Mourir peut Attendre – No Time to Die

Réalisation : Cary Joji Fukunaga

Scénario : Neal Purvis, Robert Wade, Cary Joji Fukunaga, Phoebe Waller-Bridge

Directeur de la Photographie : Linus Sandgren

Montage : Tom Cross, Elliot Graham

Musique : Hans Zimmer, Billie Eilish

Direction Artistique : Andrew Bennett, Neal Callow, Dean Clegg, Sandra Phillips

Chef Décorateur : Mark Tildesley

Assistant Réalisateur : John Mallard

Production : Barbara Broccoli, Michael G. Wilson, Daniel Craig, Andrew Noakes, David Pope, Chris Brigham, Gregg Wilson

Pays : USA

Durée : 2h43

Sortie en salles le 6 octobre 2021

Acteurs Principaux : Daniel Craig, Rami Malek, Lea Seydoux, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Christoph Waltz, Ben Wishaw, Naomie Harris, Jeffrey Wright, Billy Magnusse, Ana de Armas, David Dencik, Rory Kinnear

Genre : Espionnage, Action, James Bond

Note : 5,5/10

Jamais James Bond n’a aussi bien porté son nom. La sortie de Mourir Peut Attendre fait partie de ces carottes qu’on nous a agitées durant la mise en quarantaine du cinéma, pour nous assurer qu’à la sortie, il y’aurait quelque chose à se mettre sous la dent. Cary Fukunaga, l’homme derrière la réalisation inspirée de la saison 1 de True Detective, est aux commandes du mastodonte, pour peu qu’on croit encore qu’une seule personne puisse être aux commandes d’un James Bond. Il est assisté par une équipe plutôt méritante, car les scènes d’action livrent un beau spectacle, dans la lignée des précédents. Le pré-générique en Italie – s’il assure des réminiscences de Skyfall – met très bien en jambe, et nous avons droit à une séquence bondienne bien relevée menée par Daniel Craig et la pétillante Ana de Armas. Cette séquence endiablée qui ne fait que dévoiler l’enjeu de la mission est peut-être bien le climax du film, car la suite sera d’un tout autre tonneau.

Lors de la sortie de Casino Royale, beaucoup avaient jasé sur les dommages irréversibles que causerait à la saga la dé-machisation de James Bond (Souvenez-vous du Daniel Craig qui sort de l’eau Ursula Andress style). Mais il n’en fut rien. Le mélange était suffisamment dosé et bien mélangé au shaker pour que la pilule passe. A la revoyure, Casino Royale passe toujours bien, de par sa concision et la force de deux personnages secondaires (Vesper Lindt et le Chiffre) qui tiennent la dragée haute à 007 sans qu’il ait à descendre d’un niveau. C’est un autre phénomène bien moderne qui a noyé notre Bond hypersensible -mais avec le flegme- que l’on peut désigner comme les liaisons dangereuses du cinéma et des séries. Mourir Peut Attendre est une pièce d’un serial, qui ne peut pas s’apprécier sans avoir vu Spectre et ses prédécesseurs. Il reprend à son compte les éléments disséminés dans ce précédent volet, mais aussi l’héritage dramatique accumulé depuis Casino Royale – comprenant un large éventail de seconds rôles qui tendent à être moins fonctionnels que dans la période Pré-Craig. Si les premiers volets savaient miser sur cet aspect feuilleton sans encombrer leur intrigue, celui-ci en fait le centre du récit, qu’il noie sous un nombre impressionnant d’artefacts (éléments sans inspiration pour relancer une série qui patauge). Autour de la mission et du bad guy charismatique, il y’a le passé du personnage jonché de morts, des allers retours légers entre le professionnel et le privé (la scène trop lol chez Q, le final en mode rassemblement de potes), le deus ex machina en culottes courtes, les cautions pour faire woke, et surtout, les intrigues « familiales » qui prennent le pas sur tout le reste. Avec ce toutéliage et ces enchevêtrements de destinées toutes plus ou moins liées, on se croirait dans un season finale d’Alias – preuve que l’empreinte de JJ Abrams sur les franchises ciné va bien au-delà de ses réalisations.

« Il exagère de comparer une série vieille de 20 ans et un blockbuster de cette carrure ». Peut-être bien, mais le bât blesse lorsque tous ces artefacts prennent un temps de film considérable et en viennent à noyer l’identité du segment. Mourir peut attendre aurait facilement pu être amputé d’une heure en allant droit au but, sans toutéliage outancier, sans nouveau 007 qui ne sert absolument à rien, sans ambitions inutilement compliquées, ni résurrection spectaculaire d’anciens vilains (le Blofeld « Hannibal Lecter » est un peu risible). Sur-dramatisée par la horde d’enjeux, la dernière partie manque le point névralgique de la mission, qui était pourtant une idée ludique à développer. Rami Malek est un autre dommage collatéral sur l’autel du drama, dans un rôle dépouillé, aussi désincarné que le Elliot de Mr.Robot. Hans Zimmer, le maître de tout divertissement qui se prend exagérément au sérieux, a répondu de nouveau présent et fournit une partition moyenne, guère challengée par le thème plutôt mou de Billie Eilish. Bref, tout est à l’avenant, si ce n’est les deux ou trois séquences cités précédemment qui sonnent comme du James Bond injecté dans un blockbuster dramatique lambda. Durer n’est peut-être pas l’essentiel. Il faut parfois savoir ne pas attendre pour partir la tête haute.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :