Réalisation : David Lynch
Scénario : David Lynch
Directeur Photo : Frederick Elmes
Montage : Duwayne Dunham
Assistante Réalisateur : Ellen Rauch
Bande Originale : Angelo Badalamenti
Chef Décoratrice : Patricia Norris
Son : Alan Splet, Rob Fruchtmann
Production : Dino de Laurentiis Productions, Fred C. Caruso, Richard A. Roth, Dino de Laurentiis
Pays : USA
Durée : 2h
Sortie en salles le 21 janvier 1987. En version restaurée 4K le 22 juin 2020.

Acteurs Principaux : Kyle MacLachlan, Laura Dern, Isabelle Rossellini, Dennis Hopper, Dean Stockwell, Jack Nance, Brad Dourif, George Dickerson, Hope Lange
Genre : Néo-noir, lynchien
Note : 9/10
La mauvaise réception commerciale et critique de Dune en 1984 conduisit David Lynch à vouloir revenir au style surréaliste que développait Eraserhead. Mais le scénario de Blue Velvet remuait depuis déjà quelques années dans l’esprit de Lynch, avec comme point de départ le morceau de Bobby Vinton qui donnera son nom au film et de cette oreille coupée, véhicule humain qui nous fera passer des cartes postales de Lumberton, Caroline du Nord, à la saleté de ses bas fonds. Le producteur Dino De Laurentiis lui permettra une nouvelle fois de concrétiser sa vision, bien plus prosaïque qu’une chanteuse dans un radiateur. Blue Velvet prend une trame de film noir qui permet de faire passer en condensé toutes les obsessions qui marqueront la suite de sa carrière (hors « une histoire vraie » qui reste un point particulier) : la dualité entre la blonde lumineuse et la brune ténébreuse (Laura Dern et Isabella Rossellini), la douceur de l’americana et l’horreur la plus terrible, la voix éthérée et magique de Julee Cruise (‘Mysteries of Love’ est sa première collaboration avec Lynch) contre les effets sonores les plus sombres concoctés par une équipe vouée à la tâche, la terreur contre l’humour et le surréalisme. Deux heures de contrastes entre des mondes opposés avec comme liant Kyle MacLachlan, découvert dans Dune et qui n’est pas encore l’agent Cooper de Twin Peaks. Il campe ici un wannabe détective dont le goût pour les mystères du monde pourrait bien faire perdre la naïveté.
Présenté à la Cinémathèque Française par Isabella Rossellini juste avant le confinement, cette restauration 4K devait sortir dans la foulée, mais se retrouve bienheureusement au programme de cette rentrée ciné dans une poignée de salles, dont la Filmothèque du Quartier Latin. Blue Velvet est de ces films qu’on peut bien voir à plusieurs reprises en une année avec toujours le sentiment d’une découverte. Il suffit du seul générique pour nos entraîner dans ce monde déviant et suranné, symbole de ce que les 80’s voulaient retrouver des 50’s, mais surtout de l’attachement de David Lynch à cette époque cinématographique. Comme Twin Peaks citait (entre autres) Laura de Preminger, Blue Velvet paie un tribut à l’Ombre d’un doute d’Alfred Hitchcock. Comme nombre de néo-noirs de l’époque, Lynch pervertit le film noir, mais d’une façon qui ne ressemblait et ne ressemble encore à aucune autre. Il y injecte l’absurde, le décalage, un expressionnisme revigorant dans les sentiments et une violence presque grotesque tout en refusant de prendre le genre de haut. Il y dépeint des personnages attachants bien qu’archétypaux et permet à Isabella Rosselini d’obtenir son meilleur rôle. Blue Velvet est aussi une parfaite initiation lynchienne pour ceux qui ont peur de se jeter dans ses films à l’intrigue plus décousue. Un documentaire de 71 mn « The Lost Footage » devrait bientôt suivre avec 51 minutes de rushs pas si inédites (Elles étaient présentes dans le bluray du 25ème anniversaire) offertes par Criterion.
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