Réalisateur : Jon Stewart
Scénario : Jon Stewart
Chef Opérateur : Bobby Bukowski
Assistant Réalisateur : Jonas Spaccarotelli
Montage : Jay Rabinowitz, Mike Selemon
Bande Originale : Bryce Dessner
Chef Décoratrice : Grace Yun
Directrice artistique : Brittany Hites
Pays : USA
Durée : 1h41
Sortie en salles le 1er Juillet 2020. Sortie DVD/BluRay le 14 octobre 2020

Production : Plan B Entertainment, Focus Features, Dede Gardner, Jeremy Kleiner, Jon Stewart, Lila Yacoub, Brad Pitt, Christina Oh
Acteurs Principaux : Steve Carrell, Chris Cooper, Rose Byrne, Makenzie Addams, Topher Grace, Brent Sexton
Genre : Comédie Politique
Note : 7/10
La victoire de Donald Trump le 8 novembre 2016 a été une onde de choc. Jon Stewart ne s’en amuse pas dans l’introduction de « Irresistible » et il aurait très bien pu faire en faire un film dramatique (la réalité est assez parlante), un documentaire politique (il y’en a eu un paquet) ou un tract militant (un danger pour son propos). L’ancien présentateur du Daily Show démocrate convaincu et pourfendeur des idioties des médias américains, a préféré en faire une feel good comedie assez féroce pour toucher sa cible, mais plutôt tendre pour toucher nos coeurs. Suite à la cuisante défaite d’Hillary, son spin-doctor Gary Zimmer cherche un nouveau visage pour redorer le blason du parti démocrate qui a visiblement échoué à se rapprocher de sa cible. Il tombe sur une vidéo virale du colonel Jack Hastings défendant des sans papiers face au maire républicain, ce qui le convainc d’embarquer pour la petite ville du Wisconsin pour proposer à Hastings d’être le candidat démocrate à la mairie. L’idée est qu’il se positionne au niveau local pour monter nationalement par la suite. Hastings accepte, mais à condition que Gary s’occupe personnellement de sa campagne. C’est le début d’une acclimatation difficile pour l’homo politicus, mais surtout d’une course absurde de l’homme de principe pour l’argent, les médias et les segments de population. La couverture de la campagne la fait bientôt dégénérer en lutte entre deux camps aux allures de campagne nationale.
Irrésistible est une comédie bien écrite qui fonctionnerait bien, uniquement centrée sur le décalage entre le personnage de spin-doctor de Steve Carell – de retour en forme après Space Force- et les habitants de la ville, autant que sur l’aspect disproportionné de la lutte qui s’engage entre lui et son homologue républicaine incarnée par l’irrésistible Rose Byrne (oui, je suis un fan de Damages). Les habitants de la ville sont assez bien croqués pour en faire une comédie touchante dans laquelle Steve Carell voguerait vers une rédemption certaine. Mais le fond de cette comédie se trouve plus dans ce qu’on peut considérer au premier abord comme des péripéties comiques : les a priori sur l’Amérique profonde, la récolte des fonds auprès des fortunes, les spots médiatiques des candidats, la guéguerre méprisante des deux conseillers politiques, les spécialistes des sondages contre le big data . Ce qu’on aurait pu prendre pour un film visant à régler la fracture entre les démocrates et leur électorat est bien une charge contre le système électoral américain. Le film est suffisamment astucieux pour avoir disséminé des éléments malaisants, indices flagrants dans les dialogues, faux stéréotypes et éléments inhabituels pour que son twist paraisse naturel, mais adoptant le point de vue des spin-doctor, il aura toujours été opaque. Irrésistible est ainsi une belle allégorie du parti démocrate, préoccupée à avoir l’air proche de la partie déclassée Trumpienne de son électorat alors que le mépris des américains et de leurs problèmes est tout entier dans le système électoral qu’ils défendent. Si le spin-doctor démocrate qui pense dominer ce jeu n’a retenu aucune leçon quatre ans après, il pourrait être de nouveau le dindon de la farce en novembre prochain.
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