Réalisation : Takeshi Kitano
Scénario : Takeshi Kitano
Directeur Photo : Katsumi Yanagishima
Assistant Réalisateur: Michizo Kito
Montage : Takeshi Kitano
Musique : Joe Hisaishi
Direction Artistique : Osamu Sasaki
Production : Masayuki Mori, Takio Yoshida, Office Kitano, Toho Company Ltd, Totsu
Pays : Japon
Durée : 101 mn
Sortie française le 23 juin 1999. En salles en version restaurée le 8 août 2018. En dvd/bluray le 18/06/2020 (La Rabbia)

Acteurs Principaux : Claude Maki,Hiroko Oshima, Sabu Kawahara, Sumusu Terajima, Katsuya Koiso, Testsu Watanabe
Genre : Chronique
Note : 8,5/10
Après Hana-Bi et Kids Return, La Rabbia sort enfin cette version restaurée du superbe A scene at the Sea de Takeshi Kitano. Ce beau mediabook contenant un livret de 40 pages, les versions DVD et BluRay avec en prime la bande originale de Joe Hisaishi remplacera sans problème le digipack dvd qui avait fait découvrir le film dans nos contrées à la fin du siècle dernier. Sorti en 1991 au Japon, A scene at the sea est le troisième film de Takeshi Kitano, après Violent Cop et Jugatsu. Il se place alors à contre-courant des deux premiers, polars violents à la comédie décalée, permettant de découvrir une facette inédite de celui que les japonais ont longtemps connu comme Beat Takeshi, moitié d’un duo de comiques très célèbre dans les années 80. Kitano nous conte ici l’histoire d’un jeune sourd muet éboueur qui découvre une planche de surf. Il la répare et devient peu à peu accroc au surf. Chaque jour, sous le regard bienveillant de sa copine et sous le regard rieur des surfeurs chevronnés, il s’entraîne sans relâche et parvient à attirer l’attention du vendeur de planches locales qui lui propose de participer à des compétitions.
Derrière ce résumé se cache un film sans autre pareil. Très lent et contemplatif, a scene at the sea se savoure sur l’instant présent. Il ne raconte rien de plus que l’histoire d’un couple d’handicapés qui vit un amour exclusif, et comment le surf va influer sur leur relation, de l’éloignement à la réconciliation, et comment il va faire entrer d’autres personnes dans leur vie le temps d’un été. Kitano enchaîne les plans fixes comme des cartes postales, il prend le temps de regarder la mer, de suivre un duo d’abrutis a priori annexes à l’histoire, mais qui sera directement influencé par la découverte de Shigeru, de retranscrire avec humour les petites mesquineries qui rendent la vie de nos héros plus difficile. Il excelle à laisser le terrain aux envolées du compositeur Joe Hisaishi pour illustrer sans un mot la relation qui lie Takako à sa Shigeru. Le compositeur, qui a oeuvré pour Miyazaki mais aussi dans de nombreux films de Kitano à partir de celui-ci, immortalise de nombreux moments. Comme le 90’s de Jonah Hill sorti l’an dernier (qui remplaçait la planche par le skate), ce Kitano est un film souvenir. Il aurait pu être un drame du fait de sa conclusion, mais ses dernières scènes sont un si beau condensé de douceur et de nostalgie qu’elles nous enveloppent plus qu’elle nous rendent triste. On en ressort avec l’envie de sortir de chez soi et de prendre sa planche.
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