Producteurs exécutifs : Jemaine Clement, Taika Waititi, Paul Simms, Scott Rudin, Garrett Basch, Eli Bush
d’après le film « what we do in the shadows (vampires en toute intimité) de Jemaine Clement & Taika Waititi
Scénaristes : Jemaine Clement, Paul Simms, Josh Lieb, Tom Scharpling, Duncan Sarkles, Iain Morris
Réalisateurs : Taika Waititi (pilote), Jemaine Clement, Jackie van Beek
Compositeur : Mark Mothersbaugh
Origine : USA
Genre : Mockumentaire, comédie fantastique

Acteurs Principaux : Matt Berry, Kayvan Novak, Natasia Demetriou, Harvey Guillen, Mark Proksh
Episodes : 10
Chaîne : FX
Où je vois ça en France? Sur Canal + Series
Note : 8,5/10
En 2014 sortait « what we do in the shadows », faux documentaire néo-zélandais de Jemaine Clement (Flight of the Conchords) et Taika Waititi, tiré de leur court-métrage tourné en 2005. Dans un format proche de « the Office » et « Parks & recreation », le film parvenait à réunir les mythes vampiriques constitués à travers les âges pour les faire cohabiter (Un Nosferatu, un Dracula, un vampire dandy à la Anne Rice, un vampire moderne style « blade »). Le côté documentaire décalé fonctionnait parfaitement, les passages comiques étaient savoureux et les personnages très attachants. Le film sortait en France bien plus tard sous le titre « vampire en toute intimité », assorti d’un doublage volontairement potache qui évacuait le premier degré du documentaire. A défaut de succès mondial, le film se forgea un beau public de fans. Remarqué par Marvel, Taika Waititi est promu à la tête du sympathique « Thor Ragnarok ». Cinq ans plus tard, le duo Clement/Waiti rempile pour la série.
Episode 1 – Pilote 8,5/10
Les vampires du film ont été remplacés par Nandor, Laszlo, Nadja et Colin Robertson, flanqués du familier de Nandor, Guillermo. Ceux-ci auraient migré d’Europe vers les Etats-Unis, au lieu de la Nouvelle-Zélande. Ces changements n’empêchent pas ce pilote d’être dans l’esprit du film : un « the office » fantastique ponctué de confessions face caméra, explorant progressivement un microcosme surnaturel niché dans le monde moderne et incorporant des fausses (et hilarantes) images d’archives sur la vie des immortels. Le côté « pris sur le vif » fonctionne moins, les nouveaux personnages se mettant un peu trop en scène. On perd la partie la plus subtile du film qui confrontait tous les styles de vampire, ceux-ci étant nettement moins caractérisés. Néanmoins, l’ajout d’un élément féminin est bien vu, comme celle du familier Guillermo, qui fait office de lien humain dans cet univers inconnu. La meilleure idée est d’avoir incorporé un vampire psychique diurne, Colin Robinson, qui peut vampiriser l’énergie des humains et des vampires. Un type tellement chiant qu’il pompe votre énergie, et son terrain d’action est…un bureau.
La série propose une intrigue différente : Point de unholly masquerade, mais la visite d’un vampire ancien (interprété par Doug Jones) qui impose aux héros de conquérir les Etats-Unis (ou du moins Staten Island) avant son réveil. Tous ces nouveaux éléments augurent de bonnes idées encore dans les cartons, et une volonté d’aller plus loin que le film.
Episode 2 – City Council 8/10
Les trois vampires et Guillermo doivent préparer un plan pour conquérir Staten Island. Colin Robinson les conduit à une séance du conseil municipal lors de laquelle Nandor exige le pouvoir. Sa requête rejetée aimablement, il décide de se venger de la présidente. Pendant ce temps, Lazslo tente de séduire celle-ci et Nadja convertit une jeune vierge.

