Black Flies – Asphalt City

Après avoir fait ses armes (notamment) auprès de Gaspar Noe et Bernie Bonvoisin, Jean-Stéphane Sauvaire nous a offert les marquants Johnny Mad Dog et Une prière avant l’aube. Son adaptation du roman 911 de Shannon Burke sur les « nuits » d’un jeune ambulancier aspirant médecin à Brooklyn ne pouvait qu’être une plongée en enfer. Dopé à l’adrénaline et désespéré, Black Flies colle au ressenti d’Ollie Cross (Tye Sheridan), jeune homme propre sur lui aux intentions nobles qu’on pourrait décrire comme un Dr. Carter de la classe moyenne. Dès la scène d’ouverture, il est happé dans une frénésie qui le dépasse mais montre la meilleure volonté pour faire son travail. Le choc culturel est fort et rien ne nous est épargné de la misère de New-York. Jean-Stéphane Sauvaire a pour objectif de tester nos limites, comme celle du rookie, de mettre en perspective la difficulté à tenir la mission difficile de soigner dans un contexte de travail agressif où l’autodestruction et la prédation sont la norme. Le jugement de la personne soignée, dans ce contexte, peut très vite amener de lourdes conséquences. Il met aussi en exergue la solitude des ambulanciers, rarement soutenus par leur hiérarchie et peu estimés par ceux qu’ils soignent.

Dans son chemin de croix, Ollie est accompagné du « bon mentor » en la personne de Rutkovsky (Sean Penn), un vieux routard de l’ambulance fatigué mais humain, à la vie personnel chaotique et qui est plus proche de la ligne rouge qu’il ne veut bien le croire. Le « mauvais mentor » est incarné par Michael Pitt (Last Days, Boardwalk Empire) avec une certaine délectation. L’approche choisie et l’atmosphère distillé rappellent les premiers temps de la série Urgences, et pour cause, le roman se situe au milieu des années 90. Mais c’est surtout A tombeau Ouvert, l’un des meilleurs films (et des moins connus) de Martin Scorsese qui vient en tête dès les premières minutes. Mais Tye Sheridan n’est pas Nicolas Cage, et son interprétation intériorisée apporte une autre perspective. L’acteur a suivi des ambulanciers pour s’immerger dans le rôle, et un tournage serré de 23 jours a certainement aidé à rendre aussi réelle cette pression qu’il endure. Ce rôle est une autre affaire que le jeune Scott Summers/Cyclope des X Men ou celui qu’il a porté dans Ready Player One, et il s’en sort plutôt bien compte tenu du défi. Black Flies et un film rare, puissant, concis, une expérience qui laisse parler le son et les images. A voir d’urgence.

Sortie en salles le 3 avril 2024

Sortie BluRay / DVD le 27 août 2024

Un commentaire sur “Black Flies – Asphalt City

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