The Good Lord Bird

Créateur / Showrunner : Ethan Hawke & Mark Richard

Scénario : Ethan Hawke, James McBride, Mark Richard, Erika L. Johnson, Jeff Augustin, Kristen SaBerre et Laurent Signorino, d’après « The Good Lord Bird » de James McBride

Réalisation : Kevin Hooks, Albert Hugues, Haïfaa al-Mansour, Darnell Martin, Michael Nankin, Kate Woods

Directeur Photo : Peter Deming

Montage : Christopher Nelson, Sue Blainey, Trevor Penna, Agustin Rexach, Ron Rosen

Musique : Jamison Hollister

Direction Artistique : Kevin Hardison & Caleb Mikler

Production : Jason Blum, Ethan Hawke, Mark Richard, Padraic McKinley, Albert Hugues, Jeremy Gold, Marci Wiseman, James McBride, Brian Taylor, Ryan Hawke, David Schiff, Marshall Persinger

Pays : USA

Durée : 7 x 45-60 mn

Diffusé sur Showtime du 4 octobre au 15 novembre 2020. Sur Canal + le 7 janvier 2020. Disponible sur canalplus.com

Acteurs Principaux : Ethan Hawke, Joshua Johnson-Lionel, Beau Knapp, Hubert Point-Du-Jour, Daveed Diggs, Nick Eversman, Ellar Coltrane, Jack Alcott, Moses Brings Plenty, Steve Zahn

Genre : Western, Drame historique

Note : 8/10

Tout comme les Blues Brothers, John Brown est en mission pour le seigneur. Mais John Brown est d’abord un personnage emblématique du mouvement abolitionniste dans la période précédant la guerre de Sécession (ses faits d’armes remontent à 1850-1860). C’est aussi un personnage controversé, de par la violence et la radicalité de son action, qui conduisit certains mouvements revendiquant les droits des afro-américains à se garder de le mettre en avant et d’autres plus extrémistes à s’en réclamer. Beaucoup s’entendent à dire que ce qu’il fit – qu’on ne déflorera pas ici pour vous laisser apprécier la série – a précipité la guerre de Sécession. En 2015, le livre de James McBride The Good Lord Bird apportait à sa légende une démesure presque comique, en faisant un prêcheur imprévisible et hirsute. Ethan Hawke a tenu à conserver cet humour très particulier pour cette mini-série consacré au personnage, un humour qui tranche avec la radicalité de l’époque et permet de bien mettre en perspective le rôle historique de ce blanc qui donna sa vie pour la libération des esclaves noirs, tout en instillant la flamme du changement. Du haut d’une carrière faite de choix tous intéressants, Ethan Hawke ne s’est pas embarqué dans la création de cette série à la légère. Son investissement est complet, dans la production (avec l’aide de la branche série de Blumhouse Pictures), dans le scénario et dans la composition millimétrée de cette figure jusqu’au-boutiste, qui acquiert ici une humanité supplémentaire au contact d’Onion, jeune esclave noir qu’il embarque dans ses aventures et qui joue le rôle de narrateur. Un observateur qui permet d’observer de loin l’homme, d’adhérer à distance avec un certain amusement (et une certaine obligation) à sa croisade, avant de s’attacher au personnage. Cet humour doux amer mêlé au tragique et à l’absurde emmène inévitablement dans le territoire des frères Coen. Une occasion de constater que les frangins n’ont pas seulement fait beaucoup de bien au cinéma, mais qu’ils ont ces dernières années aussi inervées les meilleures séries actuelles de leur empreinte inimitable, sans même briser la spécificité de ce qui fait une série. Les premières heures de The Good Lord Bird nous vengent un peu de la saison 4 de Fargo. Ils rappellent le meilleur de True Grit, dans l’observation de cette galerie de personnages imparfaits, acteurs de l’histoire malgré eux, pittoresques et dramatiques.

Il y’a cette beauté dans le cadre, dans le détail des échanges, dans ce réalisme désespéré et la description des rapports entre les personnages, dans cet amour sans limite et communicatif que ressent ce fou de Dieu envers les esclaves, mais aussi envers son pays. Il y’a de la beauté dans cette bande son bluesy / soul composée avec autant de soin et de sens et dans ce montage cinématographique à souhait, dans cette visite iconoclaste des grandes figures abolitionnistes de l’époque (Frederick Douglass et Harriet Tubman). Aussi dans les derniers mots mis dans la bouche de John Brown par Onion, qui prennent un sens si différent à la fin du récit qu’ils ne revêtaient lorsqu’ils étaient prononcés à l’entrée. Ethan Hawke et Mark Richard trouvent ainsi toujours le ton juste, et particulièrement dans cette personnification casse-gueule de l’anti-héros. L’acteur a déjà tâté du western, mais sa composition hallucinée et précise de John Brown transporte le personnage au-delà d’un genre particulier pour en faire une figure à part, personnification de la nécessité de lutter. Sa version de The Good Lord Bird parvient à prendre un sens qui dépasse la cause qu’elle décrit (même si elle la défend particulièrement bien). C’est aussi un très beau néo-western et une oeuvre qui six mois après sa diffusion française, n’a pas encore eu de challenger sur le titre de meilleure série de l’année.

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