Vice-Versa 2 – Inside Out 2

Il y’a bien des choses qui peuvent expliquer qu’on ne se presse pas pour aller voir Vice-Versa 2. Après des années à exploiter de vieilles idées, Pixar avait respecté sa ligne de nous offrir du neuf, à un Buzz l’Eclair près. Mais si les idées ne manquent plus, la nouvelle étincelle qui a donné naissance à En avant ou Soul (ou bien le premier Vice-Versa il y’a 9 ans) est chancelante. Le dernier effort en date, Elémentaire, partait d’un concept intéressant mais il restait à la surface et abritait de nombreux poncifs qui trahissaient un manque d’exigence scénaristique. Ressortir Vice-Versa 2 des cartons ravivait le spectre des années 2010, celui de la répétition du même avec une ou deux idées pour justifier son existence. Mise à part l’exception Toy Story, laquelle de ces suites correctes aura laissé une trace dans notre mémoire ? La crainte d’un retour de la tiédeur mêlée au chiffre 2 aurait pu faire passer Vice-Versa 2 à la trappe. Mais le préjugé, cette émotion qui préserve le cinéphile de tant de navets tout en réveillant l’Anton Ego qui est en lui, n’est pas toujours pertinent. Il occulte parfois de vraies surprises, parmi lesquelles figure sans aucun doute ce deuxième volet des aventures des émotions de Riley.

Sous le haut patronage de Pete Docter (co-réalisateur du premier), Kelsey Mann (le Monde d’Arlo) a su reproduire la fraîcheur et le bouillonnement d’idées qu’avait été le premier volet. Dès les premières minutes, le casse-tête de la personnalisation des émotions redevient une expérience ludique, avec des allers et retours entre Riley et les « coulisses de Riley » toujours aussi fluides et une acuité particulière dans l’analyse des émotions. Mais ce retour de la même équipe introduit un nouvel élément, l’estime de soi, qui a été nourrie par les expériences positives de Riley que Joie a cultivées dans une sorte de jardin. Joie a aussi décidé de remiser tous les mauvais souvenirs de la jeune fille pour qu’elles ne remettent pas en cause son assurance et sa positivité. Mais l’alarme de la puberté débarque et détruit l’équilibre construit, avec l’arrivée de nouvelles émotions : L’envie, l’ennui, l’embarras et leur cheffe, la terrible anxiété qui ne tarde pas à prendre le contrôle de Riley. Les émotions de son enfance sont refoulées et anxiété entend bien tout calculer pour que l’adolescente ne loupe pas un des grands tournants de son existence : Un stage de hockey qu’elle attendait depuis très longtemps. Les émotions refoulées n’ont pas d’autre choix que de tenter le tout pour le tout pour sauver Riley.

Et c’est bien là que Vice-Versa 2 fait la différence. Il reprend les codes du premier volet pour élargir les enjeux. L’adolescence est le champ des possibles, et aussi une période déterminante dans le choix de l’émotion qui sera en contrôle de l’adulte que sera Riley. Ce stage de hockey est dans cette période une première expérience fondatrice dont on saisit très vite l’enjeu. Le spectateur s’est attaché à la fillette et il ressentira une urgence à ce que la joie revienne aux commandes de sa vie et détruise pour de bon l’anxiété qui la pousse à tout calculer par peur de l’échec. Mais cette urgence plutôt efficace qui créé le suspens du film paraît trop simpliste, trop Disneyienne. L’anxiété, l’ennui, l’embarras ou le sarcasme sont-elles vraiment de mauvaises émotions ? Cette intrigue cache en fait une vérité que Joie devra elle-même découvrir, à l’issue de son propre parcours : Anxiété et elle ne sont que les deux faces d’une même pièce, toutes deux aussi nuisibles à terme pour Riley.

A côté de ce chemin d’initiation, Vice-Versa 2 nous fait revivre avec justesse et humour les nouveaux sentiments qui naissent à l’adolescence, l’intensité de moments en apparences anodins et la difficulté d’affronter cette zone d’inconnues sans se perdre. Mais le point de vue du parent sur l’adolescent est aussi très présent au travers des réactions de Joie et d’Anxiété. On a aucune peine à imaginer la projection des auteurs de ce deuxième volet, en tant que parents, sur ces deux personnages. C’est peut-être ce double niveau de lecture parlant autant à l’ado qu’au parent qui rend ce nouveau PIXAR ausssi proche de ceux de l’âge d’or. Jusqu’à sa dernière image, c’est un très beau film, d’une limpidité qui cache plusieurs niveaux de complexité, d’une fluidité qui dissimule un scénario travaillé et retravaillé. Il est un peu à Vice-Versa ce que Toy Story 2 était à Toy Story.

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