Réalisation : Mikko Myllylahti
Scénario : Mikko Myllylahti
Directeur de la Photographie : Arsen Sarkisiants
Montage : Jussi Rautaniemi
Musique : Jonas Struck
Chef Décorateur : Milja Aho
Assistante réalisatrice : Johanna Onnismaa
Production : Melanie Blocksdorf, Paria Eskandari, Emilia Haukka, Koji Nelissen, Jussi Rantamäki, Derk-Jan Warrink, Jamila Wenske
Pays : Norvège
Durée : 1h39
Sortie française indéterminée.

Genre : Drame, Chronique, Comédie, Fantastique
Note : 7/10
Cette étrange histoire du coupeur de bois est aussi singulière qu’universelle. Dans les terres de Finlande à quelques encablures de la Suède, le destin d’un petit village est scellé par la signature d’un contrat. Il en découle la fermeture de la scierie et la communauté si soudée se désagrège. Cela aurait pu être le sujet d’un film social à la Ken Loach – pendant nordique. Mais au centre de cette tragédie, il y’a Pepe, un homme paisible qui sera particulièrement impacté par les drames qui suivront. Le choix du point de vue de Pepe oriente déjà le film vers un ton décalé, mais Mikko Myllylahti y ajoute tous les éléments qui le font dériver vers la fable sur la condition humaine, une fable ontologique où chaque détail incongru, chaque bizarrerie, n’est pas placée là par hasard et contribue à un constat bien réel, celui de la désagrégation du sens, du lien, de la fraternité. Un constat qui sera énoncé de vive voix par un enfant lors des minutes du film, un peu comme une évidence. Seuls face à eux-mêmes, les membres de la communauté cherchent de façon anarchique à croire en quelque chose. Certains s’évadent dans des traités de philosophie, des livres sur la psychanalyse – en dépit de leur origine sociale, d’autres expérimentent l’adultère avec le coiffeur, d’autres plus malheureux se suicident, et lorsqu’un médium chanteur débarque en ville, il trouve une salle entière prête à le croire. Seul Pepe accepte le monde et espère encore, mais sa foi sera mise à rude épreuve.
Dans le sillage de Fargo, No Country for Old Men ou A serious Man des frères Coen, l’Etrange Histoire du Coupeur de Bois trace le chemin d’une tragédie sans grande ampleur, qui n’aura aucune valeur à grande échelle – mais qui en dit beaucoup sur la condition humaine. A la manière des frangins, la mélancolie, l’absurde et le chaos n’occupent pas tout le terrain. Ils laissent passer de temps à autre un peu de poésie, un plan d’une composition imparable, des éclats de rire et un fantastique magique plutôt incongru. Des présages, bons ou mauvais, peuplent la route de notre Job moderne, interprété de façon émouvante par Jarkko Lahti. Mikko Myllylahti nous rappelle qu’on a pas besoin de faire de grandes histoires pour questionner le monde dans lequel on vit. Parfois, de grands personnages suffisent.
Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes, l’Etrange histoire du coupeur de bois fait une escale par l’Etrange Festival, avant de rejoindre prochainement les salles de Strasbourg pour le FEFFS. Une belle carrière festivalière avant une sortie prévue en janvier prochain dans nos salles.