Seconds – L’Opération Diabolique

John Frankenheimer est à l’honneur en ce mois de février, non seulement grâce à la cinémathèque française qui propose une rétrospective complète de ses films jusqu’au 1er mars, mais aussi grâce à l’éditeur Potemkine qui sort ce 13 février dans une très belle édition BluRay + livret sa réalisation la plus marquante, Seconds, jusqu’ici inédit chez nous.

Réalisé en 1966 après les très politiques Un crime dans la tête et Sept jours en mai, il referme sa trilogie de la paranoia. Seconds nous rappelle qu’une réalisation novatrice ne peut produire des miracles qu’au service d’une véritable vision. Frankenheimer utilisait pour la première fois en 1966 la Snory-cam, un équivalent de la Steady-cam attaché sur l’acteur via un harnais qui procure une impression de coller au corps et à la psychologie du personnage.
Par ce biais, nous sommes dès l’introduction propulsés dans la peau d’Arthur Hamilton, qui va se voir offrir par le parrainage d’un ami la possibilité de changer de vie pour devenir un artiste peintre dénommé Antiochus Wilson (Rock Hudson, impressionnant dans un rôle en total contre-emploi). Son visage et son passé seront recomposés par une étrange entité qui sévit dans l’ombre.

Dépassant l’innovation purement technique de son procédé, Frankenheimer nous immerge dans la vie ordinaire de ce banquier et glisse à travers lui un sentiment de paranoïa contagieuse.
Une île étrange, une vie de peintre, des bacchanales : sa vie de rêve ? Notre héros comprend vite qu’il n’a pas choisi cette existence plus que la précédente et veut bientôt faire marche arrière. L’organisation tentaculaire l’acceptera-t-elle ?

Frankenheimer navigue entre un segment de La Quatrième Dimension, Le Prisonnier et un thriller politique préfigurant les 70’s, L’Opération Diabolique possède une patte unique qu’on pourrait rapprocher du cinéma de Robert Aldrich saupoudré de la paranoïa du quotidien d’un Polanski. La réalisation est habitée, utilise à merveille le montage, et le scénario brillant de Lewis John Carlino affirme une fine analyse de la psychée humaine. L’Opération Diabolique demeure haut la main dans le haut du panier des films américains des années 60.

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