The Substance

La scène d’ouverture de The Substance est un plan fixe sur une étoile du walk of fame d’une actrice, Elizabeth Sparkle. On voit la construction de l’étoile, on entend les gens admiratifs parler d’elle. C’est un âge d’or. L’étoile est brillante. Puis le temps passe et l’étoile se craquelle, les passants se souviennent de « cette femme qui tournait dans ce vieux film », puis ils n’y prêtent plus attention à l’étoile, allant jusqu’à la piétiner. Dans une idée visuelle simple et brillante, digne des meilleurs films classiques hollywoodiens, Coralie Fargeat a réussi à figurer la vie d’une femme qui s’est entièrement construite sur sa célébrité. On aurait aimé que la suite soit aussi percutante que cette ouverture, d’autant plus que le concept est bien trouvé : Une substance permet de se diviser un être humain en deux. La deuxième partie est une meilleure version de sa matrice. Les deux parties doivent alterner pour conserver un équilibre, car au final elles ne sont qu’une seule et même personne. Mais l’esprit humain est tellement tordu que les deux parties d’un tout peuvent très bien s’entre-dévorer. On pense à une version organique de la série Severance, qui porte en elle une critique sociale proche, mais bien plus subtile.

Sous couvert de satire, le film de Coralie Fargeat (le sympathique Revenge ) tourne autour de lui-même pendant 2h20, dans un univers outrancier et maniéré qui ne se repose jamais. On pourrait se réjouir de voir un film qui porte haut les couleurs des films gores burlesques des années 80, qui nous renvoie aux essais des 80’s de David Cronenberg et nous jette en pleine face un mélange de Society et des excroissances gore d’Hennenlotter, mais The Substance n’a pas grand chose de ses modèles iconoclastes, imprévisibles et provocateurs. Le rire y’est aggressif et désespéré, le déroulement peu surprenant, le constat d’une grande banalité, l’univers confiné qu’on nous présente pas vraiment à la hauteur de la démesure de l’univers décrit. Les personnages du film sont à l’image de son scénario, semblables à des vaisseaux vides à l’enveloppe attrayante, esclaves de leur environnement, aux traits trop forcés pour être drôles, trop peu écrits pour sortir de la banalité. Ils ne valent pas la peine d’être suivis pendant plus de deux heures. On ne doute pas de la sincérité de l’autrice dans sa volonté de dénoncer le culte de la beauté féminine et le regard lubrique des mâles et on ne peut pas nier que Demi Moore a donné le meilleur d’elle-même dans ce rôle ingrat, probablement un des plus intéressants qui lui ait été proposé. En conservant la concision et l’efficacité de sa scène d’ouverture, The Substance aurait pu faire un beau court métrage. 2h21, c’est bien trop pour ce que ça propose.

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