Le doute a longtemps plané sur l’éventualité que Matt Reeves réalise la première série issue de l’univers qu’il a créé pour The Batman. Il avait par ailleurs prévu un traitement particulier pour le personnage d’Oswald Cobblepot – incarné par Colin Farell sous une masse de latex – pour son deuxième film. Une suite qui s’imposait d’elle-même après les évènements du premier film qui voyait le patron de Cobblepot, le mafieux Carmine Falcone abattu par Le Riddler. Le chemin était laissé libre pour le lieutenant. Matt Reeves prévoyait aussi de développer – avec son co-producteur Dylan Clark – une série sur la police de Gotham, une belle idée car le style de the Batman se marierait très bien avec les comics Gotham Central. HBO Max (la chaîne de Warner Bros qui détient les droits de la franchise Batman) a finalement opté pour des séries tirés des « personnages » de Gotham, dont la mini-série The Penguin serait la première. Si Matt Reeves officie comme conseiller sur la série, c’est finalement à Craig Zobel (le sympathiquement trash The Hunt, la série Mare of Eastown) qu’échoue la tâche de la showrunner et à Lauren Lefranc de l’écrire. Des coulisses, le réalisateur du premier film peut au moins s’enorgueillir de deux choses Son univers va pouvoir exister parallèlement au DC Universe que va développer James Gunn (les dérivés de The Batman, non canons, seront sous le label DC Elseworld) et il évolue dans une direction plus intéressante sous le patronage de Colin Farrell et d’une nouvelle équipe.
The Batman avait les qualités de ses défauts. C’était un bon polar noyé dans une mythologie Gothamienne dont on voyait bien que le réalisateur n’avait pas grand chose à faire. Plus intéressé par le réalisme matériel et psychologique, Matt Reeves peinait à faire exister – peut-être faute de temps – de nombreux personnages dénués du charisme de leur avatar de comic book dans une métropole triste et sans relief. The Penguin s’affranchit presque intégralement du lien avec la mythologie Batman pour embrasser le polar urbain et la série de gangsters. Il bénéficie de huit épisodes de près d’une heure pour faire sortir un seul de ces personnages de l’archétype et l’exporter pour de bon dans un monde sans Batman. HBO Max a finalement eu du flair en optant pour la mini-série. A l’issue de ces huit épisodes, le Oswald Cobblepot de Colin Farell passe du lieutenant cabotin à un personnage à plusieurs couches. Tantôt pathétique, tantôt roulant des mécaniques comme un Tony Montana, tantôt malsain, il joue tellement de personnages qu’il finit par nous prendre à son propre jeu. Oeuvrant dans la rue comme en politique, ce pingouin n’a rien à envier au Frank Underwood de House of Cards (toujours David Fincher, influence majeure du premier film), si ce n’est qu’il revêt un plus grand nombre de masques. Il trouvera un opposé à la hauteur en la personne de Sofia Maroni, fille du mafieux, un personnage neuf incarné avec beaucoup de prestance par Cristina Milioti (la mother de How i met your mother). La présence de batman dans Gotham ne sera suggérée qu’à la dernière image. Pas plus de présence de Catwoman, pourtant demie-soeur de Sofia. Ce n’est pas vraiment un problème car la série vit par elle-même en dehors de ces nombreuses références aux évènements antérieurs. Après cette belle démonstration, on attend avec encore plus d’impatience un Gotham Central tiré de cet univers. Peut-être même plus qu’un deuxième flm avec Robert Pattinson.

Laisser un commentaire