Après une saison 4 loin de l’esprit d’origine, Fargo semblait revenir aux sources du film des frères Coen pour cette cinquième et ultime saison : Le kidnapping d’une épouse/mère par deux hommes de main. Mais il est cette fois commandité par un ex-époux – shériff libertarien violent. Dorothy Lyon a fui ce mari pour rester en vie et trouver une nouvelle famille dans une riche famille de la bourgeoisie conservatrice. Des années plus tard, un écart de conduite a révélé qu’elle était toujours vivante et il fera tout pour réclamer sa propriété. Mais Dorothy est devenue un tigre.

Symbole de cette violence américaine transmise à travers les époques (manifestée ici par la « propriété » des femmes) qui ronge les saisons précédentes, le personnage incarné par Jon Hamm est challengé par un nouveau monde féminin incarné par Nadine, une épine dans son pied. La première partie de la saison joue le jeu en offrant du néo-noir tendu et haletant et une montée en puissance prometteuse. La déception n’en est que plus grande ensuite car les personnages, fonctionnels et creux, ne sont plus là que pour illustrer le propos politique (légitime, mais là n’est pas la question) sur la violence faite aux femmes et le retour en force des vieux démons de l’Amérique. La conclusion, écrite à la truelle, est anti-dramatique au possible. En guise de point final, Hawley convertit même au « bien » la figure coenienne ultime du tueur à gages inflexible incarné par Sam Spruell. Peut-être oublie t’il que le néo-noir Coenien est par nature nourri par la fatalité, la mélancolie et une forme de profondeur qui évite les généralités, et en aucun cas par des happy end et des solutions magiques. Cette saison décevante mérite tout de même le détour pour Juno Temple – révélée une nouvelle fois au monde après son rôle dans Ted Lasso – et la performance très savoureuse de Jennifer Jason Leigh en matriarche conservatrice.
Diffusé sur Canal+ séries
