The Batman

Réalisation : Matt Reeves

Scénario : Matt Reeves, Peter Craig

Directeur de la Photographie : Greig Fraser

Montage : William Hoy

Musique : Michael Giacchino

Chef Décorateur : James Chinlund, Joe Hiura

Direction Artistique : Grant Armstrong, Joseph Hiura, Joe Howard, Gary Jopling, Metthew Kerly, James Lewis, Will Newton

Production : Michael E. Uslan, Matt Reeves, Simon Emanuel, Walter Hamada, Dylan Clark, Chantal Nong

Effets Visuels : Dan Lemmon, Dominic Tuohy

Pays : USA

Durée : 2h56

Sortie en salles le 2 mars 2022

Acteurs Principaux : Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Colin Farrell, Jeffrey Wright, Andy Serkis, John Turturro, Peter Saarsgard, Barry Keoghan, Jayme Lawson, Alex Fern, Rupert Penry-Jones

Genre : Polar, Super-héros

Note : 7/10

Le succès de Batman (en comics et en salles) s’explique depuis les années 2000 par son fort capital exportable dans le monde réel, Gotham étant l’image de la déréliction des grandes métropoles modernes. Si Christopher Nolan avait opéré une jonction entre le polar et le film de super-héros, le film de Matt Reeves – auteur de la superbe trilogie La Planète des Singes – prend un virage supplémentaire en offrant un polar brut, avec un vrai Batman détective et une intrigue politique à strates comme les affectionne James Ellroy. C’est là qu’on se rend compte à quel point tous les éléments qui ont construit la légende de Batman, de ses ennemis pensionnaires réguliers d’Arkham et de Gotham City sont parfaitement fongibles avec le réalisme du polar, pourvu qu’on opère de petits ajustements. Dans son média d’origine, la chauve souris revancharde n’avait-elle pas opéré une mue dans cette direction bien avant les années 2000, pour s’y reposer (un peu trop) depuis ? The Batman ne surprendra personne, car il montre ce qu’il a vendu : Un anti-héros mélancolique qui ploie sous le poids des déterminations sociales, dans une métropole gangrénée par la corruption et les pots de vin. Le désespoir traînant étant amplifié par les notes grunges du Something in the Way de Nirvana, duquel Michael Giacchino a subtilement tiré un thème somptueux, parfaitement en accord avec ce qu’est The Batman. On en oublie les thèmes pompeux et passe-partout de Hans Zimmer. Là où Matt Reeves tire sont épingle du jeu, c’est dans le minimalisme des personnages et des situations. Ce sont des hommes et des femmes que montre le réalisateur, pas des archétypes de gangsters ou de politiciens corrompus, juste des hommes et des femmes broyés par une machine. Mais ce parti-pris est à double tranchant.

Le premier grand défaut à attribuer à The Batman est d’ailleurs à mettre sur le compte de ce minimalisme, qui se confond très souvent avec une absence totale de caractérisations des personnages. L’impression omniprésente d’une chappe de plomb qui s’abat sur chacun des personnages, qui leur enlève tout aspérité et toute spécificité, si ce n’est le poids de leur trauma ou leur folie. Robert Pattinson est un Bruce Wayne satisfaisant pour le cadre proposé et il dégage un vrai charisme dans son costume de Batman. Cela n’empêche pas son personnage d’être dénué d’individualité. La Catwoman terne de Zoë Kravitz, fait regretter le ton mutin d’Anne Hattaway ou la sensualité de Michelle Pfeiffer. Le pourtant très bien maquillé Pingouin de Colin Farrell paraît insipide et l’emploi à bon escient de Paul Dano en Riddler névrosé déçoit au bout de quelques scènes. Tous les éléments saillants des personnages qui permettaient de souffler face au sérieux ambiant, The Batman s’en passe bien. La sous-exposition constante de la photographie (on a l’impression que l’intrigue se déroule durant un long hiver polaire), la dilution des multiples sous-intrigues et cette propension à marmonner et à chuchoter soutiennent cette impression constante d’une anesthésie des contrastes et des sensations. The Batman fait l’effet d’un film David Fincher qui aurait relégué les sentiments, l’humanité et l’humour (même noir) de ses personnages au second plan, pour ne pas qu’on s’attache trop à eux. Au final, il n’est pas désagréable à voir et pertinent à bien des niveaux, mais il est bien décevant de la part du réalisateur qui avait su donner vie à César avec autant de vigueur et de vérité. Espérons que le Joker de Barry Keoghan apportera un peu de folie à cette morne ritournelle.

Un commentaire sur “The Batman

Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :