Fargo – saison 4

Showrunner / Créateur : Noah Hawley

Scénario : Noah Hawley, Lee Edward Colson, Enzo Mileti, Francesca Sloane, Stefani Robinson

Réalisation : Michael Uppendahl, Noah Hawley, Dearbhla Walsh, Dana Gonzales, Sylvain White

Directeur Photo : Dana Gonzales, Peter Konczal, Paula Huidobro, Gonzalo Amat, Erik Messerschmidt

Montage : Regis Kimble, Curtis Thurber, Debby Germino, Jordan Goldman

Bande Originale : Jeff Russo

Chef Décorateur : Warren Alan Young

Direction Artistique : Helen Harwell, Jessie Haddad, Martha Sparrow

Casting : Rachel Tenner

Pays : USA

Durée : 11 x 55 mn

Diffusée sur FX à partir du 27 septembre 2020 et sur Salto à partir du 20 octobre 2020

Production : Ethan Coen, Joel Coen, Noah Hawley, Warren Littlefield, Regis Kimble, Erik Holmberg, Samantha Ashley Feld, Matthew Hart, Caitlin Jackson, Enzo Mileti, Stefani Robinson, Dan Seligmann, Francesca Sloane, Scott Wilson, Craig Yahata, Kristy Redd

Acteurs Principaux : Chris Rock, Jason Schwartzman, Jessie Buckley, Ben Wishaw, Jack Huston, Emyri Crutchfield, Salvatore Esposito, Timothy Olyphant, Andrew Bird, Anji White, Matthew Elam, Karen Aldridge, Glynn Turman

Genre : Drame, film de gangsters

Note : 7/10

Avril 2014. Noah Hawley lançait la série Fargo avec l’approbation des frères Coen, réalisateurs de l’immense film du même nom. L’ambition de Fargo s’affichait dès les premiers épisodes : retrouver l’absurde, la violence et la mélancolie du film dont il s’inspirait et revisiter à sa manière d’autres pans de la filmo des frères Coen. Cette ambition avait de quoi faire sourire car les frangins portent une patte difficilement reproductible. Contre toute attente, la première saison de cette série anthologique a réussi à tenir ce haut standard. Mieux encore, les deux saisons qui l’ont suivie l’ont maintenu, voire transcendé. Hawley pensait que la saison 3 serait la dernière. Mais l’idée d’aller plus loin en arrière, dans le Kansas City de l’année 1950, a visiblement eu raison de cette résolution. Le nouveau contexte nous mène donc dans une alliance pour le partage des business de Kansas City entre deux communautés. La règle est de donner le plus jeune fils de chaque famille à l’autre famille pour sceller le pacte de paix entre les deux gangs. Par le passé, les enfants sacrifiés, irlandais et italiens, ont fait les frais du pacte. Lorsque le gang africain américain de Loy Cannon entre dans le jeu, Loy se voit obliger de céder son fils aux italiens. Outre le conflit larvé entre les deux factions, nous suivons entre autres une famille mixte dont la fille brillante se débat pour se faire une place (la jeune Emyri Crutchfield, prometteuse), une infirmière homicidaire timbrée (Jessie Buckley, vue récemment dans I’m thinking of ending things), un flic affublé de troubles obsessionnelles compulsifs (l’épatant Jack Huston, qui interpréta Richard Harrow dans Boardwalk Empire), deux femmes hors la loi fraichement évadées de prison (dont Karen Aldridge, on fire) ou une brute italienne caractérielle (Salvatore Esposito, belle révélation malgré un rôle stéréotypé) . Tous ces archétypes déviants et ce casting aux petits oignons mélangés dans un shaker, cela donne une belle promesse pour conclure la série. Le résultat est pourtant bien loin de s’aligner sur les trois premières saisons.

Cette saison 4 est toujours de haute tenue sur sa réalisation et son interprétation. Rien que les cinq acteurs cités plus haut peuvent sérieusement prétendre à un Emmy pour leur performance. On peut y ajouter Chris Rock et Jason Schwartzman qui mènent de façon sûr cet affrontement des deux camps. Tous ne parviennent qu’à réhausser marginalement un scénario qui lorgne trop vers la tragédie, et pas assez vers ce qui fait l’originalité des premières saisons. L’impression est forte d’une suite peu inspirée de Miller’s Crossing, sans l’humour noir, sans la classe et sans un point de vue fort. Les poncifs du film de gangsters et le drame occupent d’abord un terrain trop important pour laisser les seconds rôles qui font irruption dans cet affrontement incarner leur personnage et ajouter leur marque, au-delà de scènes savoureuses mais anecdotiques. Chacun ne fait que passer, et la sortie dramatique des personnages, souvent prévisible, laisse autant un goût d’inachevé que celui d’occasion manquée.

La volonté de donner le point de vue de la communauté noire américaine sur une période de l’histoire des Etats-Unis est louable. Elle s’accomplit admirablement au travers de la jeune narratrice Ethelrida, seul élément lumineux de cette saison et assurément, seul personnage qui attire avec sa famille, une empathie réelle. Un peu moins bien au travers de la « famille » de Loy Cannon, gang aux personnalités inégales mais pour la plupart bien fades et peu Coeniens. La conclusion révèle que la véritable absurdité touche le parcours de Loy et que sa quête d’accession au pouvoir « à l’américaine » (par la violence) n’a pas d’avenir, du moins beaucoup moins que celle d’Ethelrida. La mise en contact des deux personnages est ce que cette saison a fait de mieux. Parmi les rendez-vous manqués, on retrouve un épisode road movie centré sur la fuite hors du Kansas de Satchel, le fils de Loy et son protecteur Rabbi Milligan (Ben Wishaw, trop en retrait), qui emprunte la structure du début du « Magicien d’Oz ». Un bel épisode partant d’une belle idée, intéressant sur sa fin mais malheureusement trop théorique – il n’aura pour utilité que de parachever le lien avec la saison 2. C’est un peu le cas de cette saison. A force d’ambition et de didactisme, Noah Hawley a retiré une bonne partie de la sève de Fargo. Il en ressort une saison conventionnelle et prévisible, où les personnages semblent destinés à incarner la violence de l’Histoire de l’Amérique plus que leur propre histoire.

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