Réalisation : Valdimar Jóhannsson
Scénario : Sigurjón Birgir Sigurðsson, Valdimar Jóhannsson
Directeur de la Photographie : Eli Arenson
Montage : Agnieszka Glinska
Musique : Þórarinn Guðnason
Chef Décorateur : Snorri Freyr Hilmarsson
Production : Marcin Drabinski, Alicja Grawon, Piodor Gustafsson, Zuzanna Hencz, Helgi Jóhannsson, Hrönn Kristinsdóttir, Marcin Luczaj, Jon Mankell, Sara Nassim, Jan Naszewski, Håkan Pettersson, Peter Possne, Noomi Rapace, Erik Rydell, Klaudia Smieja, Béla Tarr
Pays : Islande, Suède, Pologne
Durée : 1h46
Sortie en salles le 29 décembre 2021. Sortie en DVD/Bluray le 11 mai 2022.

Genre : Conte fantastique, horreur, Drame
Note : 8/10
C’est un grand plaisir de voir débarquer Lamb sur les écrans en pleine période de fêtes. le conte vénéneux de l’islandais Valdimar Jóhannsson qui fut très remarqué cette année à Cannes (Un certain Regard) et à l’Etrange Festival, n’est pas un conte de Noël à proprement parler, mais il comporte un certain nombre d’ingrédient prompts à fédérer dans un moment où on laisse plus facilement entrer la magie. Au coeur des terres d’Islande, loin de nos soucis continentaux, il n’y a aucun problème à laisser entrer cette magie et ces superstitions. C’est peut-être pour cela que l’étrangeté du postulat de départ du film – proprement incroyable – s’intègre si bien dans un contexte dramatiquement et physiquement très réaliste. Lamb pourrait être un film nordique de plus, lent et atmosphérique, qui offre de magnifiques paysages, c’est ce qu’il laisse entrevoir sur son premier chapitre. Il possède un sens de la retenue, de la suggestion, du hors-champ qui interpelle et un silence omniprésent qui pourront dérouter les spectateurs les plus pressés, voire les glisser dans un sentiment de fausse torpeur. Le réalisateur se sert de ces zones d’ombre pour rendre encore plus saisissante la révélation qui survient à la fin du premier chapitre.
Valdimar Jóhannsson introduit alors un élément extérieur familier pour accompagner la prise de conscience que cette découverte est une réalité et solliciter l’acceptation de nos coeurs cartésiens, tout en rappelant la part d’irresponsabilité du gentil couple incarné par Noomi Rapace et Hilmir Snær Guðnason. Lamb sait emprunter les artifices du conte pour enfants (et aussi des légendes), pour faire s’épanouir un sentiment de bonté et d’harmonie. C’est ce qui l’empêche fondamentalement d’être un film de monstre. Mais il sait aussi faire grandir l’angoisse, en jouant de fausses pistes et ses non-dits, en ne sortant jamais de son contexte réaliste et en sollicitant constamment (sous formes d’inserts) la nature comme une forme de menace tranquille sur l’action des Hommes. Il y’aura toujours une ligne qui ne sera pas franchie vers le bonheur total, même dans le dernier chapitre qui met l’accent sur la re-constitution d’une cellule familiale presque « normale ». C’est cette ligne qui fait que le final, qui aurait pu tomber dans le ridicule, prend tout son impact et que les notes de la Sarabande d’Haendel (bien connue des fans de Barry Lyndon) viennent accompagner notre état de stupéfaction face à un revers tragique pourtant bien prévisible.