Les bons points du pilote sont confirmés et la série se met sur ses rails. La grandiloquence des vampires trouve un parfait contre-terrain avec l’austérité des séances du conseil, lieu de villégiature d’un Colin Robinson on fire. Nous aurons en prime un beau pétage de cable de conseiller municipal sous emprise. Le jeu avec les codes continue, ici avec une étreinte suivie d’une transformation anticlimactique au possible. La parfaite intégration des propriétés magiques des vampires (vols, déplacements rapides) fait plaisir à voir.
Episode 3 – Werewolf Feud 8/10
Suite à un accrochage avec un loup-garou devant leur manoir, les trois vampires et Guillermo doivent se confronter à sa meute…en suivant les règles. Pendant ce temps, Colin Robinson rencontre Evie Russell, un vampire émotionnel qui a décidé de chasser sur son terrain. Les deux vampires émotionnels décident de chasser/sortir ensemble pour maximiser leur efficacité.

La série n’est pas à court d’idées. Pour la partie The Office/Colin, l’arrivée d’un vampire émotionnel qui se nourrit de la pitié des gens est somme toute logique. Vanessa Bayer du Saturday Night Live joue bien son rôle, même si l’alchimie entre elle et Colin ne fonctionne pas toujours (la scène de battle est plutôt faible et il y’a une tendance à trop en faire). Nous avons enfin le plaisir de rencontrer les loups garous, qui sont aussi crétins et gouvernés par leurs instincts animaliers que dans le film, en plus de former des pack pluri-ethniques très pratiques pour les quotas télévisuels. On continue à ce niveau de détourner avec humour les codes du fantastique. L’affrontement avec les vampires ne se joue évidemment pas selon les règles et ses derniers gagnent la manche avec une idée de génie.
Episode 4 – Manhattan Night Club 8/10
Afin de gagner du terrain, les trois vampires décident de s’allier avec Simon le Perfide, qui contrôle Manhattan. Ils le retrouveront dans son club pour une négociation très déséquilibrée qui comprend le chapeau maudit de Laszlo. Pendant ce temps, Guillermo rencontre d’autres familiers et il se rend compte qu’il n’est pas aussi bien traité qu’il devrait l’être. L’étudiante converti par Nadja dans l’épisode 2 complète sa transformation.

Nous quittons enfin Staten Island pour aller explorer d’autres territoires où les vampires règnent, au milieu d’un club de Manhattan qui révèle à la fois l’organisation du microcosme des familiers (qui ont leur propre newsletter!) et les bandes de vampires existant un peu partout. Le chapeau maudit de Laszlo est le fil rouge de l’épisode et nous permet de conclure sur une note de justice poétique. Un petit vol au dessus de New-York à l’issue …douloureuse est aussi programme. Même si on pouvait espérer que la prise de conscience de Guillermo fasse un peu avancer son statut, ce n’est probablement pas demain la veille qu’il sera transformé.
Episode 5 – Animal Control 7,5/10
Alors qu’il tente d’impressionner Nadja, Laszlo se fait assommer par les voisins dans son apparence de chauve souris. Il est aussitôt conduit à la fourrière. Nandor, Guillermo et Colin Robertson devront ruser pour le délivrer de cette prison. Pendant ce temps, Nadja retrouve Jeff (Episode 1), énième incarnation de son ancien amant Gregor. Elle découvre vite que ce dernier a bien changé et elle devra faire revenir les souvenirs de son ancienne vie pour réveiller le conquérant qui est en lui.

La série a trouvé son rythme de croisière et elle peut se permettre de temporiser avec des épisodes plus anecdotiques comme celui-ci, qui étofferont un peu plus les personnages. Les vampires n’y sont pas montrés sous leur meilleur jour, toutes leurs tentatives d’hypnose ou de changement de forme se soldant par des échecs. Si cette carte pourrait à l’avenir atteindre leur crédibilité (ils ont quand même traversé les siècles…), le côté absurde de la situation de cet épisode permet de faire passer la pilule. La partie sur Nadja, très sympathique, permet de vérifier que what we do in the shadows a un peu de mémoire. En espérant que ce Gregor revigoré revienne de temps à autre en tant que ce second rôle.
Episode 6 – Baron’s Night Out 7,5/10
Le baron se réveille de son sommeil et il est bien devenu un vieux con, lui qui était jadis si cool et libéral. Mais une sortie en ville dans le Nouveau Monde avec Nadja, Laszlo et Nandor va remettre les choses en place

