Réalisation : Jason Woliner, Sasha Baron Cohen, Alex Daniels, Charles Grisham, Dale Stern
Scénario : Sasha Baron Cohen, Anthony Hines, Dan Swimer, Nina Pedrad, Peter Baynham, Erika Rivinoja, Dan Mazer, Jenna Friedman, Lee Kern
Directeur Photo : Luke Geissbuhler
Montage : Craig Alpert, Michael Giambra, James Thomas
Bande Originale : Erran Baron Cohen
Chef décorateur : David Saenz de Maturana
Direction Artistique : Vraciu Eduard Daniel, John Lavin, Sylvia Nancu
Pays : USA, Royaume-Uni
Durée : 1h35
Sortie en France le 23 octobre 2020 sur Amazon Prime

Production : Sasha Baron Cohen, Monica Levinson, Anthony Hines, Peter Baynham, Buddy Enright, Nicholas Hatton, Dan Mazer, Stuart Miller, Rachel Hein, Lee Kern
Acteurs Principaux : Sacha Baron Cohen, Maria Bakalova
Genre : Comédie satirique, Faux documentaire
Note : 8/10
En 2006, Borat innovait de par son ton jusqu’au-boutiste et sa forme : Un faux documentaire sous la forme d’une comédie satirique – un journaliste du kazakhstan débarque aux Etats-Unis, envoyé par le ministère de l’information pour tirer des leçons de la prospérité américaine – ponctué de scènes de caméra cachés guettant les réactions à vifs des américains embarqués malgré eux dans l’aventure. Sasha Baron Cohen saisissait avec pertinence les travers des états-uniens en leur exposant les pires clichés existants du barbare kazakhe, de quoi être censuré par de nombreux pays et fortement critiqué par le président du pays en question. Ce deuxième film démarre avec la punition du journaliste, condamné aux travaux forcés pour l’image qu’il a véhiculée de son pays. Borat est libéré par son gouvernement pour retourner aux Etats-Unis. Sa mission? Garantir les bonnes grâces du gouvernement Trump en offrant à son vice-président Mike Pence un singe très célèbre au Kazakhstan. Mais la fille de 15 ans de Borat, Tutar, s’est invitée en passagère clandestine dans la caisse du primate et elle l’a mangé. Menacé de finir écartelé dans son pays, le journaliste prend sur lui d’offrir sa fille en cadeau à la place du singe. L’éducation américaine de la gamine commence. Elle lui fera découvrir les nombreux mensonges de sa culture et un nouvel univers déstabilisant. Pendant ce temps, une épidémie nommée COVID 19 se propage à grande vitesse…ou bien ne serait-ce qu’un hoax colporté par les affreux démocrates menés par l’horrible Barack Obama ?
Après une décennie de montée en flèche du politiquement correct, retrouver Sasha Baron Cohen en forme comme aux premiers jours est vivifiant. Borat 2 va même plus loin dans l’offensant, réservant un lot de scènes des plus perturbantes (en tête une danse locale père/fille) ponctués des sorties antisémites, sexistes, homophobes (…) de Borat et sa progéniture. Les interlocuteurs filmés à leur insu participent de bon gré pourvu que quelques billets soient lâchés. La formule du ‘pris sur le vif’ fonctionne toujours autant. Elle est l’occasion de tâter la régression accélérée des Etats-Unis depuis le premier film. Il y’a toujours le côté « American Way of life » avec la chirurgie esthétique, les bimbos écervelées et le décalage toujours savoureux avec la coutume fantasmée du Kazakhstan, tout ce qui peut prêter à sourire avec une certaine distance. Mais il y’a aussi ces conspirationnistes avec qui Borat passe plusieurs jours et une succession de détails qui sont plus de l’ordre du drame, puisque décrivant une faillite rampante de la réflexion sur le plan mondial. Ce deuxième Borat est un tract démocrate revendiqué. Il s’attaque frontalement (mais de façon toujours drôle et astucieuse) à Donald Trump, Mike Pence et Rudy Giuliani. La charge envers les Trumpistes est également trop violente pour rallier l’électorat républicain. Elle se présente comme un exutoire de 4 ans de Trump et comme un coup de pied aux fesses pour l’électeur démocrate indécis (le film est sorti peu avant les élections américaines et enjoint de voter dans son générique). Le parcours de rédemption/libération de Tutar en tant que femme américaine occupe une grande place pour rendre Borat 2 plus fréquentable auprès de cette cible, également plus polarisée et moins encline à accepter le personnage. Il reste que cet arc de la fille de Borat – Cendrillon déviante rêvant d’être la nouvelle Melania Trump- est très bien mené et l’actrice Maria Bakalova est épatante. Je ne dirai rien de la partie COVID en toile de fond, sous peine de révéler un sacré twist. Ce nouveau Borat est en tout cas à ranger aux rayons des suites utiles et pertinentes.
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