Destination Finale : Bloodlines

An 2000. Alors que les néo-slashers s’apprêtent à être enterrés de façon prématurée avec l’arrivée de Scream 3, puis de Scary Movie, un slasher d’un nouveau genre fait son entrée dans la galerie du cinéma d’horreur, et pas des moindres puisqu’il s’agit de la mort. Avec son ouverture sur l’explosion spectaculaire d’un avion en vol, le premier Destination Finale pose des bases solides et originales. Un accident est sur le point de se produire, mais la vision d’une des futures victimes sauve un groupe. La mort décide de rectifier le tir et de supprimer les membres du groupe l’un après l’autre dans l’ordre dans lequel ils devaient mourrir à l’origine. La faucheuse utilise pour ce faire tous les objets du quotidien avec une imagination très féconde. De nouvelles règles s’ajoutent durant les cinq volets de la franchise, mais ce qui garantit l’équilibre des bases posées par Glen Morgan et James Wong – tandem de scénaristes géniaux de la série X Files – est une grosse pincée de gore et des tonneaux d’humour noir. Le cocktail est irrésistible et déclinable à l’infini. Mais avec le temps, même les meilleurs concepts s’épuisent. Destination Finale 4 et 5 montrent un essouflement certain, mais ils demeurent distrayants et efficaces, notamment grâce à la séquence d’ouverture emblématique de la série qui promet toujours un beau festival de tension et de gore. En 2011, la préquelle du premier volet semblait sonner le glas de la franchise. Mais comme à Hollywood, et spécifiquement dans le cinéma d’horreur, tout se récupère à un moment ou un autre, Destination Finale : Bloodlines remet une pièce dans le juke box de la surenchère.

Ce sixième volet de Destination Finale est sous le signe de la famille puisque la mort remonte les lignées de nombreuses personnes qui auraient du mourrir lors de l’effrondrement d’un restaurant en altitude cinquante ans auparavant, et tout particulièrement celle d’un homme et d’une femme qui vont bientôt fonder une famille. Stefani Reyes est harcelée par un cauchemar qui décrit la vision qui a sauvé toutes ces personnes. Elle se rend compte que la femme de son rêve est Iris Campbell, sa grand-mère dont l’obsession a brisé la vie de sa mère et de son oncle. Elle entreprend de la rencontrer et celle-ci lui dévoile le plan que la mort a exécuté durant ses cinquante ans contre les familles des survivants…et elle meurt sous ses yeux. Le compteur se déclenche alors pour Iris et sa famille (…). Au-delà de la nouveauté introduite par les multiples lignées, la meilleure trouvaille des scénaristes canadiens Zach Lipovsky (Freaks) et Adam B. Stein est d’installer la menace dans un cercle familial, parmi des personnes qui ont un lien de longue date et une histoire commune, en lieu et place d’un groupe de personnes réunies au hasard. Cette histoire commune est liée à la grand-mère qui, en passant sa vie à déjouer les plans de la mort, a fait tomber une autre malédiction sur la famille de Stefani. Bloodlines est donc autant un drame familial qu’un Destination Finale, et l’un nourrit consubstantiellement l’autre, si bien que la course contre les plans de la mort créé une occasion de recréer des liens qui étaient perdus.

Porté par des personnages plus épais, plus attachants (l’héroïne interprétée par Kaytlyn Santa Juane en tête) et au passé plus marqué que ceux des précédents volets de la saga, Destination Finale en ressort avec un impact grandi, et d’autant plus que cette dramatisation n’a pas fait perdre une once de l’humour noir et du gore si essentiels à la franchise. Le duo de scénaristes soigne particulièrement les interventions de la mort en déjouant les attentes du spectateur qui connaît les volets précédents (un classique) et il prend garde à éviter l’effet catalogue qui guettait dès le premier volet. Ils convoquent le spectateur à une anticipation constante dont on avait fini par oublier l’aspect résolument ludique. La scène d’ouverture n’est pas la meilleure (la palme revient toujours à Destination finale 2), mais elle ne déparerait pas dans un film catastrophe moderne. Enfin, on peut remercier les artisans de cette belle suite de ne pas avoir oublié Tony Todd en lui offrant une nouvelle apparition qui donne une origin story convaincante à son personnage. Elle sera la dernière puisque l’acteur nous a quitté le 6 novembre dernier (le film lui est dédié). Rythmé, inventif et parfois même émouvant, Bloodlines parvient à se hisser au niveau des deux premiers Destination Finale et à relancer la machine de façon efficace.

Le casting du film entourant Tony Todd

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