Fallout – Saison 1

Les blockbusters du jeu vidéo ont le vent en poupe sur les plateformes. Après Halo (Paramount+) et The Last of Us (Amazon Prime), c’est au tour de Fallout – un RPG post-apocalyptique né sur PC et Mac en 1997 – de voir son univers adapté en série tévé à pognon. On pourrait se demander pourquoi cela n’a pas eu lieu plus tôt, tant le post-apo a envahi les écrans lors de la dernière décennie. Mais malgré tout ce temps avant qu’un écran ne s’en empare, je n’ai jamais joué à Fallout. C’est donc frais de tout a priori que je me suis lancé dans cette nouvelle « re-création » du couple Jonathan Nolan / Lisa Joy. Si ce n’était l’anticipation d’un récit de SF narrativement complexe, entièrement construit autour des twists/révélations et très premier degré, fidèle à ce dont les créateurs de Westworld nous ont habitué. La narration de cette première fournée de huit épisodes est plutôt travaillée, et nous aurons bien une grande révélation à l’issue de la saison, mais Fallout est tout sauf un pensum ontologique. C’est un trip post-apo qui oscille entre action, fun, satire assumée de la guerre froide et charge contre le capitalisme.

Dans cette dystopie, en 2077, la guerre froide a tellement duré qu’elle a englouti le temps. Les américains vivent toujours dans l’atmosphère des années 1950, écoutent de la musique des fifties (la bande son très sympathique est coincée dans la décennie, pour notre plus grand bonheur), mais leur univers technologique semble être supérieur au nôtre. C’est alors qu’une bombe nucléaire explose sous les yeux de l’acteur/cow-boy Cooper Howard et de sa fille. Comme le Docteur Follamour de Stanley Kubrick l’avait prédit, quelques heureux élus ont pu se payer une place dans un des abris géants de la société « Vault-Tec » et ils se donnent pour mission d’attendre le moment où ils pourront reconstruire le monde. Plus de deux cent ans ont passé. Lors du mariage de Lucy MacLean, la fille du superviseur de l’Abri 33, l’abri est attaqué par des pilleurs de la surface et le superviseur est enlevé. Lucy décide de quitter son havre de paix pour libérer son père. Cette Luke Skywalker d’une époque sombre – entraînée mais naïve – devra affronter les horreurs d’un monde baigné dans les radiations, sans foi, ni loi et où on doit être prêt à tout pour survivre. Elle croisera sur son chemin la tête la plus convoitée de ce monde, un jeune chevalier des temps modernes et un chasseur de prime goule qui n’est autre que Cooper Howard qui a mal vieilli.

Le décalage créé entre la réalité du monde de la surface et les valeurs de Lucy sont le sel de la première partie de la saison, puis Nolan et Joy dévoilent par touches successives des indices sur ce qui s’est réellement passé. Le mystère est bien entretenu, mais la charge contre le capitalisme de Fallout n’est pas son centre de gravité. L’univers développé peuplé d’animaux mutants et de profiteurs de guerre n’est pas aussi punk que celui de la géniale Z Nation, mais il réserve son lot de moments hauts en couleur et de rigolade. Le trio Ella Purnell (connue pour un rôle bien plus tragique dans Yellowjackets) / Walton Goggins (qu’on ne présente plus) / Aaron Moten (dont la ressemblance avec Denzel Washington est troublante) porte très bien la série. Au détour de leurs aventures, on a plaisir à croiser des têtes connues : Kyle MacLachlan, le génial Michael Emerson (entre deux saisons d’Evil) Michael Cristofer (Mr Robot), Matt Berry (What we do in the shadows), Chris Parnell (Archer), Michael Rapaport (True Romance, NYPD Blue), Fred Armisen, Mykelti Williamson …et même Erik Estrada (Chips). Fallout est une série sympathique et bien bâtie qui porte en elle un univers intéressa t. Elle sait compenser son aspect un peu lisse par une dose d’irrévérence certes pesée, mais qui fait plaisir après des années de post-apo sérieux. Le ride proposé n’est pas inoubliable, mais on sera heureux d’en reprendre, ne serait-ce que pour retrouver ces personnages. C’est déjà un beau compliment pour une série sortant d’Amazon Prime.

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