Créateur / Showrunner : Mike Flanagan
Scénaristes : Mike Flanagan, Joyce Sherri, Teresa Sutherland, James Flanagan, Jeff Howard, Dani Parker
Réalisation : Mike Flanagan
Directeur de la Photographie : Michael Fimognari
Montage : Mike Flanagan
Musique : The Newton Brothers
Chef Décorateur : Steve Arnold
Direction Artistique : Laurin Kelsey, Andrew Li
Production : Morgan Beggs, Adam Fasullo, Michael Fimognari, Mike Flanagan, Elan Gale, Kathy Gilroy, Jeff Howard, Trevor Macy
Pays : USA
Durée : 7 x 59-70 mn (7h30)
Diffusée sur Netflix à partir du 24 septembre 2021

Genre : Fantastique, Horreur, Drame
Note : 8,5/10
S’il est incontestable que Mike Flanagan est un des réalisateurs actuels les plus respectueux du fantastique, l’auteur de ces lignes ne porte pas aux nues toute sa jeune carrière ciné. Ses films sont plutôt honnêtes et beaux (Jessie, en particulier), mais un peu trop classiques à mes yeux. The Haunting of Hill House – aka la dernière demeure des Hill– m’avait pourtant bluffé lors de sa sortie sur Netflix à la fin 2018. Tout n’était pas égal, mais certains moments avaient de quoi rappeler Six Feet Under, au niveau des thématiques et du traitement des personnages. Flanagan parvenait à transformer un traitement intimiste en une forme de lyrisme avec très peu de choses. Au re-visionnage, la série montre encore de nombreuses facettes insoupçonnées, en faisant probablement la meilleure création Netflix, après Dark. The Haunting of Bly Manor était un peu en deçà, mais formellement tout aussi beau et intériorisé, distillant des moments plutôt intenses dans une atmosphère très tendue. Après avoir vu Midnight Mass, sa nouvelle mini-série, je lui donnerai volontiers un chèque en blanc pour tous ses futurs projets de série. Ce format est fait pour lui, et dans sa catégorie, il n’a (pour l’instant) aucun challenger.
Midnight Mass pourrait à première vue se perdre dans la pléthore de séries Netflix sans grande envergure : Une île reculée, des insulaires qui vont mal et qui ont trouvé refuge dans la foi, un fils qui revient chez lui après avoir purgé une peine de prison, un nouveau prêtre étrange qui va changer le paysage. Nous n’en dirons pas plus car l’une des plus grandes qualités de cette mini-série (7 épisodes) est de se dévoiler peu à peu, et qu’il est particulièrement savoureux de découvrir son sujet en n’étant au courant de rien. Flanagan nous refait un peu le coup du Stephen King sériel revisité avec une vue plus actuelle. Des personnages à la limite de l’archétype (chacun a un rôle dans cette île) se dévoilent dans leur vie de tous les jours et leurs états d’âme alors que l’élément fantastique s’insinue. Mais Flanagan parvient à humaniser ces archétypes, à les faire exister sans en faire trop. Autour du charismatique Hamish Linklater (Clark, dans Legion), il dirige à merveille une belle brochette d’acteurs, dont Henry Thomas qui revient une nouvelle fois – après les The Haunting… – dans le rôle de la figure paternelle. Comme pour The Haunting of Hill House, le showrunner/scénariste/réalisateur prépare minutieusement le terrain à l’épiphanie de chacun de ses personnages. Alors qu’on pense savoir où il va venir, il prend un autre chemin qui va étonner et donner un sens plus profond aux scènes des épisodes qui ont précédés. La foi est ici traitée de façon très sincère et englobante, même dans son pendant athée, puisque l’anti-héros/ ex-détenu est un croyant repenti. Ce n’est pas d’elle que naît l’horreur que vont vivre les habitants de l’île, mais du dogmatisme religieux, véritable terreau pour la manipulation des masses à des fins personnelles. Midnight Mass est un cauchemar vécu de l’intérieur aussi poignant qu’intelligent. Une confirmation tardive, mais flamboyante, que Netflix peut encore livrer de grandes séries en 2021.