Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim – Lord of the Rings : War of the Rohirrim

Le Seigneur des Anneaux est devenu une date dans l’Histoire du cinéma et fait l’objet d’une nostalgie amplement méritée, si on considère l’infrastructure déployée pour le tournage des trois premiers volets, l’innovation qu’a constituée cette trilogie et à quel point elle a irrigué les blockbusters des décennies suivantes. Le pélerinage en Terre du Milieu est organisé chaque décennie. Début 2010, Peter Jackson a dû reprendre au pied-levé l’adaptation du Hobbit en trilogie, pour un résultat très honnête, mais qui épuisa ses forces en tant que réalisateur. Depuis, il n’a plus réalisé de film de fiction. Pour la décennie 2020, Amazon Prime s’est associé aux héritiers de Tolkien, tout en boudant Peter Jackson, pour produire la série Les Anneaux de Pouvoir. La série dépasse les plafonds en terme de budget de séries tévé (la saison 1 approche les 500 millions de dollars), mais son approche des appendices du Seigneur des Anneaux et le scénario développé est bien décevante, du moins jusqu’à la moitié de sa saison 2.

Le film d’animation qui sort sur nos écrans en cette fin d’année 2024, La Guerre des Rohirrim, extrapole également sur les appendices des romans, mais il se réclame de la trilogie cinématographique de Peter Jackson. Co-scénariste de la trilogie, Philippa Boyens a participé au projet dès le départ et elle a confié notamment à sa fille Phoebe Gittins la ré-écriture du premier scénario de Jeffrey Adiss et Will Matthews. Peter Jackson et Fran Walsh (sa femme et co-scénariste) ne se sont impliqués que tardivement dans la production du film à travers leur société WingNut Films. Mais la présence de Richard Taylor (directeur de WETA Workshop) et des illustrateurs Alan Lee et John Howe dans sa conception est une belle garantie de continuité visuelle avec la trilogie originelle. Plus encore, Eowyn (Miranda Otto) est la narratrice de l’Histoire. La Guerre des Rohirrim est donc sous forte influence, et on est littéralement transportés dans les Deux Tours lorsque le thème des Rohirrim composé par Howard Shore accompagne les plans d’ensemble sur les paysages de Nouvelle-Zélande. Nous nous trouvons vite à Edoras, au palais de Méduseld, plus de 180 ans avant les évènements des Deux Tours. Le roi Helm Hammerhand déclenche malgré lui une guerre contre les Dunledings qui aboutira à une nouvelle branche de royauté de laquelle Theoden sera issu. C’est à la fille de Helm, citée sans être nommée dans les appendices, qu’échoue le rôle d’héroïne de cette époque trouble. Baptisée Héra, elle devra libérer le Rohan de la tourmente provoquée par cette guerre entre son père et un de ses amis d’enfance.

Pour un film développé dans l’urgence pour éviter que New Line ne perde les droits d’adaptation des livres de Tolkien, la Guerre des Rohirrim est une belle réussite. Le côté nostalgique fonctionne dans le bon sens du terme, comme un puissant carburant qui permet d’enrichir un monde déjà bien défini. On peut regretter les emprunts évidents aux Deux Tours (une héroïne très proche de Eowyn, un siège de Helm’s deep et une conclusion similaire) qui constituent autant de bornes à un scénario qui avait toute latitude à s’en éloigner tout en restant déférant envers Tolkien. Ce sont les à-côté qui font le sel de ce film d’animation, notamment le chapître consacré à la tourmente de Helm qui le voit s’incarner toute sa démesure avec la voix de Brian Cox (Succession), ou une invitation du bestiaire des romans qui avait été peu explorée auparavant et devient le centre de la résolution du conflit. L’animation en 2D est fluide et belle. Elle sait combiner dans une certaine harmonie les inspirations nordiques de Tolkien et l’animation japonaise. La réalisation de Kenji Kamiyama permet de retrouver l’ampleur et les tics de réalisation des films de Peter Jackson tout en se laissant une marge d’originalité suffisante pour que le film puisse exister par lui-même. L’introduction promettait de raviver la légende, et il n’y a pas eu mensonge sur la marchandise. A des coudées en dessous de la trilogie originelle mais bien au-dessus des Anneaux de Pouvoir, la Guerre des Rohirrim a le bon goût de débarquer à la mi décembre dans nos salles. Autant tirer jusqu’au bout sur la corde nostalgique…

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