Running Man

En cette fin d’année 2025, Stephen King est toujours une valeur sûre. Entre la préquelle prometteuse de Ca, Bienvenue à Derry qui sévit en série sur Max, le succès des trois saisons de Mr. Mercedes sur Netflix, la très correcte adaptation de Marche ou Crève et avant l’adaptation en série par A24 du superbe Conte de Fées, voici venir une nouvelle adaptation de Running Man qui avait déjà été porté à l’écran en 1987 par Paul Michael Glaser (le Starsky de Starsky & Hutch) avec Arnold Schwarzenegger. Cette adaptation réalisée par le britannique Edgar Wright (Shaun of the Dead, Spaced) peut se voir comme une remise au goût du jour du roman, bien plus fidèle au roman que la première adaptation et parsemée de détails qui prennent en compte le fait que la science-fiction pondue par le jeune Stephen King n’est maintenant plus de la science-fiction. Il s’en est passé du temps depuis le premier jet de Running Man, au début des années 70 et la publication du livre sous le pseudonyme de Richard Bachman en 1982, et encore plus depuis cette publication et 2025. Edgar Wright et son coscénariste Michael Bacall (avec qui il a déjà bossé sur Scott Pilgrim) prennent acte d’une époque où le Running Man est du domaine du vraisemblable dans un blockbuster empreint de passé mais shooté à l’instant présent. Un blockbuster mis à jour de la technologie et de la surenchère de spectacle-réalité qu’on connaît.

Edgar Wright met Glenn Powell (Top Gun Maverick, Twisters) sous le feu des projecteurs. Il prend un plaisir communicatif à transformer cette icône américaine moderne en figure Carpentérienne, descendant d’un John Nada (Invasion à Los Angeles) croisé avec Snake Plissken (New York 1997). Ben Richards est un personnage indépendant, quasi westernien et prolétaire jusqu’au bout des ongles qui aurait été du meilleur effet dans une adaptation de Big John dans ses glorieuses années 80. Le réalisateur de Shaun of the Dead est un mordu de pop culture et on ne peut pas douter de sa sincérité à faire revivre tout un pan du cinéma de l’époque, et son absence de roublardise à rendre hommage au premier Running Man à travers un billet à l’effigie d’Arnold Schwarzenegger. Mais on ne sort pas non plus l’anglais du fanboy, l’européen critique qui met l’Amérique devant le miroir de sa culture de l’argent et de la violence. Il veut emboîter le pas de Paul Verhoeven, et on sent ça et là quelques beaux restes d’un réalisateur biberonné à Robocop et Starship Troopers. Même si la subversion a été digérée depuis longtemps par le système (pour preuve le remake lissé de Robocop), le dynamisme d’Edgar Wright, jamais démenti depuis Shaun of The Dead, déploie des trésors d’ingéniosité pour rattraper cette digestion. On sent qu’il se démène comme un diable pendant ces 2h15 pour démontrer que Running Man est plus que jamais pertinent de nos jours. La course de Ben Richards fait plaisir à voir et sa colère est contagieuse. L’action, le suspens et la tension soutiennent ce blockbuster qui n’admet aucun temps mort. Son dernier acte est une profession de foi sévèrement tourné vers son public américain, comme si la voix du Stephen King des 70’s résonnait dans le mégaphone d’ d’Edgar Wright pour lancer une dernière alerte. Le semi happy end repris du bouquin semble, à notre époque, être d’un optimisme à la limite de l’utopie.

Comme de bien entendu, Running Man a été un échec au box office américain. Pour un budget de 110 millions, il n’a récolté que 28 millions dans son premier week-end, ce qui a visiblement compromis sa distribution en France. Ce n’est pas une raison pour s’interdire le plaisir de voir un des derniers vrais bon film énervés sponsorisé par les moguls d’Hollywood.

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