Wild Men – Vildmænd

Réalisation : Thomas Daneskov

Scénario : Thomas Daneskov, Morten Pape

Directeur de la Photographie : Jonatan Rolf Mose

Montage : Julius Krebs Damsbo

Musique : Ola Fløttum

Chef Décorateur : Rasmus Thjellesen

Assistant Réalisateur : Martin Kildegaard Hem

Production : Lotte Rørbye Aagaard, Marianne Christensen, Lina Flint, Mette Høst Hansen, Mathias Bruunshøj Jakobsen, Einar Loftesnes, Line Talbo, Nadia Højsgaard Wardi, Henrik Zein

Pays : Danemark, France

Durée : 1h44

Sortie en salles le 24 août 2022

Acteurs Principaux : Rasmus Bjerg, Zaki Youssef, Bjørn Sundquist, Sofie Gråbøl, Marco Ilsø, Håkon T. Nielsen, Tommy Karlsen, Rune Temte

Genre : Comédie, Thriller, Drame

Note : 7,5/10

C’est un drôle de retour aux sources pour Martin. D’un jour à l’autre, ce quadra père de famille a décidé de ne pas se rendre à son séminaire professionnel et de se reclure dans les montagnes de Norvège pour vivre seul dans la nature, comme ses ancêtres les vikings, recouvert d’une peau de bête, armé d’un arc et d’un hâche. Mais il est difficile de s’affranchir totalement de la vie moderne en 2022. Recherché par la police pour avoir attaqué le propriétaire d’un magasin, il croise la route de Musa, un homme blessé qu’il décide de soigner. Ce dernier passe de la drogue avec ses deux complices, qu’il a laissé derrière lui après leur accident. Il vend à Martin un village où les gens vivraient comme au temps des vikings. Martin accepte de le suivre. Pendant ce temps, le chef de la police local et ses deux lieutenants un peu perdus traquent les fugitifs, sans se douter qu’ils ont fait cause commune. L’équation se complique lorsque les complices de Muza reprennent connaissance et se mettent à la recherche de celui qui leur a pris leur magot, avec des idées de vengeance en tête.

Wild Men baigne dans une décalage un peu absurde, coincé entre la grande banalité de son cadre, son apparence de comédie de situation, la violence qu’il distille et son ton à contrepied de ce qu’on est en droit d’attendre d’un thriller. Les étendues neigeuses norvégiennes ne sont pas pour déplaire en cette période de grande chaleur, mais elles renforcent l’amalgame qu’on pourrait faire avec Fargo, le prodigieux film des frères Coen. Si l’on dépasse cette hybridation des genres, la mélancolie et l’importance donné au contexte local, Wild Men a plus de différence que de ressemblances avec ce lointain cousin. Son sujet n’est pas de faire du noir avec un faits divers sordide, ni de faire ressortir l’absurdité de l’appât du gain à travers une succession d’évènements incontrôlables. Le film de Thomas Daneskov se place aux côtés de ses personnages plus qu’il ne les surplombe. Un jeu d’équilibriste particulier lorsque son anti-héros porte à rire dès les premières minutes du film. Martin peut passer pour un homme au coeur de sa crise de la quarantaine en quête d’une virilité perdue, bref une cible facile pour les moqueries en 2022. Cet « idéal » masculin du retour à la nature est omniprésent dans les dialogues, mais c’est une fausse rationalisation et un vrai trompe l’oeil. En grattant sous la surface, Martin subit un burn-out social, un étouffement qu’il n’a pas réussi à exprimer suffisamment tôt pour pouvoir le dompter. Il n’arrive pas à résoudre une contradiction entre cet étouffement et une forme de liberté symbolisée par ces étendues sauvages si proche de lui. A l’extérieur, les somptueux paysages de Norvège que le réalisateur Thomas Daneskov filme avec l’ampleur qu’ils méritent donnent un sentiment de plénitude et d’humilité. A l’intérieur, une banalité quotidienne qui fait tourner à peu près tout autour du commerce, de la sécurité et des rôles sociaux, sans possibilité de s’en isoler.

Wild Men parvient à faire de ce personnage risible un être attachant, car il parvient à nous baigner dans ce sentiment de liberté retrouvée. Si le sentiment de Martin est reconnu, il n’est aucunement le soutien d’un film à thèse – pour preuve les deux personnages masculins qui servent de contrepied à notre fugitif, aux deux extrêmes de sa condition. D’un côté un chef de la police qui – à son contraire – regrette d’avoir pris comme un enfermement ce qui étaient en fait les meilleurs années de sa vie. De l’autre un malfrat qui a définitivement tiré un trait sur sa famille, et qui vit au jour le jour. Wild Men baigne dans une mélancolie très bien servie par une B.O à tendance folk et un rythme posé, contemplatif. Mais la violence de certaines scènes tranche avec ce calme des grands espaces – comme un retour au réel. La proximité progressive que nous aurons pris avec les personnages nous prend à revers lorsque le buddy-movie décalé entre Martin et Muza devient un néo-noir particulièrement tendu, à l’issue incertaine. Daneskov offre un affrontement final sec, dénué de fioritures et particulièrement bien monté. On n’a alors plus vraiment envie d’en rire, et encore moins de porter un jugement.

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