Réalisation : Gabriele Mainetti
Scénario : Nicolas Guaglianone, Gabriele Mainetti
Directeur de la Photographie : Michele d’Attanasio
Montage : Francesco Di Stefano
Musique : Michele Braga, Gabriele Mainetti
Chef Décorateur : Massimiliano Sturiale
Direction Artistique : Carlo Serafini, Alessandro Troso
Production : Tommaso Arrighi, Isabella de Ligne-La Trémoïlle, Giuseppe Giglietti, Mattia Guerra, Philippe Logie, Gabriele Mainetti, Stefano Massenzi, Andrea Occhipinti, Jean-Yves Roubin, Joseph Rouschop, Jacopo Saraceni, Serena Sostegni
Pays : Italie, Belgique
Durée : 2h21
Sortie en salles le 30 mars 2022

Genre : Fantastique, Drame Historique, Aventures
Note : 7,5/10
Rome, 1943. Le vieux forain Israel a créé un spectacle qui réunit Matilde, Cencio, Fulvio et Mario. Matilde produit de l’électricité. Cencio peut contrôler les insectes. Fulvio est atteint d’hypertrichose, mais il possède une très grande force. Mario peut créer des champs magnétiques et attirer les objets en métal. Alors que le conflit s’amplifie, Israel propose aux quatre de fuir en Amérique. Mais Fulvio pense que leur salut réside dans le cirque de Berlin. A la tête de ce cirque se trouve Franz, pianiste virtuose affligé de douze doigts et qui a des visions du futur, notamment celle du suicide d’Adolf Hitler. En bon serviteur du IIIème, Franz s’est mis en tête de rechercher des super-héros parmi les curiosités de foire qui parcourent le pays pour renverser le cours du conflit. A la disparition d’Israel, les quatre sont livrés à eux-mêmes. Alors que Matilde est recueilli par des partisans, ses « frères » font route vers l’Allemagne, dans un faux paradis qui se transformera en cauchemar.
Sept ans après on l’Appelle Jeeg Robot, le film de super-héros atypique qui lui ouvrit la porte des festivals, le réalisateur italien Gabriele Mainetti prouve qu’il a la carrure d’un réalisateur de blockbuster. La production value de Freaks Out est exemplaire. Pour un budget de seulement 14 millions d’euros (25x moins que Spiderman : No Way Home), il parvient à rendre crédible un univers qui n’aurait pas déparé dans un blockbuster américain de super-héros. Mais Freaks Out est justement tout sauf un blockbuster américain estampillé Marvel, en dépit de sa promo qui exhibe ses anti-héros comme des « super« . Son ADN est résolument européen. Imaginez les préquelles des X Men baignées dans l’amour des freaks de Guillermo Del Toro (Epoque Hellboy), une pincée d’Alex de la Iglesia, un peu de Terry Gilliam, et un lyrisme typiquement italien, vous aurez une petite idée des ambitions de ce blockbuster baroque. Bien sûr, lorsqu’on vise aussi haut, il est difficile d’emporter la mise. Freaks Out capitalise sur la sempiternelle Allemagne nazie, ce qui lui retire une part d’originalité et le fait évoluer sur un fil – entre drame humain et nazisploitation. Del Toro parvenait à mieux tenir ce mélange. Mais l’originalité de situer l’action au début de la Campagne d’Italie réhausse un peu ce sentiment permanent de déjà vu. Le quatuor de freaks est très sympathique. Mais contre toute attente, c’est Franz Rogowski qui offre au film la note de folie qu’il lui fallait. En Cassandre du IIIème Reich déchiré entre sa difformité et sa volonté de prouver sa valeur, il livre une performance mémorable. Gabriele Mainetti emballe quand à lui un divertissement haut de gamme à la réalisation appliquée, qui comporte de très beaux moments – particulièrement lorsqu’il s’intéresse à la jeune Matilda – et surtout une bande originale à la hauteur. Cette synthèse aboutissant à la création d’un blockbuster typiquement européen est en elle-même une belle prouesse.
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