Le Sisu est un concept finlandais qui n’est traduisible dans aucune autre langue. Il pourrait se voir comme la capacité de dépasser ses limites et d’exploiter toutes ses réserves de courage face à une situation désespérée. Une qualité qui fut nécessaire lors de l’hiver 1939 lorsque la Finlande fut envahie par l’armée de l’URSS. Alors qu’ils étaient inférieurs en nombre et en armes, ils auraient pu se rendre, mais ils tournèrent l’affrontement vers la guerrilla et usèrent de leurs talents en ski de fond, dispersant les troupes soviétiques, petit groupe par petit groupe. C’est dans cet affrontement historique que le héros de Sisu : De l’Or et du Sang a créé sa légende. Ancien soldat milicien devenu chercheur d’or suite au massacre de sa famille par les russes, Aatami Korpi trouve une quantité d’or nécessaire pour refaire sa vie. Mais nous sommes en 1944 et une nouvelle menace arrive en Laponie Finlandaise. Une brigade nazie avance dans le pays en appliquant la politique de la Terre brûlée. Ils croisent la route d’Atami et finissent par convoiter son or. Décidés à revenir sur leurs pas avec leur butin pour tuer le finlandais et s’emparer du magot, ils ne se doutent pas que le vieil homme est la personnification du Sisu. Les dommages ne font que commencer dans le camp nazi.
Et on peut s’attendre à un affrontement qui sort des sentiers battus avec Jalmari Helander aux manettes. Le premier long du réalisateur finlandais, Rare Exports (Père Noël : Origines chez nous) – cruel, original et d’un humour noir réjouissant – avait fait son effet au festival du film fantastique de Gérardmer en 2011 et il connut une petite renommée hors d’Europe. Il lui ouvrit les portes d’un financement international pour son deuxième long, Big Game qui confrontait un enfant (Onni Tommila, le jeune héros de Rare Exports) et le président des Etats-Unis (Samuel L.Jackson) à un groupe de terroristes ayant abattu Air Force One. Big Game était plutôt efficace, mais il ne donna pas de suite durant très longtemps. Il fallu attendre huit ans pour le voir de retour avec un nouveau film sous influence des films d’action des années 80 et 90 et bien plus encore. C’est à Mad Max qu’on pense d’abord à la vue de cette figure presque immortelle construite dans la douleur suite à un drame familial. Les étendues désertiques finlandaises n’ont rien à envier aux paysages australiens de la fin des 70’s et l’approche résolument premier degré de Jalmari Helander (si on met à part les titres de chapitres un peu trop grindhouse) ramène à cette époque où le cinéma nous offrait des surhommes qui n’avaient rien de « super ». Vu dans Rare Exports, Jorma Tommila campe avec charisme ce spectre insaisissable et mutique (mais pas inhumain) qui donne du fil à retordre à ces nazis d’opérette. Son fils Onni, héros des deux premiers films du réalisateur, a bien grandi et il endosse le costume d’un nazi. Le film est ponctué de moments ingénieux, d’un souffle bien à lui et il sait délivrer quelques scènes gores bien douloureuses. Bref, un film carré et efficace taillé pour les festivals qui nous fait l’honneur de sortir dans quelques salles par chez nous.
Réalisation : Jalmari Helander
Scénario : Jalmari Helander
Directeur de la Photographie : Kjell Lagerroos
Montage : Juho Virolainen
Musique : Juri Seppä, Tuomas Wäinölä
Chef Décorateur : Otso Linnalaakso
Production : Petri Jokiranta, Mike Goodridge, Gregory Ouanhon, Sirkka Rautiainen, Antonio Salas
Pays : Finlande, USA
Durée : 1h31
Sortie en salles le 21 juin 2023

Acteurs Principaux : Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan, Mimosa Willamo, Onni Tommila
Genre : Action
Note : 7,5/10

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