Réalisation : Quentin Dupieux
Scénariste : Quentin Dupieux
Directeur de la Photographie : Quentin Dupieux
Montage : Quentin Dupieux
Musique : Jon Santo
Ingénieur du Son : Guillaume Le Bras, Alexis Place, Jean-Paul Hurier
Direction Artistique : Joan Le Boru
Superviseur Post Production : Camille Cariou
Production : Thomas Verhaege, Matthieu Verhaege, Arnaud Tournaire
Pays : France, Belgique
Durée : 1h14
Sortie en salles le 15 juin 2022

Acteurs Principaux : Alain Chabat, Lea Drucker, Benoît Magimel, Anais Desmoustier, Stéphane Pézérat, Lena Lapres
Genre : Comédie, Fantastique
Note : 8/10
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Les bandes-annonces énigmatiques qui joue exagérément sur le double suspens des annonces de Incroyable mais Vrai ne mentent pas. Un an après Mandibules, Quentin Dupieux titille le spectateur avec ces révélations incroyables qu’on ne déflorera pas pour laisser le maestro le faire à notre place. Disons juste qu’elles changeront littéralement la vie des protagonistes, chacune à leur échelle. La meilleure époque de Dupieux, même s’il est difficile de lui trouver un mauvais film, est sans conteste son époque américaine (Rubber, Wrong, Wrong Cops), celle où il arrivait à marier le mieux des personnages décalés, des situations absurdes et un humour méchant, sur une route imprévisible. Incroyable mais Vrai possède une grande partie de ces atouts, qu’on aurait mixé à l’absurde de Réalité. Il ne lui manque que la force du casting de tronches que le réalisateur parvenait à réunir dans son tiercé américain. On peut reconnaître un certain talent au quatuor de ce film pour incarner leur personnage, mais on y’est pas encore tout à fait. Sur tous les registres d’humour qu’elle emprunte, cette nouvelle comédie du seul vrai disciple français de David Lynch sait par contre dans tous les cas être savoureuse ,et ses situations banales détournées avec un sens bluffant de la mise en scène et du montage déclencheront bien des sourires.
Celà dit, Incroyable mais vrai a un petit plus par rapport aux autres films du réalisateur – orientés vers le « no reason » et l’absurde – qui est sa dimension de fable. Ce film a un sens. Il utilise le fantastique et l’anticipation de la meilleure façon qu’on puisse le faire : pour révéler le pire de ses personnages et les mettre face aux conséquences de ce pire. Le conte moral est aussi acéré qu’il est indolore. Le réalisateur n’a pas à pousser beaucoup de boutons pour asseoir sa démonstration sur l’apparent (mais trompeur) bonheur que la technologie ou la « magie » (son pendant irrationnel) peuvent apporter. Le clou de son film est un montage elliptique qui déroule des années de la vie des protagonistes, dévoilant à quel point ce qui devait changer leur vie les a fit au final tourner en rond sur une poignée d’obsessions. La partie consacrée au résumé du personnage de Benoît Magimel sur la trilogie sexe / bagnole / femmes – avec une fin bien ironique – est aussi pathétique que pertinente. Avec ses 1h14, Incroyable mais Vrai se révèle sans surprise bien plus dense et plus riche en idées neuves que la quasi totalité de ce qu’on peut voir actuellement au cinéma. Un Dupieux par an, c’est une très belle fréquence pour garder notre cinéma national sur de très bons rails.