A la fin de X, Maxine Minx roulait vers une nouvelle vie, forte d’une expérience de survie enrichissante. Hollywood allait être du gâteau en comparaison des quelques heures passées dans la demeure de Pearl et Howard. Ti West l’avait quittée le temps d’un film pour raconter la jeunesse psychotique de Pearl, qui revenait sous les traits de Mia Goth. Pour le troisième volet, nous retrouvons Maxine à Hollywood en 1985 alors que sa carrière s’apprête à décoller. Après des années dans l’industrie du porno, la rescapée a décroché un rôle dans le deuxième volet d’une franchise d’horreur, la Puritaine (!), et elle compte bien s’en servir comme tremplin pour se démarquer de la longue liste des aspirantes actrices sur la paille. Mais voilà que le passé se rappelle à elle à travers un détective aussi vulgaire que collant (Kevin Bacon, cabotin à souhait) et un mystérieux tueur qui décime ses proches les uns après les autres. Si elle ne veut pas laisser passer cette chance de devenir célèbre, elle devra affronter seule ces obstacles.
L’arrivée de MaxXxine dans les salles obscures françaises à grand renfort de promo – après la difficile exploitation de X et la sortie DTV de Pearl – est déjà en soit une petite victoire. Celles et ceux qui se déplaceront au ciné pour revivre le Hollywood des années 80 ne seront pas déçus par le spectacle offert par Ti West. Le monde qu’il nous décrit est un vrai monde de cinéma, bien plus proche d’Il était une fois à Hollywood de Tarantino que d’une version hollywoodienne de la dernière saison de la série The Deuce de David Simon (sur l’essor de la vidéo porno à la même époque, à New-York). Il n’y est d’ailleurs même pas question d’industrie du porno, puisque l’héroïne s’en extirpe justement au moment où démarre ce volet. Ti West reprend une partie des tics de réalisation des 80’s et une bande son aussi tapageuse que sympathique (l’intro sur ZZ Top donne le tempo) pour redonner vie à une époque dynamique et entraînante. Meilleur film de la trilogie sans pour autant être un chef d’oeuvre, MaxXxine est bien mené, bien plus incarné et ne souffre d’aucun problème de rythme relevés sur X et dans une bien moindre mesure, sur Pearl. L’ensemble est un brin lissé mais convaincant, glissant entre le polar et une satire modérée du milieu du cinéma de l’époque (et du passé, via des décors prestigieux), tandis que notre starlette en devenir nous montre de quoi elle est capable.

Mia Goth a aussi pris du poil de la bête. Déjà bien plus à l’aise sur Pearl, elle apporte une dimension supplémentaire à la gamine fugueuse du premier film. Sous des dehors mutiques, elle jauge longtemps ses interlocuteurs, mais elle frappe. Elle entreprend sa carrière, imperturbable et (en apparence) arrogante, comme la survivante qu’elle est devenue – avec comme mantra les mots prononcés par son père en introduction du film. Ti West a du mal à la rendre humaine, à l’exception notable d’une scène qui révèle sa vraie nature. Mais peu importe. Elle est une forme de symbole de la revanche des femmes qui se sont effacées au point de ne pas accomplir leur rêve. Après avoir affronté la jalousie de Pearl, elle devra ici faire face à un autre symbole du « patriarcat » autrement plus puissant. En retournant la situation à son avantage pour la mettre au service de son but, la star en devenir montre que les temps changent. Cette liberté lourdement acquise ne s’est pourtant pas faite sans y laisser des plumes. La trilogie de Ti West, qui est plus une trilogie sur l’état des moeurs aux USA à différentes époques qu’une trilogie horrifique, est bien l’histoire de la libération d’une prison pour en rejoindre une autre. La trilogie X se conclut (pour le moment) sur la colline de Hollywood, colline où la jeune actrice boudeuse qui pouvait encore il y’a peu pleurer son meilleur ami gagne sa liberté d’hurler cyniquement avec la meute. Une success story à l’américaine !

Bonjour Gwenaël,
Je me retrouve en partie dans cette excellente analyse qui ne fait pas l’impasse sur les faiblesses du scénario. Néanmoins, on peut reconnaître à West un certain talent pour jongler avec les références et s’en servir pour nourrir son propos. Et puis, il peut compter sur Mia Goth pour lui apporter une plus-value. Un échange de bons procédés qui semble dans une dynamique ascendante. N’ayant pas vu les autres films de la trilogie, je ne me prononce que sur celui-ci.
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Guénaël, pardon.
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J’ai adoré !!!
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