Réalisation : Ben Wheatley
Scénario : Ben Wheatley
Directeur de la Photographie : Nick Gillespie
Montage : Ben Wheatley
Musique : Clint Mansell
Cheffe Décoratrice : Felicity Hickson
Département Artistique : Peter Eszenyi, Goerge Knowles, Niall McKeever, Steve Patterson, Richard Wells
Son : Rob Entwistle, Taz Fairbanks, Xena Kirby, Jordan Miliken, Martin Pavey
Production : Jeff Deutchman, Amy Jump, Tom Quinn, Ben Wheatley, Andrew Starke, Michael S. Constable
Pays : USA, Royaume-Uni
Durée : 1h47
Sortie en France indéterminée

Genre : Epouvante, Survival, Psychédélique
Note : 8/10
Investie par des esprits retors et tapageurs dans les deux premiers Evil Dead, cauchemardesque dans le récent Koko di Kokoda de Johannes Nyholm, mortelle dans le projet Blair Witch ou lieu d’embarquement pour un autre monde dans Twin Peaks, la forêt est un territoire de prédilection du cinéma d’horreur. C’est que cet ilot de verdure en marge de la civilisation est en lui-même un lieu évocateur, ancien et mystérieux, prompt à y projeter toute sorte de fantasmes. Ben Wheatley est le dernier à y’avoir trouvé l’inspiration. Bricolé lors des confinements de 2020, In the Earth se déroule lors d’un pandémie (!). Un scientifique en quête de réponses sur une collègue disparue et une garde forestière s’enfoncent parmi les arbres, dans un dédale qui les conduira à une vérité inattendue.
C’est un retour aux sources pour le réalisateur britannique, qui revient de quelques films de genre au budget plus conséquent (High Rise, Free Fire) et d’une adaptation du Rebecca de Daphné du Maurier pour Netflix. Une sorte de jumeau pour A Field in England, son meilleur film à ce jour qu’il réalisa il y’a déjà huit ans. Les deux films suivent les interactions d’un nombre peu important de personnages perdus en pleine nature, transportés dans un univers psychédélique qui finit par les révéler. Ils se savourent tous deux comme des expériences plus que comme des récits, Wheatley ne perdant pas une occasion pour noyer la perception du spectateur, transformer les sons, les images, coller des visions parasitaires dérangeantes pour imprégner du ressenti de ses personnages.
S’il a une portée mystique certaine et de jolies (et moins jolies) couleurs, In the Earth n’est pas pour autant un film new age, adjectif qu’on pourrait attribuer, par exemple, à l’Annihilation de son compatriote Alex Garland. Il s’agit bien d’un film d’horreur avec une pincée de survival, qui prend son temps pour installer ses deux héros, faire monter le trouillomètre et qui sait foncer dans le tas lorsque vous êtes mûr(e)s. La frayeur naît de la perte des repères, d’une violence soudaine et incontrôlée qui surgit dans la normalité, de l’irruption de réactions illogiques, mais aussi d’un humour noir manié avec doigté. Et pour manier l’humour noir, l’auteur de Touristes n’a aucun conseil à recevoir. Comme il l’a fait par le passé, Wheatley embrasse tous les principes qui ont fait la sauvagerie et l’efficacité des films d’horreur des années 70 sans pour autant faire « à la manière de ». Les procédés sont modernes, les choses à dire en 2021 sont différentes, mais le malaise est tout aussi fort. Reece Shearsmith y contribue grandement, injectant une touche sadique très savoureuse à son personnage de Robinson « touché par la grâce ». On ne doute pas qu’il s’est trouvé comme un coq en patte lors du tournage, tant In the Earth se trouve proche de l’esprit de sa série Inside Number 9. Remarqué cette année au festival de Sundance et sorti chez les britons en juin dernier, ce film très singulier trouvera très certainement son public en France, si un distributeur a le bon goût de lui donner sa chance.
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