Réalisation : Elem Klimov
Scénario : Elem Klimov & Ales Adamovitch d’après l’oeuvre d’Ales Adamovitch
Assistants réalisateur : Afanasyi Trishkin, N.Grakina, I. Levansdovskaya
Directeur Photo : Aleksei Rodionov
Montage : Valeriya Belova
Bande Originale : Oleg Yanchenko
Chef Décorateur : Viktor Petrov
Directeur Artistique : Viktor Petrov
Ingénieur du son : Viktor Mors
Superviseur des effets spéciaux : Albert Rudachenko
Durée : 2h22
Sortie en salles le 16/09/1987. Sortie en salles de la version restaurée le 24/04/2019.

Production : S. Terechtchenko, Belarus Films, Mosfilm, ArtKino Pictures Inc., Potemkine (distribution France)
Genre : Film de Guerre
Acteurs principaux : Aleksei Kravchenko, Olga Mironova, Luibomiras Laucevitchuis, Vladad Bagdonas, Victor Lorentz
Pays : Biélorussie, Union Soviétique
Note : 9/10
Regarder Requiem pour un massacre, c’est se prendre plus de deux heures d’horreur dans la figure et en ressortir épuisé, vidé, interrogatif sur la nature humaine. Et y repenser encore bien après. Il existe bien des films sur les horreurs de la guerre, mais ils ne sont pas aussi immersifs que celui-ci. En 1943, les nazis détruisirent par le feu six cent ving huit bourgades de Biélorussie avec leurs habitants. Elem Krimov nous convoque de suivre un de ces épisodes avec, Florya, un adolescent prêt à s’engager avec les partisans. Mais sa jeunesse lui vaudra de rester sur place et de devoir être le témoin d’atrocités commises sur les civils. Enfermé dans ce cauchemar, il embarque le spectateur, le convoquant de le suivre par des regards caméras mutiques. Le regard expressif et habité du jeune Aleksey Kravshenko renvoie à l’injonction du titre original Viens et vois (idi i smotri), en faisant un guide d’infortune qui nous prête ses sens pour ressentir ce que furent ces instants pour les populations locales. Grâce à un travail impressionnant sur le son et la réalisation, nous pourrons pénétrer sa surdité, vivre son traumatisme à travers les envolées de Mozart et des scènes semblant fonctionner au ralenti, tâter l’urgence par l’enchaînement des situations qui ne laissent plus le loisir de réfléchir.
A l’instar du récent (et très bon) Utoya 22 juillet d’Erik Poppe, qui s’en est probablement inspiré, l’avancée de Florya n’est qu’une fuite pour la survie sans espoir de retour à la vie d’avant. Pas de confort du plan séquence, mais une montée crescendo qui ménage très peu d’instants de répit et de l’horreur jusqu’au climax dans lequel le gamin pourra enfin déchaîner sa colère. Cette horreur n’est pas un étalage gore complaisant. Krimov a compris qu’un simple pano sur un charnier pouvait être plus traumatisant que de longs plans fixes et des scènes de torture. Il injecte ainsi plus progressivement et efficacement dans son film l’odeur de la mort, le bruit des foules et la fureur incontrôlée. Un chaos auquel il est bien difficile d’échapper, pour peu qu’on garde les yeux ouverts. La restauration de ce film est une vraie bénédiction. Dommage qu’elle ne soit diffusée que dans une poignée de cinémas.
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