec le cinéma d’horreur américain, il crée dès l’entrée en matière une ambiance tendue qui innerve le film et aide à tenir le spectateur constamment en alerte. Il réussit surtout à nous faire entrer dans le récit par le seul point de vue du jeune enfant, Peter (Woody Norman, une belle découverte), nous épargnant les lieux communs introductifs de ce genre de récit. On ressent très vite l’enfermement ressenti par un gamin qui subit constamment les agressions du monde qui l’entoure. Et le film de se transformer en une sorte de conte de Grimm mâtiné de The Shining. Lizzy Kaplan et Antony Starr sont deux choix de castings judicieux, elle agitée et maladroite avec son rôle de mère, lui inquiétant et sur le fil du rasoir comme son Homelander de The Boys. Deux adultes paumés que le réalisateur s’amuse à transformer en ogres, à l’instar de l’ami pas si imaginaire qui donne la réplique au héros à travers son mur. Cobweb surprend par sa cruauté, qui n’atteint pas celle des films produits par Guillermo Del Toro, mais vogue à plusieurs coudées au dessus du Blumhouse moyen. Samuel Bodin est réellement à l’aise. Sa mise en scène fluide, élégante et ponctuée de très beaux plans sert toujours très bien l’histoire, et elle joue allègrement avec le spectateur. Seules les dernière minutes donneront un sentiment de déjà vu qui reverra un peu à la baisse la bonne impression globale. Cobweb est un film d’horreur honorable qui aurait mérité une sortie plus appropriée, aux alentours d’Halloween.
Réalisation : Samuel Bodin
Scénario : Chris Thomas Devlin
Directeur de la Photographie : Philip Lozano
Montage : Kevin Greutert, Richard Riffaud
Musique : Drum & Lace
Chef Décorateur : Alan Gilmore
Directeur Artistique : Ivan Ranghelov
Casting : Preslava Hristova, Anne McCarthy, Kellie Roy
Production : Andrew Childs, Connor DiGregorio, Valentin Dimitrov, Josh Fagen, Evan Goldberg, Veselin Karadjov, Roy Lee, Jonathan McCoy, Seth Rogen, James Weaver, Christopher Woodrow
Pays : USA
Durée : 1h28
Sortie en salles le 19 juillet 2023

Acteurs Principaux : Woody Norman, Lizzy Kaplan, Antony Starr, Cleopatra Coleman, Luke Busey, Aleksandra Dragova, Jay Rincon, Debra Wilson
Genre : Epouvante
Note : 7/10

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