U are the Universe

Dans l’espace pour quatre années pour le remorquage de déchets nucléaires vers Callisto, Andriy Melnyk partage son trajet avec le robot Maxim et une poignée de vinyles qu’il se passe en boucle. Lorsque la Terre explose soudainement, Andriy réalise qu’il est désormais le seul humain dans l’univers. Mais une femme répond bientôt à une de ses transmissions radios. Elle émet des alentours de Saturne. Une très longue distance la sépare d’Andriy, mais ils ne peuvent faire autrement qu’échanger. Lorsqu’il apprend qu’elle est en danger, Andriy doit choisir entre la secourir et risquer sa vie.

U are the Universe est un quasi huis clos au postulat rudimentaire et avec peu de personnages. Il était difficile de prévoir qu’un film comme celui-ci – a priori lent et classique – en vienne à raffler le grand prix du festival du film fantastique de Strasbourg. Sa sélection en compétition pour cette édition du PIFFF 2024, un festival encore plus éloigné de son coeur de cible, est d’autant plus hasardeuse. Alors comment expliquer le tonnerre d’applaudissement que U are the Universe a suscitté dans la salle du Max Linder où il a été projeté ? Il n’y a en effet rien de très original dans ce premier film que l’ukrainien Pavlo Ostrikov a mis sept ans à emballer. Le Moon de Duncan Jones avait déjà fait le coup de l’être humain isolé dans l’espace avec un robot. Le rapprochement à distance entre les deux seuls êtres humains existant dans l’univers, bien qu’habilement introduit, n’éveille pas un grand intérêt dans un premier temps. Mais U are the Universe est ce qu’on appelle un slow burn, un récit qui plante patiemment les ingrédients qui sauront faire s’embrasser sa dernière partie.

Déjà au premier tiers du film, la relation qui unit Andriy à Max le robot a gagné plusieurs couches et le personnage d’astronaute solitaire interprété avec beaucoup de justesse par Volodymyr Kravchuk est devenu plus attachant. Son évolution de cowboy solitaire à homme amoureux, d’abord marquée par sa transformation physique, s’exprime ensuite dans un jeu nuancé et toute une gamme d’émotions qu’il parvient à transmettre au spectateur avec beaucoup de justesse. Dans sa deuxième partie, U are the Universe se mue en chronique d’un homme qui se retrouve par une triste ironie, à courir après le dernier fantôme de ce qu’il a fui sa vie durant. Pavlo Ostrikov s’applique à faire ressentir ce manque sans céder à la surdramatisation. Dans une réalisation faite d’images saisissantes (la description des dernières secondes de la Terre vues de l’espace est concise et puissante), de morceaux classiques bien sélectionnés, d’un environnement sonore travaillé (la voix de la femme, les bruits environnants) et un humour qui semble érigé comme une arme de résistance, il progresse avec une belle assurance. Pris au piège, le spectateur se voit même ému par un morceau d’une gloire passée des années 80. Il progresse vers un final qu’il aura peut-être vu venir, mais qui le laissera tout de même sans voix. A une époque où l’être humain ne sait plus montrer que ce qu’il fait de pire, U are the Universe sait communiquer sans dire un mot ce que l’univers pourrait perdre avec l’extinction de l’humanité. Il faut saluer que quelque chose d’aussi simple et beau vienne d’un pays qui a connu et connaît toujours autant d’horreurs.

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