Confidences, sang alcoolisé et sang de drogué sont en programme, avec un final prévisible mais qui est tellement stupide qu’il valait le coup de se concentrer sur cette intrigue pour tout l’épisode, et de laisser encore un peu de côté Colin Robinson. Du coup, le fil rouge de la saison meurt prématurément, mais cela n’est pas un mal.
Episode 7 – The Trial 8,5/10
Suite au précédent épisode, nos trois vampires sont jugés par le Conseil vampirique qui regroupe des acteurs ayant incarné des vampires célèbres : Wesley Snipes (via skype) pour Blade, Evan Rachel Wood pour True Blood, Tilda Swinton pour only lovers left alive, Danny Trejo pour Une nuit en enfer et Paul Reubens pour Buffy tueuse de vampires. Et bien évidémment les trois vampires du film « what we do in the shadows ». A côté, des apparitions de Dave Bautista et Kristen Schaal (Pour en savoir plus sur ce grand rassemblement vampirique). Bref, que du beau monde pour cet épisode spécial.

Nous faisons connaissance avec un bébé vampirisé par Laszlo. Le rôle des familiers est de nouveau mis en avant et Nandor sauve in extremis Guillermo de sa sentence. Le regard caméra final de Colin Robinson est priceless. On dénote néanmoins un vrai problème sur la gestion de l’équipe de tournage, qui est mise en avant depuis l’épisode 6. Comment peuvent-ils être admis à une cérémonie secrète alors même que les familiers n’y ont pas accès, et pourquoi ne sont-ils pas appelés à témoigner lors du procès? Mais peu importe, ce détail ne gâche pas le plaisir.
Episode 8 – Citizenship 7,5/10
Nous retrouvons l’étudiante qui avait été transformée par Nadja. La pauvre ressent les changements, mais ignore qu’elle a été initiée. Nadja finit par vendre la mèche. Elles infiltrent une soirée étudiante pour que l’intiée boive du sang humain. Elle qui n’avait visiblement aucun don vampirique se découvre alors une faculté d’invisibilité.

C’est un coup bas de plus pour Guillermo puisqu’il découvre qu’ils peuvent transformer les gens par hasard et qu’il n’y a aucun besoin de servir en tant que familier (il a sans doute plus de chances de devenir un loup garou qu’un vampire). La deuxième intrigue sur l’acquisition de la nationalité américaine par Nandor est plus anecdotique. Mais même avec Colin Robinson un peu en retrait, la série reste toujours aussi drôle.
Episode 9 – The Orgy 7,5 /10
L’épisode suit l’organisation de l’orgie vampirique bi-annuelle au manoir de Staten Island. Un événement qui demande une grande exigence d’organisation et met nos vampires sous pression. Laszlo en profite pour se livrer sur sa carrière d’acteur au cours du siècle dernier.

Les pornos de Laszlo sont clairement les meilleurs moments de cet épisode sympathique, mais qui ne fait que revisiter la unholly masquerade du film en version plus trash. Le couple de Nadja et Laszlo prend du plomb dans l’aile. Poussé toujours plus loin par Nandor, Guillermo devra faire face au sacrifice d’un ami vierge pour conserver son statut de Familier.
Episode 10 – Ancestry 8 /10
Nous terminons cette très bonne première fournée par une révélation sur Guillermo, qui serait un descendant de…Van Helsing. Et le pauvre se rend compte qu’une grande partie de ses actions passées, dont le meurtre accidentel du baron, ont été guidées par la génétique. De quoi mener à un cliffhanger hilarant et très logique.

Gregor/Jeff, la réincarnation de lu grand amour de Nadja, fait son grand retour en s’évadant de l’asile, mais il va rencontrer son grand exécuteur. Une fin de saison romantique, d’un point de vue vampirique, pour Nadja et Laszlo. Pendant ce temps, Nandor enterre dans la douleur une de ses descendantes. Le bilan de cette première saison est très bon. En prolongeant l’univers du film, What we do in the shadows version TV a donné un beau coup de pied dans le paysage ronflant des sitcoms.