Réalisation : John Huston
Scénario : Guy Gallo, d’après l’oeuvre de Malcolm Lowry
Directeur Photo : Gabriel Figueroa
Montage : Roberto Silvi
Assistant Réalisateur : Manuel Munoz
Bande Originale : Alex North
Direction Artistique : Jose Rodriguez Granada
Chef Décorateur : Gunther Gerszo
Pays : USA
Durée : 1h48
Sortie française le 12 septembre 1984, ressortie en version restaurée le 7 octobre 2020 (Carlotta Films). Disponible en DVD. Sortie Bluray le 7 avril 2021

Production : Moritz Borman, Wieland Schulz-Keil, Michael Fitzgerald, Hector Lopez, Arnold Gefsky
Acteurs Principaux : Albert Finney, Jacqueline Bisset, Anthony Andrews, Ignacio Lopez Tarso, Katy Jurado
Genre : Drame
Note : 9/10
Sorti en 1984, Au dessous du volcan est l’un des trois derniers films de John Huston. Il ne lui reste alors plus que trois ans à vivre et il poursuit sa carrière hors du hollywood classique auquel il a contribué à donner son âge d’or. Une dernière partie de carrière jonchée d’oeuvres surprenantes, beaucoup d’adaptations littéraires comme il en a l’habitude, et des oeuvres très adaptés au tournant qu’a abordé le Nouvel Hollywood. Rien d’étonnant, car le réalisateur a toujours été un peu en marge, comme il s’est souvent fait le chantre d’une belle galerie de paumés cinématographiques. Au-dessous du volcan est l’occasion d’enfoncer le clou en terme de prise de risque et de point de non retour. Adapté d’un roman de Malcolm Lowry écrit en 1947, il se situe en 1938 à Cuernavaca, an Mexique, au beau milieu du jour des morts. Ancien consul britannique local devenu alcoolique notoire, Geoffrey Firmin mène une vie sans but depuis que sa femme l’a quitté. Un beau matin, celle-ci revient dans sa vie, bien décidée à repartir d’un nouveau pied. L’état de son mari et les pulsions morbides qu’il combat pourraient bien en décider autrement.
Au-dessous du volcan serait déjà exceptionnel s’il n’y avait que la prestation d’Albert Finney. Son interprétation réaliste d’un alcoolique, parmi les meilleures vues sur grand écran, n’élude jamais les particularités, les contradictions et les différentes couches d’un personnage complexe. A première vue, l’ex consul n’a rien à faire dans cet environnement de magie et de superstition. Il revendique même sa rationalité. Mais les démons qu’il combat n’ont laissé qu’une dernière couche de raison, apparente, qui est sur le point de s’étioler avec le retour de sa femme. C’est au cours des événements incontrôlées qui ponctuent la journée de son retour que le spectateur réalise peu à peu que le départ de l’être aimé n’est pas la seule raison qui à pousser le consul à l’auto-destruction. John Huston ne fait pas que raconter cette journée. Il nous y plonge, nous les fait vivre comme un tour de montagnes russes, une lutte entre différentes forces. On virevolte dans l’esprit anarchique de l’alcoolique, on côtoie le désarroi de sa femme campée avec douceur et conviction par Jacqueline Bisset et de son demi-frère, témoin quotidien de la perdition du personnage. Cette lutte est d’autant plus pernicieuse qu’elle se déroule dans l’atmosphère chaotique de la fête des morts, dans un Mexique poisseux et sordide qui semble être le reflet de l’attirance du personnage vers son enfer personnel. Ce qui était une promesse de nouveau départ devient vite le point de non-retour, celui où le personnage franchit les seuls interdits qu’il s’était fixés. Sans le savoir, il s’enferme dans le lieu qui le mène à sa perte. Au dessous du volcan est ponctué d’avertissements, de présages plus ou moins flagrants, comme hanté par cette atmosphère de superstition qui le traverse. Cet antépénultième oeuvre de John Huston est un film qui se passe souvent de mots et une expérience qui laisse difficilement indemne. Elle se vit pour encore quelques jours sur grand écran dans une belle version 4K restaurée au cinéma le Champo de Saint Michel.
Votre commentaire