The Forbidden City – La città proibita

C’est le nouveau film de Gabriele Mainetti qui ouvre les hostilités de l’Etrange Festival, qui a lieu en cette année 2025 entre le 2 et le 13 septembre, toujours dans son antre historique du Forum des Images. Le réalisateur romain est un habitué du festival puisque son premier long On l’appelle Jeeg Robot y’avait raflé le Grand Prix Nouveau Genre en 2016. Mais c’est Freaks Out, son second film aux allures de blockbuster européen qui nous a vraiment convaincu de quoi le réalisateur est capable. Il y dévoile une réalisation plus maîtrisée que pour Jeeg Robot, confirme son amour pour un spectacle pop qui brasse les genres et sa grande empathie pour ses personnages, tous hauts en couleurs et bien campés. The Forbidden City est à l’avenant. Ce n’est pas un grand film, et il ne cherche pas à l’être. Mais il comporte toutes les qualités de Freaks Out et un petit plus, un mélange de culture qui prend bien, qui le rend éminemment sympathique. Pourtant le pari de réaliser un film de kung-fu italien, en brassant les deux cultures à armes égales n’était pas aisé, tant les cultures chinoises et italiennes sont l’une et l’autre très marqués et très différentes.

Ce brassage, Mainetti le construit progressivement. Il réussit son entrée en nous faisant croire qu’il va réaliser un pur film de kung-fu des 90’s en présentant le passé de son héroïne et sa quête de vengeance. Puis lorsqu’elle sort du restaurant où elle a conduit son premier massacre, nous comprenons que nous ne sommes plus en Chine, mais à Rome. Nous sommes alors sur le terrain de Mainetti, pas dans ses souvenirs cinématographiques, mais dans la Rome actuelle avec son multiculturalisme et les difficultés de cohabitation entre les générations. La beauté de The Forbidden City est dans sa façon de nous amener progressivement à découvrir que la soeur de l’héroïne et le père du héros, ses deux corps retrouvés dans un terrain vague aux abords de Rome, vivaient en dépit des apparences une vraie histoire d’amour. Ainsi les enjeux très cinématographiques du film de Kung-Fu croisent la tragédie et le mélodrame italien et une partie (certes un peu stéréotypée, mais efficace) de récit social la ville de Rome, contaminant au passage nos deux héros vengeurs. Mainetti nous donne à voir un film de kung-fu moderne de bonne qualité auquel il mêle une sensibilité italienne -exprimée souvent par la musique populaire, mais aussi par ses archétypes – omniprésente. L’un et l’autre cohabitant dans un bel équilibre.

Les personnages ne sont pas en reste. Pour son premier rôle à l’écran, la cascadeuse Yaxi Liu fait une grande impression, autant dans les scènes d’action que dans un registre plus intimiste. Sa grande présence sur le film ne vole pas pour autant la vedette à de beaux seconds rôles, bons ou méchants, qui ne font pas l’économie de l’empathie du réalisateur. Cette sincérité et cette volonté de rendre hommage – avec une touche de modernité – se voit sur tout The Forbidden City . Le film comporte des longueurs sur sa dernière partie et quelques traits forcés sur sa romance, mais Mainetti emporte une nouvelle fois le morceau. Il semble même progresser, film après film.

The Forbidden City a obtenu le Grand Prix Nouveau Genre et le Prix du Public de cet Etrange Festival 2025.

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