What we do in the shadows – Saison 6

What we do in the shadows a toujours été une comédie du statu quo qui se plait a tuer dans l’oeuf tout changement fondamental. Voilà que sa dernière saison démarre sur la « résurrection » de Jerry, un colocataire vampire endormi depuis des décennies qui vient rappeler aux vampires qu’ils n’ont fait que glander depuis tout ce temps et que l’heure est venue pour envahir le nouveau monde. Si vous avez deviné quel sera le destin de Jerry dans cette saison, vous avez compris beaucoup de chose de l’esprit de la série. Si non, Jemaine Clement et ses compères ne se priveront pas de vous le rappeler.

Même si elle emprunte quelques éléments au drama, What we do in the Shadows est là pour exploiter dans tous ses recoins un concept à fort potentiel comique. Un concept tellement porteur qu’il peut s’étendre à tout ce qu’on connaît du bestiaire du fantastique, ce qui fait quand même pas mal. Ajoutons à cela une troupe d’acteurs qu’on ne se lasse pas de voir interagir. Avec ses allures de tourner sur elle-même, la série What we do in the shadows a réussi à faire ce que peu de sitcoms ont su faire : Exploiter le meilleur de son potentiel comique, puis tirer sa révérence en pleine gloire et sans grandes pompes. On pourrait regretter ce que l’on a pas vu, mais ce serait occulter le fait que le rire qui découle d’interactions de personnages et d’une bonne situation comique est une fin en soi. Cette joyeuse bande d’exploiteurs de mythe à des fins documentaires va jusqu’à nous convaincre que continuer serait tourner en rond et à lever le rideau en dynamitant tout ressort dramatique. What we do in the Shadows n’est pas un Dallas gay, ni Rosemary’s Baby, ni Usual Suspects. Même si cette idée de Colin Robinson / Keyzer Söze relève du pur génie. En attendant, ils nous offrent une sixième fournée toute aussi inspirée que les précédentes.

Après avoir acté qu’il ne souhaitait plus être un vampire, Guillermo vit toujours dans le jardin de la colocation, ce qui nous fait revenir une nouvelle fois au statu quo. Mais l’ex familier s’est trouvé un nouveau boulot dans une entreprise. C’est l’occasion rêvée pour que nos vampires de Staten Island investissent un territoire qui n’était jusqu’alors que le terrain de chasse de Colin Robinson. Toujours curieuse des humains, Nadja s’intègre sans problème à cet univers qui reflète son narcissisme et Nandor devient le nettoyeur des lieux pour ne pas perdre de vue Guillermo. Peu à peu, Guillermo tombe dans ses vieux travers en reproduisant avec son boss Jordan la relation qu’il a eu avec Nandor. A quoi bon changer de lieu si on ne peut pas se changer soi-même? En plus de réinvestir la place de la première vraie sitcom documentaire (The Office), cette incursion dans notre monde nous donne de beaux moments de décalage entre les deux univers dont les scénaristes semblent jouer avec une certaine délectation. Il donne aussi, contre toute attente, une utilité narrative à notre équipe de cameramen.

Pendant ce temps, Laszlo Cravensworth et Colin Robinson – le tandem le plus improbablement génial de la série – peut de nouveau faire équipe sur un projet qui occupe l’esprit de Laszlo depuis deux siècles : donner vie à une créature construite à partir de morceaux d’humains. D’abord fondamentalement débile, la créature de Frankenstein Cravensworth va évoluer sur toute la saison et devenir un membre à part entière du groupe. Il permettra aussi de montrer une nouvelle facette de ses co-créateurs. Avec le pauvre monstre, Matt Berry compose un personnage délectable de maître/parent abusif aux antipodes du père protecteur du bébé Colin Robinson de la saison 4. A cette occasion, ous aurons droit à un épisode parmi les meilleurs de la série – et un beau cas d’école freudien – où Laszlo se retrouve confronté au fantôme de son propre père, Lord Roderick Cravensworth (Steve Coogan, irrésistible). Un modèle d’agglomération de ce que les créateurs de What we do in the shadows savent le mieux faire sans en avoir l’air. Le monstre permet à Colin Robinson de s’humaniser dans un rôle de mère de substitution, véritable guide de la créature pour développer sa propre sensibilité. Un comble pour un vampire né pour pomper votre énergie. L’équipe du documentaire a dans l’ensemble plutôt bien fait son travail sur ses six années. Elle peut partir vers d’autres boulots avec les honneurs et la satisfaction d’avoir échappé à la mort.

Et dans tout ça, qu’en est-il des plans de conquête de Jerry ?

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