En même temps

Réalisation : Gustave Kervern, Benoît Delépine

Scénario : Gustave Kervern, Benoît Delépine

Directeur de la Photographie : Hugues Poulain

Montage : Stéphane Elmadjian

Assistant Réalisateur : Gérard Bonnet

Son : Guillaume Le Braz, Axel Steichen, Philippe Fontaine

Chef Décorateur : Didier Pons

Production : Alexandra Henochsberg, Philippe Godefroy

Pays : France

Durée : 1h46

Sortie en salles le 6 avril 2022

Acteurs Principaux : Jonathan Cohen, Vincent Macaigne, India Hair, Doully, Jenny Beth, Yolande Moreau, Thomas VDB, Anna Mouglalis, François Damiens

Genre : Comédie satirique

Note : 6/10

Il faut s’appeler Gustave Kervern et Benoît Delépine pour faire salle vide en deuxième semaine avec Jonathan Cohen et Vincent Macaigne en tête d’affiche. Vendue comme une comédie lambda teintée de politique, En même temps a du surprendre plus d’un spectateur ayant fait l’économie de lire le nom des réalisateurs sur l’affiche. Ce nouveau film du duo Grolandais possède bien leur ADN : un mélange d’humour absurde et trash, de terroir grolandais, de mélancolie ontologique sur fond de lutte politique. En somme, un cocktail anti-commercial au possible. En même temps est d’autant plus décomplexé dans sa méchanceté qu’ils ne se placent plus du côté des perdants du système qu’ils affectionnent tant, mais de deux hommes politiques : Pascal Molitor, maire écologique et Didier Becquet, maire d’un parti de droite décomplexée – deux homme que tout oppose en apparence, mais qui se révèleront bien plus proches à l’occasion d’un évènement cocasse. Alors que Becquet cherche à convaincre Molitor de le soutenir sur un projet de parc de loisirs dans une forêt ancestrale, une militante féministe des « colle girls » les colle ensemble. L’argument sur lequel tout le film (et la surprise) repose ne vous sera pas dévoilé dans cette chronique, mais il suffit à lui seul à vider une moitié de salle.

Le courage des deux grolandais à la barre d’assumer jusqu’au bout leur postulat absurde mérite à lui seul qu’on parle d’En même temps, mais le scénario le cocktail . Le passage au point de vue de l’homme politique a dû être un beau casse-tête pour Delépine et Kervern qui se ressent dans le film. Les deux acteurs sont bien castés, ils sont bons dans leur registre, et ils parviennent à donner le change autant dans les moments grotesques que dans ceux plus réels, plus introspectifs (Cohen est plus à l’aise que Macaigne – mais cela va avec son personnage). Cependant, cet entre deux typique du duo de réalisateurs fonctionne peu avec des personnages aussi caricaturaux. Malgré un premier quart de film qui promettait le meilleur, la suite dérive vers la démonstration politique et l’enchaînement de lieux commun, avec pour visée une prise de conscience un peu vaine. D’autant plus vaine que la tentative humanisation ne se doublera jamais d’empathie, ceux-ci étant présentés jusqu’au bout comme deux gamins parasites.

L’idée de suivre la féministe de comptoir qui a collé les deux malheureux ajoute à cet entre-deux gênant. Tout aussi ridicule que les deux politiques, son groupe mené par la truculente Doully (humoriste et présentatrice du JT de Groland) constitue un substitut de référent moral – et de façon plus problématique une diversion à la véritable intrigue. A l’image du titre de leur film, Kervern et Delépine semblent perdus dans un entre deux : l’envie de foncer dans le tas et celle de faire une analyse social pertinente. Peu de scènes réconcilient les deux, et elles sont de loin les meilleures (la danse de sécurité routière du flic est un pur diamant). Pour le reste, on a l’impression d’un film à l’émotion simulée, qui carbure plus à la haine envers ses anti-héros qu’à la compassion, qui se regarde réfléchir et enfonce ses métaphores au burin plus qu’il ne chemine. D’un film un peu coupable qui tente de rééquilibrer le tir vers les luttes féministes et écolos jusqu’à son final grotesque – des chiffres contre le patriarcat, bien réels mais assénés sans aucun recul comme le fait n’importe quel JT depuis vingt ans. Ce déséquilibre est d’autant plus étrange que les Grolandais ont (heureusement) conservé une forme qui n’appartient qu’à eux. Il n’y a aucune résolution à ce problème, sinon de se replacer du point de vue des perdants du système sans aucune retenue. Un peu comme ce qu’ils ont fait sur Effacez l’historique.

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