Depuis sa sortie le 9 octobre, le troisième opus des aventures sanglantes d’Art le Clown s’envole au box office de l’hexagone : 45000 entrées sur le premier jour, soit à peine moins que le Le Robot Sauvage de Dreamworks et ses 45566 entrées et dix fois plus que le premier jour d’exploitation de Terrifier 2. Le film n’était pourtant projeté alors que dans 126 salles en raison de la mesure exceptionnelle d’interdiction au moins de 18 ans décidée par le CNC. Une mesure rare pour un film d’horreur – le dernier à en avoir bénéficié était Saw 3 en 2006. Le deuxième volet qui comptait une poignée de scènes tout aussi gores, avait écopé d’une interdiction au moins de 16 ans. Comme pour Saw 3 à l’époque, le buzz de l’interdiction a titillé les spectateurs et porté le film de Damien Leone au sommet. Les exploitants sont sur les dents, et le nombre de salles va grandissant. De quoi rendre jaloux Todd Phillips dont le tiédasse Joker : Folie à deux peine à déchaîner les foules. La folie enfantine et primale d’Art le Clown, qui prend toujours autant de plaisir à la tâche, sonnerait-elle le glas des clowns tristes ?

Terrifier 3 est toujours le rejeton des boogeymen sanglants des années 80 et 90, sorte de pendant muet et dix fois plus sadique d’un Freddy Kruegger. Damien Leone flirte toujours avec un amateurisme qui participe du charme de son film : L’image est toujours craspec, les maquillages à l’ancienne rendent hommage aux pionniers du gore (le légendaire Tom Savini fait un habituel caméo), le thème musical est lancinant et l’argument de slasher fantastique est tout aussi rudimentaire que pour les deux premier opus. Cinq ans après les évènements de Terrifier 2, Sienna et Jonathan gèrent différemment leur trauma. Sienna est sortie d’un institut pour aller vivre chez sa tante, mais des visions des morts persistent en dépit du traitement qu’elle suit. Elle se lie avec sa jeune cousine qu’elle n’avait pas vue depuis des années. Choisissant de passer à autre chose, son frère est entré à la fac, ouvrant malheureusement une porte à Art pour venir démembrer quelques étudiants. Notre clown a réussi à survivre sans tête, et si vous avez suivi le post-générique de Terrifier 2, vous avez probablement compris que Vicki Heyes est le nouveau cheval de Troie du clown dans notre monde. La pauvre victime du premier Terrifier a perdu la tête pour de bon et elle prend beaucoup de plaisir aux exactions du clown, qui aime toujours un bon public.
Terrifier 3 a ses défauts. Il est presque aussi long que le deuxième opus, et Damien Leone a toujours des soucis à gérer ses plus de 2h de film. Dans une structure de slasher de Noël plus classique que les précédents, il nous embarque dans une introduction à rallonge qui fait ressentir que le film durera très longtemps. Heureusement, le montage parallèle avec les massacres du clown qui dézingue un à un tous les rites de Noël vient dynamiser l’ensemble. Le climax final tranche d’un coup, débarquant sans crier gare, dans une ellipse étrange qui renforce son côté cauchemardesque. On ne sait si le réalisateur a créé son effet à dessein ou s’il a dû réaliser des coupes, mais il vole alors à contre-courant des autres slashers, qui tendent à soigner leur montée en puissance et au moins à montrer le dernier round de leur personnages principaux. La première option semble être la plus pertinente car Damien Leone a déjà su prouver qu’il préfère la qualité sur la quantité, n’hésitant pas à garder hors champ les massacres qui ne contiendraient pas de nouvelles « idées » ou de nouvelles armes pour faire durer les plus « créatifs ». Ne vous y trompez pas, malgré son aspect volontairement grand guignol, Terrifier 3 n’est pas une partie de plaisir. Il ne faut surtout pas y traîner vos enfants, à moins de vouloir les traumatiser sur le long terme. C’est plutôt une bonne nouvelle de voir un film comme celui-ci dans une salle comble (et de façon surprenante, sans un gros boucan) après des années de production Blumhouse et de films de trouille « respectables » qui semblaient avoir fait oublier ce qu’était un film d’horreur.

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