Limbo

Réalisation : John Sayles

Scénario : John Sayles

Directeur de la Photographie : Haskell Wexler

Montage : John Sayles

Musique : Mason Daring

Cheffe Décoratrice : Gemma Jackson

Direction Artistique : Keith Neely

Assistant Réalisateur : John Powditch

Production : Maggie Renzi, Sarah Connors

Pays : USA

Durée : 2h06

Sortie française le 7 juillet 1999

Acteurs Principaux : Mary Elizabeth Mastrantonio, David Strathairn, Vanessa Martinez, Herminio Ramos, Kris Kristofferson, Dawn McInturff, Casey Siemaszko

Genre : Aventures, Drame, Thriller

Note : 7/10

Vivant depuis toujours en Alaska, Joe Gastineau est un ancien pêcheur qui subit le trauma d’un accident survenu en mer et qui a causé la mort de deux personnes. Depuis, il survit grâce à des petits boulots. Il rencontre un jour Donna De Angelo, une chanteuse de bar, avec qui c’est le coup de foudre immédiat. Donna propose à Joe de partir en ballade en mer « en famille » pour que sa fille Noelle puisse mieux accepter sa nouvelle relation. Mais celui-ci avait déjà prévu d’assister son frère, de retour en ville, pour une course spéciale. Il décide de convier Donna et sa fille à la petite expédition, sans se douter des conséquences de cette décision.

Présenté au festival de Cannes en 1999, où il déconcerta plus d’un spectateur, Limbo est peut-être le film le plus libre de John Sayles. Une sorte de ruban qui se déroule sans aucun canevas, une balade qui demande de laisser de côté ses attentes et de se laisser porter. La première partie du film peut autant se voir comme une (longue) introduction que comme un film à part entière sur l’Alaska. John Sayles – en défricheur de l’Amérique « à part » – devait se poser dans cette terre rude est isolée, en marge du continent américain, peuplée de déracinés. Il devait visiter ses bars, rendre compte d’un monde en apparence endormi au beau milieu d’une nature somptueuse, aller au-delà de la carte postale des lieux. Ses trois anti-héros blessés, campés avec conviction par David Strathairn, Mary Elizabeth Mastrantonio et Vanessa Martinez sont de bons guides pour prendre la température locale, d’autant plus qu’il sont eux-mêmes intégrés à cette galerie de paumés. C’est sans doute pour cela que Sayles prend son temps pour les rassembler et les embarquer dans son voyage.

C’est ensuite un enchaînement de ruptures de ton qui s’empare du film. Il laisse de côté la chronique et le drame pour aborder le thriller, la « Robinsonade » et le conte. Le récit s’emballe pour se stabiliser par l’isolement – peut-être irrémédiable- des trois personnages et terminer dans un cliffhanger déconcertant. Le seul marqueur temporel de cette deuxième partie est un récit que la fille raconte au coin du feu, qui se révèle au final une histoire inventée de toute pièce. La mère et le beau-père de fortune accepteront ce fait, car l’événement journalier constitue un point de rassemblement, un moment partagé nécessaire pour sceller la vie en commun – malgré les différences de chacun. Limbo est en cela, un prolongement intéressant au mythique Secret de Roan Inish que John Sayles livra six années plus tôt. Dans les terres les plus reculées comme dans les villes, alors que la solitude – physique et ressentie – est la plus forte, la création d’un lien familial et d’histoires communes à partager n’est pas nécessaire, mais vitale. C’est ce chemin vers le rassemblement de trois âmes perdues dans leur purgatoire personnel que Limbo raconte de façon aussi tortueuse, en nous laissant déterminer par nous-mêmes si elles seront un jour délivrées.

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