Créateur / Showrunner : Neil Gaiman
Scénario : Neil Gaiman, d’après l’oeuvre de Terry Pratchett et Neil Gaiman
Réalisation : Douglas McKinnon
Directeur Photo : Gavib Finney
Montage : William Oxwald, Emma Oxley
Bande Originale : David Arnold
Chef Décorateur : Michael Ralph
Direction Artistique : Barry Coetzer, Mark Hudson, Gareth Cousins
Durée : 6 x 51-58 mn
Pays : UK
Diffusé sur Amazon Prime depuis le 31 mai 2019

Acteurs Principaux : David Tennant, Michael Sheen, Frances McDormand, Sam Taylor Buck, John Hamm, Michael McKean, Adria Arjona, Jack Whitehall, Ned Dennehy, Miranda Richardson
Production : Rod Brown, Douglas MacKinnon, Neil Gaiman, Chris Sussman, Simon Winstone, Caroline Skinner, Rob Wilkins, Phil Collinson
Genre : Comédie, Fantastique
Note : 7,5/10
Le 12 mars 2015, un Grand Homme nous a quittés dignement. Pour en savoir plus sur ses qualités humaines vous êtes invités à lire l’ouvrage « Lapsus Clavius », mais vous pouvez aussi constater par vous-même le talent en lisant son œuvre. Chez Terry Pratchett, il n’y avait pas que le disque monde, même si ce dernier a mangé tout le reste de par sa démesure et même si le Guêt restera dans l’histoire du polar pour au moins encore quelques années. En 1990, Le jeune Neil Gaiman l’avait accompagné dans l’écriture de « Good Omens », obscur roman qui prévoyait l’apocalypse quelque part dans la campagne anglaise, avec entre autres ingrédients un ange et un démon prêts à faire cause commune pour sauver notre monde, l’antéchrist et sa bande de potes, une romance entre le descendant d’un inquisiteur et… la descendante d’une sorcière et des bikers de l’apocalypse. Tout ça ne faisant que copier les célèbres prophéties d’Agnès Barge, ce qui ne laissait aucun mérite aux auteurs (qui avaient aussi salement pompé la Malédiction de Richard Donner et quelques versets du Nouveau Testament), sinon un certain talent de pompeur. L’ouvrage fut pourtant convoité au-delà d’Ankh Morpork, au point d’avoir loupé de peu l’adoubement suprême : Une adaptation par Terry Gilliam. Cette adaptation pour Amazon Prime a vu le jour sous le patronage de Neil Gaiman, avec l’intention de rendre hommage à son compère.
Cette fidélité au style de Terry Pratchett et à la chronologie du roman transparaît clairement dans ces six épisodes. Les événements se déroulent dans l’ordre, respectant leur côté un peu foutraque, le grand nombre de personnages venant se greffer progressivement à l’intrigue et leurs caractéristiques. Tout au plus il sera fait quelques aménagements (le plus grand temps de présence des anges, l’absence des motards de l’apocalypse). Des passages du bouquin sont plaqués tels quels à travers la narration de Dieu – Frances McDormand- en voix off. Le procédé part visiblement de cette volonté d’hommage, mais il devient vite lourd, et on peut se féliciter qu’il ne soit pas omniprésent. De la même façon, un livre n’est pas une série et l’absence d’un réel effort d’adaptation pèse sur le rythme de la deuxième partie de « Good Omens ». Cette partie pâtit également du fait que tout ce qui donnait un peu d’ampleur à l’apocalypse est laissé de côté. Bien que ce soit une apocalypse à faible portée, le résultat à l’écran sent le budget série et la réalisation est trop souvent fonctionnelle.
Ces scories ne masquent pas le plaisir de cet adaptation, qui dépasse de plusieurs coudées les précédentes adaptations de l’oeuvre de Terry Pratchett. Le générique est superbe, les acteurs sont tous très bons (Tennant et Sheen en premier) et les personnages principaux attachants. Ainsi la première partie du troisième épisode, qui s’étend longuement sur les origines de l’amitié de l’ange Aziraphale et du démon Rampa présente une réelle bouffée d’air frais. Absents du bouquin, ces passages n’en demeurent pas moins dans son ton et permettent une émancipation bienvenue. Ils manquent au fur et à mesure qu’on revient au standard. Dans son ensemble, ce « Good Omens » est une réussite. La transcription de l’univers absurde de l’auteur a toujours été un casse-tête, et si certaines scènes fonctionnent moins qu’à la lecture, cela prouve seulement que du Pratchett en live, c’est improbable. Ce qu’on obtient ici est à peu près le meilleur rendu qu’on pouvait avoir. Et dans le cas tout aussi improbable d’une nouvelle adaptation du Disque Monde, la piste d’une performance capture à la « Tintin » à la croisée de l’animation et du réel serait la plus pertinente.
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