Réalisation : Angus MacLane
Scénario : Angus MacLane, Matthew Aldrich, Jason Headley, Andrew Stanton, Lauren Gunderson
Directeur de la Photographie : Jeremy Lasky, Ian Meggiben
Montage : Anthony Greenberg
Musique : Michael Giacchino
Chef Décorateur : Tim Evatt
Casting : Natalie Lyon, Kevin Reher
Production : Pete Docter, Emily Mollenkopf, Andrew Stanton, Galyn Susman, Michael Warch
Pays : USA
Durée : 1h40
Sortie en salles le 22 juin 2022

Genre : Film d’Animation, Science-Fiction
Note : 7/10
Buzz l’Eclair est à la fois un curieux retour en arrière pour Pixar et une très bonne nouvelle. Une très bonne nouvelle parceque nous avons de nouveau le plaisir de découvrir un Pixar sur grand écran, ce qui n’était plus arrivé depuis En avant à cause de la pandémie et du lancement de Disney + (Soul, Luca et Alerte Rouge n’ont été diffusés que sur la chaîne du mogul aux grandes oreilles). Si les américains ont réservé à Buzz un four monumental au box office – il dépasse à peine son budget de 200 millions de dollars après plusieurs semaines – les français lui ont réservé un bon accueil. Cela ne devrait pas empêcher Disney de tirer les mauvaises conclusions, et de se tirer une balle dans le pied en diffusant le film sur Disney + dès ce 3 août, partout sauf en France pour cause de chronologie des médias. Ca risque de télécharger sec sur les prochains mois pour les frenchies qui auront eu la flemme de se déplacer en salles et qui ne voudront pas attendre la diffusion sur la chaîne dans près de 15 mois. Mais on ne peut leur dire qu’une chose : Découvrir un Pixar en salles, ce n’est pas découvrir un Pixar sur Disney +. Quoiqu’on pense de Buzz l’Eclair, il est bien plus dynamique, plus fluide dans son action et plus inventif dans ses détails que ce qu’on peut trouver chez la concurrence, et on ne pourra réellement apprécier ses qualités que dans une salle de cinéma.
Le film d’Angus McLane (co-réalisateur du Monde de Dory) est aussi un curieux retour en arrière à la saveur d’une madeleine de Proust, car il nous fait découvrir le film qui a poussé Andy à acheter le produit dérivé Buzz l’Eclair à l’origine de l’histoire de Toy Story. En somme, un film sorti il y’a près de trente ans (Toy Story se déroule en 1995), qui ciblait alors des enfants…qui sont maintenant de grands adultes. Il ne joue pas sur la fibre nostalgique des blockbusters du début des 90’s et paraît même un peu anachronique puisque taillé dans le moule du film de SF des années 2020 (diversité plus présente, personnage homosexuelle etc…). Un des plus grands plaisirs du film est de guetter les caractéristiques du ranger Buzz l’Eclair et les éléments de l’histoire qui répondent à la personnalité du jouet Buzz l’Eclair (qui était aussi opposé à un jouet Zorg). Au début de Toy Story, la personnalité de Buzz jouet se calque sans surprise sur celle du Buzz individualiste du début du film, mais comme on le sait le tir fut corrigé grâce à son amitié avec Woody et les autres jouets d’Andy. Dans le film Buzz l’Eclair, il s’agit pareillement d’une prise de conscience que le héros astronaute fait partie d’un tout. Si l’on considère que Toy Story est le réel et Buzz l’Eclair la fiction, Angus MacLane et ses compères composent un jeu de miroirs intéressant qui ne sera réellement apprécié que par les grands enfants qui ont vu et revu les Toy Story. Mais Buzz l’Eclair peut s’apprécier à un autre niveau, comme ce qu’il est : Un bon Pixar sans prétention, un peu décevant à la vue des promesses faites pour cette décennie mais qui aurait eu une belle place dans l’ère 2010 – 2020.
Explorant une planète habitable, Buzz et sa commandante Alisha Hawthorne doivent faire demi-tour car il y’a une vie hostile, mais Buzz endommage le vaisseau. Un an plus tard, une base a été construite pour accueillir les passagers le temps de trouver une solution. Buzz se propose pour tester le combustible indispensable aux vols en hyperespace, mais à chacun de ses échecs, quatre ans se sont écoulés sur la planète lorsqu’il revient. Ainsi Buzz ne vieillit pas alors que 62 ans se sont écoulés. Sa commandante finit par mourrir et l’homme qui la remplace annule la mission de Buzz. Tous ces évènements nous ont déjà entraîné dans l’action alors que l’histoire n’a pas démarré. Lorsque Buzz et le chat robot qui a été offert par le commandant trouvent enfin une solution pour réussir le test, il découvre à son retour (vingt six ans plus tard) qu’un vaisseau menace les habitants de la planète : C’est le vaisseau de Zorg. La petite fille du commandant et deux autres pieds nickelés seront le seul équipage que Buzz aura à disposition, et il aura fort à faire pour rattraper la situation.
Buzz l’Eclair est un bon film de S-F, qui bénéficie de la science du montage et du découpage de scénario de Pixar, et qui peut donc exposer en quinze minutes d’images à la fois ces enjeux et un concept difficile à saisir dans ses implications émotionnelles (le temps relatif pour le voyageur de l’espace). Son introduction très dense en est un bon exemple. Bien moins novateur que le Wall-E d’Andrew Stanton, Buzz l’Eclair se veut très classique dans son déroulement (dans le bon sens du terme). Il offre un spectacle honnête et sincère avec des personnages plutôt attachants, au dénouement très prévisible, sans être avare en idées narratives typiquement Pixariennes. Même si aucune d’entre elles n’est véritablement novatrice, elles s’intègrent au scénario avec beaucoup de fluidité. On apprécie le voyage, mais il semble être un petit exercice récréatif moyennement stimulant pour la relève Pixar, qui a besoin de plus gros challenges visuels et scénaristiques pour retrouver la grandeur des réalisateurs fondateurs – et surtout innover dans le domaine de l’animation. En Avant et Soul avaient bien pavé la route. Il ne faudra pas trop s’égarer en chemin.
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