Le Comte de Monte-Cristo

Quelques mois après l’adaptation pas très reluisante des Trois Mousquetaires, c’est au tour du Comte de Monte-Cristo, autre roman fleuve d’Alexandre Dumas d’arriver sur nos écrans sous la forme d’un blockbuster « moderne ». Le plus célèbre récit de vengeance de la littérature française a en lui tous les ingrédients pour engendrer un bon film. Mais c’est aussi un récit qui a innervé notre culture : Plus de vingt adaptations cinématographiques dont la première réellement achevée date de 1915, une dizaine d’adaptations télévisuelles plus ou moins officielles (comprenant la série américaine Revenge). Le défi est donc de proposer quelque chose qui n’évoque pas du déjà-vu, qui puisse attirer un nouveau public et dont la réalisation est suffisamment inspirée pour justifier d’y revenir. Pierre Niney fait le travail pour ce qui est d’attirer un nouveau public, pour le reste le film ne vise pas les sommets mais s’en sort plutôt bien.

Alexandre De la Patellière et Matthieu Delaporte étaient déjà au scénario du dyptique Les Trois Mousquetaires, mais occuper ici le fauteuil de co-réalisateurs semble les avoir plus inspirés. Pas de film-série, mais un seul bloc qui impose de faire des choix et densifier le récit. Le parti-pris de conserver le contexte historique et d’en faire une adaptation classique de Dumas est audacieux et louable, même s’il impose un niveau de difficulté supplémentaire. 2h58 de film, c’est finalement très court pour raconter une histoire aussi dense, qui comporte autant de personnages importants, de récits personnels et d’éléments historiques nécessaires au déroulement et à la compréhension de l’intrigue. Moins on s’éloigne de Dumas, plus on se mesure à la logique interne du récit et la coupe est difficile. Le cap est plutôt bien tenu sur toute la durée de film. Souvent des gadgets dans les blockbusters actuels, les ellipses et la décomposition du film en parties (temporelles) deviennent nécessaires. Elles permettent de digérer plus facilement le grand nombre d’informations qui sont disséminées intelligemment ou suggérées en hors champ. L’absence de flashbacks est salutaire car elle participe de cette fluidité. La progression morale d’Edmond Dantès est aussi indolore, intégrée au jeu de masques de Pierre Niney et ne souffre pas de lourds passages de monologues qu’on aurait pu craindre.

On peut regretter le peu de développement des rapports entre Dantès et l’Abbé Faria (Pierfrancesco Favino, dans un rôle qui lui va bien) lors de la captivité au château d’If. Mais l’influence des paroles et de la science de l’Abbé se ressent sur tout le film. Dans l’ensemble, les choix scénaristiques sont justifiés par l’adaptation et on ne tombe pas dans l’écueil de plaquer notre époque sur une autre époque. L’adaptation parvient parfois à apporter de belles idées au récit d’origine, la meilleure est scène remplie d’humour noir et de sous-entendus qui mène à l’ouverture du cercueil d’un nouveau-né enterré dans un jardin. Le casting est impliqué, la réalisation est classique et adaptée, mais sans grand souffle, on voit le soin apporté à la reconstitution historique. Sans être l’adaptation rêvée ou le chef d’oeuvre vanté partout, ce Comte de Monte-Cristo sait susciter l’intérêt et divertir.

2 commentaires sur “Le Comte de Monte-Cristo

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  1. Une réussite notable tout de même qui parvient à concilier l’engouement public et critique.
    Je me retrouve dans vos propos qui né mentionne pas la très belle performance des rôles secondaires (hormis celle de Favino que vous citez), notamment la jeune garde qui s’en sort très.
    Merci pour cet article, bonne journée.

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