Vous pensiez que Don Mancini et sa troupe avaient épuisé leurs idées avec la saison 2 de Chucky ? Ce serait mal les connaître. L’an dernier, ils s’étaient amusés à regrouper les victimes et alliés de Chucky / Charles Lee Ray dans une comédie noire familiale joyeusement bordélique, un peu inégale, mais globalement réjouissante. On se souvient aussi des dézinguages de quatrième mur de la marionnette qui se mettait en scène dans un talk show exhaltant son compteur de victimes. Savoureux sur une saison, ces moments auraient pu faire glisser la série vers une parodie d’elle-même. Ils sont heureusement quasiment absents de la saison 3 qui a choisi de se concentrer sur un fil rouge. Rescapés du carnage de la fin de la saison 2, Jake, Devon et Lexy font tout pour retrouver Caroline, la petite soeur de Lexi qui a rejoint le camp de Chucky. Pendant ce temps, notre marionnette tueuse a trouvé un nouveau domicile à Washington D.C : La célèbre Maison Blanche. Nous découvrirons progressivement ce qui a mené Chucky en ces lieux, mais nous savons déjà que la famille présidentielle est en deuil depuis la mort du plus jeune fils du couple présidentiel. Le petit Henry a adopté Chucky qui se présente sous le nom de son défunt frère, Joseph. Lorsque les trois rescapés découvrent la cachette de Chucky, ils se mettent en tête d’entrer à la maison blanche par tout moyen pour en finir avec celui qui a brisé leur vie. Pendant ce temps, Tiffany (Jennifer Tilly) s’apprête à payer l’ensemble de ses crimes.
Après la religion, Chucky s’attaque donc à la politique. Si cette saison 3 avait été un film, il aurait pu s’appeler « Chucky à la Maison Blanche ». Don Mancini est son équipe semblent être revigorés par cette nouvelle idée, qui est pour eux comme une mine d’or. La maison blanche n’est-elle pas la maison où des décisions ont été prises sur la vie de milliers de gens ? L’exploration ne se limite pas au bureau ovale. Les scénaristes explorent tous ses recoins, dans les fantômes nés dans l’enceinte de Washington, dans les multiples ailes et sous-sols (jusqu’à la préparation de la bombe atomique), dans le secret d’Etat et les arcanes des services secrets (via le personnage incarné par Gil Bellows). Le cheval de Troie est l’enfant d’un président qui a misé sur une transparence complète de chacun de ses faits et gestes, qui sera mise à mal par les meurtres commis par Chucky dans les lieux et l’habitude historique de l’administration présidentielle de tout passer sous secret. L’idée de couper la saison en deux – pour cause de grève des scénaristes durant le tournage – a permis de ne pas handicaper l’écriture et a sans doute contribué à ce que la dernière partie soit aussi dense. On n’a pas le temps de s’ennuyer. On s’attache très vite au petit microcosme de la nouvelle demeure de Chucky, toujours haut en couleurs et on rit de la façon dont Charles Lee Ray détourne à ses fins les symboles de la nation américaine.
Cette saison aurait aussi pu s’appeler « le Châtiment de Dambala » car notre poupée tueuse n’a pas choisi de s’installer à la Maison Blanche pour rien. Elle est dans une fâcheuse posture. Le Dieu vaudou qui a permis toutes les réincarnations de Charles Lee Ray s’est senti floué par un détail qui a eu lieu dans la saison 2, et il a décidé d’abandonner son disciple. Chucky vieillit à vue d’oeil, et il meurt peu à peu. L’abandon de Charles Lee Ray par son dieu est une grande idée car elle rebat les cartes alors qu’on considérait Chucky comme invicible. Centre de gravité de toute la saga, le culte de Dambala n’avait pas été abordé frontalement. C’est chose faite avec cette saison où les scénaristes nous invitent – avec l’humour noir qui les caractérise – à découvrir un cabinet médical dédié aux cultistes vaudou. Si elle réserve toujours de nouveaux coups de coudes aux fans (l’apparition de Brad Dourif, John Waters dans un rôle savoureux), cette saison 3 a pris pour partie d’aller de l’avant. Fini l’exploitation des personnages et idées de la saga cinématographique Chucky. La série Chucky, plus que jamais rentre-dedans et iconoclaste, enrichit sa mythologie et se prépare à une belle saison 4.

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